Israël en guerre - Jour 346

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Husam Zomlot : Joe Biden ne se prononce pas assez fermement contre l’annexion

L'ambassadeur de l'AP à Londres affirme que l'ex-vice-président avait dit à Netanyahu que l'annexion de la Cisjordanie n'aurait pas de conséquences

Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

Husam Zomlot, envoyé palestinien à Washington, parle durant un entretien avec l'Associated Press à Washington, le 16 février 2018 (Crédit : AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)
Husam Zomlot, envoyé palestinien à Washington, parle durant un entretien avec l'Associated Press à Washington, le 16 février 2018 (Crédit : AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)

WASHINGTON — Husam Zolot, responsable au sein de l’Autorité palestinienne, a fustigé le candidat démocrate à la présidentielle américaine Joe Biden, mardi, l’accusant de ne pas adopter un positionnement suffisamment fort contre le projet d’annexion israélienne de certains secteurs de la Cisjordanie.

L’ambassadeur de l’OLP au Royaume-Uni et ex-envoyé à Washington a ajouté que le manque de volonté de Joe Biden de menacer Israël de conséquences dures si le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie permettra à ce dernier de mettre en œuvre son projet.

« Nous ne constatons aucune sorte de levier politique actionné du côté de la campagne de Biden qui permettrait, dans les faits, de changer les choses », a déclaré Husam Zomlot lors d’une visioconférence organisée sur Zoom par le groupe américain Israel Policy Forum, une organisation à but non lucratif qui soutient une solution à deux États. « Jusqu’à présent, il n’y a rien qui pourrait dissuader Netanyahu de procéder à l’annexion ».

Le candidat démocrate a établi clairement qu’il s’opposait à l’annexion à de multiples reprises. « Elle anéantirait tout espoir de paix », avait-il affirmé lors de la conférence politique de l’AIPAC, au mois de mars. Mais il ne s’est pas prononcé depuis sur ce que pourrait être la réaction américaine à cette initiative.

L’ancien vice-président a déclaré qu’il n’envisagerait pas de réduire les aides versées à Israël s’il était élu.

« Je ne vais pas placer des conditions à l’aide sécuritaire au vu des graves menaces qui planent sur Israël », a ainsi souligné Joe Biden la semaine dernière. « Ce serait, je le pense, irresponsable ».

Lors de la visioconférence, Husam Zomlot a insisté sur le fait que ce positionnement transmettait le message que Netanyahu pouvait se permettre d’annexer unilatéralement des pans de la Cisjordanie sans aucune conséquence de la part des États-Unis et indépendamment de qui sera le vainqueur des élections présidentielles du mois de novembre.

L’ancien vice-président Joe Biden participe à un débat lors des primaires du parti démocrate pour la présidentielle aux studios de CNN à Washington, le 15 mars 2020. (AP/Evan Vucci)

« Si personne ne réclame maintenant l’application de sanctions, si l’annexion ne mérite pas l’imposition de sanctions de la part des États-Unis, je ne sais pas ce qui pourra en entraîner », a-t-il dit. « Si Netanyahu n’entend pas le mot sanction, s’il ne comprend pas ce que cela signifie… alors il continuera dans la voie qu’il a empruntée et procédera à l’annexion ».

Au cours de la primaire du Parti démocrate, plusieurs adversaires de Joe Biden avaient évoqué l’idée de conditionner les aides accordées à Israël pour décourager le gouvernement de mener à bien des politiques susceptibles de nuire à la solution à deux États.

Au cours des dernières semaines, des démocrates et des militants progressistes pro-israéliens ont débattu de la réaction américaine en cas d’arrivée d’une nouvelle administration, l’initiative d’annexion – qui est soutenue en principe par l’administration Trump – étant considérée comme une ligne rouge qui mettrait gravement en péril la possibilité d’une solution à deux États.

Deux anciens responsables de l’administration Obama ont ainsi proposé de réduire les aides accordées à Jérusalem, et d’autres ont estimé que les États-Unis devraient refuser de protéger Israël des réprimandes internationales. Plus de 30 anciens officiels sécuritaires issus de l’ère Obama ont vivement recommandé, par ailleurs, au Comité national démocrate de prendre une position fort contre l’annexion dans le programme 2020 du parti.

Répondant au mécontentement audible chez les démocrates, l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) a diffusé un communiqué, il y a deux semaines, qui tentait de convaincre les députés de ne pas adopter de changements à la politique israélo-américaine en réaction à l’annexion.

Husam Zomlot, qui était l’ambassadeur de l’Autorité palestinienne à Washington avant la fermeture par Donald Trump des bureaux de l’OLP, en septembre 2018, a indiqué que l’initiative changerait fondamentalement la dynamique du conflit israélo-palestinien.

« Nous considérons l’annexion comme en étant la preuve irréfutable », a-t-il commenté. « Cela ne représente pas seulement un changement… c’est une transformation, un communiqué, non seulement au sens politique mais aussi légal de la fin de l’idée même de partition, du principe même de solution à deux États. C’est un seuil psychologique qui, s’il devait être franchi, marquerait le point de non-retour ».

Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu arrivent pour la cérémonie de présentation de sa proposition de paix israélo-palestinienne, le 28 janvier 2020, à Washington, dans la salle Est de la Maison Blanche. (AP Photo/Alex Brandon)

Le département d’État s’est dit prêt à reconnaître l’annexion par Israël de certains pans de la Cisjordanie, même si un responsable a confié au Times of Israel que cette initiative devrait être prise « dans un cadre de négociations avec les Palestiniens acceptées par le gouvernement israélien, et sur les bases avancées dans le plan du président Trump ».

Donald Trump a dévoilé sa proposition de paix pour le Moyen-Orient au mois de janvier.

« L’administration Trump est davantage dans l’annexion que le gouvernement israélien lui-même », a dénoncé Husam Zomlot. « Nous pensons que Netanyahu est sérieux et qu’il a toutes les raisons de l’être parce que les inconvénients sont bien moins importants que ce qu’il perçoit comme étant des bénéfices pour lui-même ».

Le diplomate a ajouté que c’était donc au candidat démocrate de convaincre le Premier ministre israélien que l’annexion pourrait avoir de graves répercussions sous une future administration démocrate. Le cas échéant, a-t-il averti, la voie menant à une solution à deux États disparaîtra définitivement.

« Si nous n’empêchons pas cela maintenant, alors une aube nouvelle et totalement différente se lèvera », a-t-il mis en garde. « Si l’équipe de Biden n’envoie pas de message maintenant et qu’elle ne contribue pas à changer les choses – ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent – je pense que la migraine dont M. Biden héritera une fois qu’il aura pris le pouvoir, s’il est élu, sera terrible ».

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