Israël autorise la venue de milliers d’Éthiopiens d’origine juive
La communauté juive éthiopienne d'Israël regroupe 135 500 personnes, dont plus de 50 000 sont nées dans le pays
Le gouvernement israélien a décidé dimanche d’autoriser des milliers d’Éthiopiens affirmant avoir des origines juives, les « Falashmoras », à immigrer en Israël au cours des cinq prochaines années.
« Aujourd’hui, nous avons pris la décision importante de faire venir ici les derniers descendants des communautés ayant des affinités avec Israël », a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
Les Falashmoras sont des juifs éthiopiens convertis de force au christianisme au XIXe siècle. Leurs derniers descendants ayant droit à l’immigration vers Israël sont à peu près 9.100 et vivent pour la plupart dans des camps dans les villes éthiopiennes d’Addis Abeba et de Gondar, a indiqué à l’AFP une porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Ils seront amenés en Israël et convertis au judaïsme sous les auspices du rabbinat ultra-orthodoxe, a précisé le ministère.
Les Falashmoras ne bénéficient pas de la Loi du retour qui permet à tout juif de la diaspora d’immigrer en Israël et d’en devenir ipso facto citoyen; ils doivent se convertir au judaïsme pour être considérés comme naturalisés.
La communauté juive éthiopienne d’Israël regroupe 135.500 personnes, dont plus de 50.000 sont nées dans le pays.
La plupart des juifs éthiopiens sont arrivés en Israël à la faveur de deux ponts aériens organisés en secret en 1984 et 1991.
« Nos spécialistes ont mis au point un plan pour ramener les familles attendant d’immigrer; ce plan (…) devrait débuter dès que possible », a indiqué le porte-parole de l’Agence juive Avi Mayer.
Cette décision devrait permettre à Kase Tesfa, une Ethiopienne falashmora, de 30 ans, qui vit près de Gondar de finalement rejoindre le reste de sa famille en Israël.
En 2004, sa mère et ses sept frères et soeurs avaient pu s’installer en Israël, des responsables israéliens assurant qu’elle pourrait les rejoindre « quelques semaines plus tard ». Comme elle avait 18 ans, l’âge adulte, son statut était différent, a raconté à l’AFP son frère Argawi Tesfa.
Il s’est battu pendant des années pour pousser le gouvernement israélien à autoriser l’immigration des membres de la famille des Falashmoras, notamment après qu’Israël eut indiqué en 2013 avoir terminé le transfert des Ethiopiens d’origine juive.
Son combat, appuyé par un député d’origine éthiopienne du Likoud, le parti de M. Netanyahu, a finalement convaincu le ministère de l’Intérieur.
Les juifs éthiopiens ont dû franchir un énorme fossé culturel pour s’intégrer, difficilement, dans la société israélienne. Mais des discriminations flagrantes subsistent, malgré des aides publiques. Selon l’Association israélienne pour les juifs éthiopiens, leur revenu moyen par personne est inférieur de 40 % à la moyenne.