Israël détient les corps de 5 membres de groupes terroristes tués dans la destruction d’un tunnel
L'armée cherche en échange à obtenir des informations sur des Israéliens portés disparus à Gaza
L’armée israélienne a annoncé dimanche détenir les corps de cinq des douze membres des groupes terroristes palestiniens tués lors de la destruction à l’explosif en territoire israélien d’un tunnel provenant de la bande de Gaza.
L’armée n’a pas précisé sous quelles conditions elle rendrait ces cinq corps à leur famille dans l’enclave palestinienne mais la radio publique israélienne a indiqué qu’elle chercherait en échange à obtenir des informations sur des Israéliens portés disparus à Gaza.
« Tous ont été tués ou sont morts en territoire israélien et non dans la bande de Gaza », a indiqué à l’AFP le porte-parole militaire Jonathan Conricus.
Le Jihad islamique avait indiqué vendredi qu’il pensait que cinq corps se trouvent encore à l’intérieur du tunnel, construit par le groupe terroriste, à proximité de la frontière israélienne.
Dimanche, le groupe terroriste palestinien a exclu toute participation à un accord d’échange avec Israël: « Nous n’accepterons pas le chantage de l’occupation ».
Un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a de son côté indiqué dans un communiqué qu’en détenant les corps, « Israël ne faisait que renforcer notre détermination à la résistance ».
Le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman a indiqué que la décision sur le sort de ces corps serait prise par le cabinet de sécurité, dont il fait partie. « Il ne s’agit pas d’une question juridique mais d’une question politique et sécuritaire », a-t-il dit.
« Notre position est qu’il s’agit d’un groupe de terroristes venus pour tuer des Juifs et nous ne leur devons rien, surtout quand ils détiennent les corps de nos citoyens », a-t-il ajouté à la télévision israélienne.
Israël a détruit le tunnel le 30 octobre après l’avoir eu sous surveillance durant une période non précisée.
Ce tunnel partait de la ville de Khan Younis, à Gaza, et s’étendait jusque dans le territoire israélien, à proximité du Kibbutz Kissufim. L’armée israélienne a fait exploser le tunnel du côté israélien.
Le Hamas aurait demandé au comité international de la Croix Rouge de se coordonner avec Israël pour permettre à ses agents d’entrer dans la zone de sécurité tampon de la barrière de sécurité qui sépare Gaza et Israël pour rechercher les corps portés-disparus dans le tunnel.
Le général de division Yoav Mordechai, chef de la division du Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), la branche du ministère israélien de la Défense qui assure la liaison avec les Palestiniens en termes d’affaires civiles et sécuritaires, avait indiqué qu’il avait refusé une requête déposée par le Comité de la croix rouge (CICR) dans ce sens.
Selon un communiqué, Mordechai a indiqué au chef de la délégation du CICR à Gaza, Jacques de Maio, que Israël « n’autorisera pas d’opérations de recherche dans la zone de la barrière de sécurité dans la bande de Gaza sans progrès préalables sur la question des Israéliens kidnappés et des soldats morts au combat ».
Le Hamas détient toujours les dépouilles des deux soldats israéliens tués durant la guerre de 2014 dans la bande, et a refusé les demandes émanant de l’Etat juif et du CICR de les rendre à leurs familles. Il aurait également placé en captivité trois ressortissants israéliens atteints de troubles psychiatriques — Avraham Mengistu, Hisham al-Sayed et Juma Ibrahim Abu Anima — qui, tous, seraient entrés dans la bande de leur propre gré.
Les familles des soldats, ainsi que plusieurs politiciens israéliens, ont indiqué qu’Israël n’accéderait pas aux réclamations du Hamas sans un accord réciproque portant sur le rapatriement des corps des deux militaires.
« Nous espérons que le gouvernement israélien n’osera pas se conformer à la requête du Hamas tant que ce dernier ne permettra pas le rapatriement d’Oron », a indiqué la famille du militaire Shaul Oron. « Oron a été kidnappé grâce à un tunnel que le Hamas avait creusé et, pendant plus de trois ans, le groupe terroriste l’a conservé à Gaza, sans même autoriser la Croix rouge à évaluer son état ».
La famille du soldat Hadar Goldin a estimé qu’il serait immoral de la part du gouvernement de permettre au groupe terroriste de retrouver les dépouilles de ses morts alors qu’il a conservé celles des soldats israéliens.
« Tout geste humanitaire de la part d’Israël doit être lié au rapatriement de nos garçons. Si Israël répond [positivement] au Hamas, ce serait une injustice morale doublée d’un signal de faiblesse politique », a fait savoir la famille.
Les législateurs Amir Peretz (Union sioniste) et Shuli Muallem-Refaeli (HaBayit HaYehudi), qui dirigent un groupe parlementaire à la Knesset oeuvrant sur le rapatriement des corps des deux soldats, ont fait savoir dans un communiqué qu’un geste humanitaire devait être équilibré du côté israélien et du côté palestinien.
« L’équilibre en termes humanitaire doit être clairement établi pour le Hamas », ont-ils déclaré. « Cela fait plus de trois ans que nous attendons qu’il autorise le rapatriement de nos ressortissants portés disparus ».
« Si le Hamas veut que les corps des terroristes enfouis sous les décombres du tunnel lui soient rendus, il doit également rendre nos soldats portés-disparus. L’équilibre humanitaire s’applique des deux côtés. Nous appelons le Premier ministre à se saisir de toute opportunité de rendre les citoyens israéliens détenus par le Hamas ainsi que les corps d’Oron Shaul et de Hadar Goldin. C’est un moment opportun et que nous ne devons pas le laisser passer ».
Sept terroristes palestiniens – dont deux commandants du Jihad islamique et deux membres de l’unité navale du Hamas – ont été tués en résultat de l’explosion du tunnel lundi. Douze autres personnes ont été blessées, a fait savoir le ministère de la Santé de Gaza.
L’armée israélienne soupçonne que les hommes travaillaient dans la partie du tunnel qui se trouve à l’intérieur du territoire israélien.
Selon des évaluations israélienne et palestinienne, la majorité des Palestiniens morts dans le tunnel d’attaque n’ont pas été tués lors de l’explosion initiale mais à sa suite, en raison de l’inhalation des fumées, d’explosions secondaires et d’effondrements.