Israël enregistre un déficit budgétaire en mars – une première en 9 mois
Le déficit budgétaire est dû, en partie, à une baisse de 43 % des revenus provenant des impôts immobiliers, selon le Trésor
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Pour la toute première fois en neuf mois, Israël a enregistré un déficit budgétaire de 300 millions de shekels – ou 0,01 % du PIB – sur les douze derniers mois avec une baisse des revenus des impôts touchés par l’État, selon des chiffres préliminaires qui ont été rendus publics par le ministère des Finances du pays, dimanche.
Le Trésor a annoncé que le déficit était attisé par une tendance à la baisse dans ses revenus, suite « à leur augmentation exceptionnellement forte » en 2022. Au mois de mars, les revenus de l’État ont décliné de 4,7 % à 40,8 milliards de shekels, contre 42,8 milliards de shekels à la même période, l’année dernière. Les dépenses gouvernementales ont été de 43,5 milliards de shekels au mois de mars 2023, contre 41,9 milliards de shekels au mois de mars 2022.
Même si le déficit, au mois de mars, a été minimal en termes de pourcentage de PIB, il survient à une période où la croissance économique robuste de plus de 6 % en 2022 devrait déjà être plus modérée et ralentir, passant à environ 2,5 %, cette année. De hauts-responsables du Trésor ont averti que le plan de réforme du système judiciaire israélien promu par le gouvernement était susceptible d’entraîner une baisse importante des revenus fiscaux, entraînant des « dommages très significatifs » à l’économie.
Au mois de mars, les revenus générés par les impôts ont été de 34,3 milliards de shekels contre 36,4 milliards de shekels l’année dernière à la même période. Les revenus des impôts directs ont chuté de 8 %, à environ 20 milliards de shekels. La baisse la plus significative a eu lieu dans la collecte des taxes immobilières, qui a chuté de 43 % à 1,5 milliard de shekels – alors que le marché du logement israélien en plein essor montre actuellement des signes de ralentissement avec des taux d’intérêt qui ont augmenté.
Les chiffres rendus publics par le Bureau central des statistiques (CBS), le 14 avril, ont révélé que les prix du marché du logement israélien sont retombés pour la toute première fois depuis 2020. Les prix des logements ont baissé de 0,2 % en janvier-février 2023 en comparaison avec ceux du mois de décembre 2022, selon les données récoltées par CBS.
Les prix du logement ont grimpé en flèche depuis deux ans, avec la disparition de la pandémie de coronavirus et une inflation endémique en Israël et à l’étranger. En décembre, le bureau des statistiques avait indiqué que les prix du logement avaient été 20 % plus élevés aux mois de septembre-octobre 2022 que l’année précédente. Ce chiffre est tombé à 12,7 % en comparant les mois de janvier et février 2023 à la même période, en 2022.

Les revenus fiscaux issus des entreprises ont baissé de 6 % au mois de mars d’une année sur l’autre, et la collecte de la TVA a baissé de 20 %, à 9,7 milliards de shekels, en partie en raison d’un ralentissement de la consommation, selon des données transmises par l’Autorité fiscale israélienne.
Dans les trois premiers mois de l’année, les revenus de l’État ont baissé de 4,4 % – à 120,7 milliards de shekels – en comparaison avec la même période en 2022 tandis que les dépenses gouvernementales ont augmenté en passant à 106,6 milliards de shekels contre 102,1 milliards de shekels. Dans la mesure où les revenus de l’État ont dépassé les dépenses, il y a eu un excédent cumulatif de 14,1 milliards de shekels depuis le début de l’année – il avait été de 24,1 milliards pendant la même période en 2022.
Ceci après que le gouvernement, en 2022, parvienne à enregistrer le tout premier excédent budgétaire en 35 ans à 0,6 % du PIB alors que les revenus de l’État avaient augmenté de 4,8 % à 468,5 milliards de shekels, dépassant les dépenses totales à hauteur de 458,8 milliards de shekels.
Pour cette année, le ministère des Finances cible un déficit budgétaire de 0,9 % en 2023 et de 0,8 % du PIB en 2024. Israël avait enregistré des déficits de 4,4 % du PIB en 2021 et de 11,3 % en 2020, alors que le gouvernement introduisait un plan de dépense d’aide économique programmé sur plusieurs années pour venir soutenir à une économie mise à mal par la pandémie de coronavirus.
Fin mars, la Knesset avait approuvé en première lecture le budget 2023-2024. Il fait actuellement l’objet de discussions au sein de la Commission des Finances de la Knesset. Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a jusqu’au 29 mai pour procéder aux deux votes – et y remporter la majorité – sur les budgets, au sein du parlement, risquant le cas échéant l’effondrement de son gouvernement. Le budget présenté par le gouvernement a alloué la somme de 484,8 milliards de shekels pour les dépenses en 2023 et de 513,7 milliards de shekels pour 2024, contre 452,5 milliards de shekels en 2022.