Iran : le chef de la diplomatie accuse la France « d’alimenter l’extrémisme »
"Insulter 1,9 milliard de musulmans - et leurs éléments sacrés - à cause des crimes horribles de tels extrémistes est un abus opportuniste de la liberté d'expression", selon Zarif

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a accusé lundi la France « d’alimenter l’extrémisme », après les récents propos du président Emmanuel Macron sur le « séparatisme islamiste » et sur la liberté d’expression permettant de caricaturer le prophète Mahomet.
« Insulter 1,9 milliard de musulmans – et leurs éléments sacrés – à cause des crimes horribles de tels extrémistes est un abus opportuniste de la liberté d’expression », a tweeté lundi le chef de la diplomatie iranienne. « Cela ne fait qu’alimenter l’extrémisme. »
Selon lui, « les musulmans sont les premières victimes du ‘culte de la haine’ – cautionné par les régimes colonialistes et diffusé par leurs affiliés ».
M. Macron s’est exprimé mercredi lors de la cérémonie d’hommage à Samuel Paty, professeur décapité dans un attentat islamiste pour avoir montré ces dessins en classe. Il a promis alors que la France continuerait de défendre la publication de ces caricatures, et l’a répété.

« Nous continuerons. Nous respectons toutes les différences dans un esprit de paix. Nous n’acceptons jamais les discours de haine et défendons le débat raisonnable », a tweeté dimanche soir le chef de l’Etat français, y compris en arabe et en anglais.
Ses déclarations ont entraîné ce week-end dans de nombreux pays à majorité musulmane des critiques de dirigeants et des manifestations, mais aussi des appels à boycotter des produits français.
En Iran, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Ali Shamkhani a considéré sur Twitter que les déclarations d’Emmanuel Macron montraient « son manque d’expérience en politique, autrement il n’aurait pas osé insulter l’islam dans le cadre de sa quête d’une position de leader en Europe ».
Il a conseillé au président français de « s’intéresser davantage à l’histoire » et de ne pas compter sur le « soutien d’une Amérique en déclin ou (d’un Israël) en décrépitude ».
Le président du Parlement Mohammad-Bagher Ghalibaf a déploré « l’animosité insensée » de la France envers le prophète, estimant que ses paroles et sa « lumière ne peuvent pas être effacés par des actes aussi aveugles, futiles et inhumains ».

Conseiller du guide suprême iranien pour les affaires de politique extérieure, Ali Akbar Vélayati a indiqué dans un communiqué que les caricatures n’auraient pas dû pouvoir être republiées après « la condamnation mondiale » du magazine satyrique français Charlie Hebdo.
« Appliquer un double standard a aussi entraîné la manifestation dans le système éducatif (français) de cette pensée hérétique et anti-religieuse », a-t-il poursuivi.