Inquiètes pour l’avenir, les Savtot de Tel Aviv manifestent contre la refonte
Unique en son genre sur la scène des manifestations, des personnes âgées ont envahi la place HaBima avec leurs chaises portables pour protester elles-aussi
Une dizaine de grands-mères sont montées dans un bus jeudi pour se rendre de leur résidence pour personnes âgées du centre d’Israël à la place HaBima de Tel-Aviv. En temps normal, leur chauffeur les dépose là pour assister à un spectacle ou à un concert du philharmonique. Mais cette fois-ci, elles se sont venues pour se joindre à des centaines d’autres personnes âgées, appartenant au mouvement des grands-mères contre la réforme, venus manifester contre le projet du gouvernement de renforcer les pouvoirs politiques tout en limitant le pouvoir judiciaire.
« Nous avons fait notre affiche, avec nos petits-enfants et nous avons écrit combien nous en avons [92 au total] », a confié Rossie Gelb, qui a 81 ans, et fait partie de la dizaine de résidentes venues manifester.
La manifestation de jeudi était la deuxième organisée par « Savtot for Democracy » [grands-mères pour la démocracie], qui utilise le terme hébreu pour grand-mère.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Fondé il y a seulement six semaines par Anne Berkeley, 70 ans, une Glaswégienne qui a élu domicile en Israël en 1978, le mouvement espère ajouter ce que Berkeley appelle des voix négligées parmi la panoplie d’organisations de protestation qui ont vu le jour en réponse aux projets du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Beaucoup de gens ne voient pas ou n’entendent pas les femmes plus âgées… Nous arrivons à un certain âge, nos cheveux deviennent plus gris, et nous devenons invisibles d’une certaine manière », a déclaré Mme Berkeley.
Mme Gelb, qui a elle-même immigré de Montréal en Israël en 1961 où elle a élevé ses quatre enfants, s’est fait l’écho de ce sentiment en déclarant que ce nouvel arrivant sur la scène de la protestation lui donnait un sentiment de « soutien ».
Rassemblées sur la place HaBima, les femmes ont été rejointes par des centaines d’autres grands-parents, accompagnés de leurs enfants et petits-enfants, venus pour les soutenir. Nombre d’entre eux avaient apporté leurs propres chaises de jardin pour faciliter l’accès à la place, et ont formé un cercle serré autour duquel la manifestation s’est élargie.
« Un participant a demandé à une femme âgée : « Où sont vos petits-enfants ? »
« À l’armée ! », a-t-elle répondu en souriant.
Marguerite Director, 65 ans, est venue accompagnée de trois de ses cinq petits-enfants, et de sa fille. En présentant ses enfants, elle a expliqué qu’il était important pour elle de se joindre au mouvement jeudi « parce qu’il s’agit de leur avenir, je m’inquiète pour eux ».
Ronit et Miki, de amies de longue date, septuagénaires, qui n’ont pas souhaité donner leur nom de famille, étaient assises à proximité.
Assise dans sa chaise, Ronit a émis des critiques acerbes. « S’ils réussissent à faire cela, c’est la destruction complète d’un rêve vieux de 2 000 ans », a-t-elle déclaré, insinuant que la réforme judiciaire du gouvernement marquerait la fin du rêve sioniste. « La nuit, nous ne dormons pas tellement nous sommes inquiètes « .
Miki partage ce point de vue et ajoute qu’elle se participent aux manifestations contre la refonte « tous les samedis soir”, et qu’elles en sont actuellement à leur 15e semaine de manifestation.
La députée d’Avoda Efrat Rayten, que l’on aperçoit souvent aux manifestations, s’est adressée à la foule en déclarant qu’il y a quatre mois, des manifestants comme ceux qui rassemblés là « se sont réveillés parce que [le gouvernement] parlait de nous priver de nos droits les plus élémentaires, ceux pour lesquels nous nous sommes battus ».
La journaliste Peerli Shahar a ciblé son message sur les partisans du Likud, le parti de Netanyahu, qui a porté sa coalition au pouvoir après les dernières élections.
« Nous tenons à préciser à nos amis électeurs du Likud que nous sommes là pour vous aussi. Ce coup d’État judiciaire affectera les droits de tout un chacun », a affirmé Mme Shahar, avant de détailler une multitude de droits des femmes et de libertés religieuses qui seraient menacés, dès lors qu’un appareil judiciaire indépendant et doté de pouvoirs ne pourrait plus faire rempart aux politiques avancées par les partenaires d’extrême-droite et religieux de la coalition du Likud.
L’un des manifestants a crié « Honte ! », incitant la foule à entonner des chants. Le slogan « Démocratie ou rébellion », couramment utilisé dans les manifestations antigouvernementales, a également traversé l’assemblée, accompagné par un orchestre qui a par ailleurs dirigé la manifestation en reprenant des classiques du canon sioniste.
Malgré un message cohérent soulignant leur inquiétude quant à l’impact du projet de réforme du gouvernement sur leurs enfants et petits-enfants, plusieurs des participants – dont la plupart ont connu les premières années d’Israël et les principales guerres – ont affirmé avec force qu’Israël restait crucial pour l’avenir de leur famille.
Plusieurs manifestants d’autres secteurs, notamment ceux de la haute technologie, ont évoqué la possibilité de délocaliser ou de transférer leurs capitaux à l’étranger en réponse à la tentative du gouvernement de s’emparer du pouvoir judiciaire.
« Il est hors de question que nous abandonnions ce pays », a déclaré Gelb, qui s’est engagé à poursuivre la « lutte » pour l’indépendance de la justice. « Nous ne pouvons absolument pas abandonner ce pays. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel