Israël-Palestine : mini-dialogue en BD entre Art Spiegelman et Joe Sacco
"Tu imagines un monde où Israël n'existerait pas ?", interroge Joe Sacco. "Trop tard ! Il existe...", répond son co-auteur

Deux légendes de la BD, Art Spiegelman et Joe Sacco, unissent leurs crayons et leurs pensées dans un mini-récit graphique pétri d’inquiétudes sur l’avenir des Palestiniens et des Israéliens après le cessez-le-feu à Gaza.
Ces trois planches, publiées récemment aux Etats-Unis et reprises dans la presse internationale (The Guardian, El Pais, l’hebdomadaire français Le 1…), prennent la forme d’un dialogue, dans les ruines de Gaza, entre l’auteur américain de « Maus », monument graphique sur la Shoah qui a été banni de certaines bibliothèques scolaires aux États-Unis, et son compatriote dessinateur-journaliste qui a consacré plusieurs ouvrages à Gaza et aux Palestiniens.
« Ce qui s’est passé le 7 octobre m’a paralysé. Quelle a été ta réaction, Art ? », demande Joe Sacco, 64 ans, dans la première case de ce récit intitulé « Never Again! And Again… and Again… and Again… ». « L’horreur face à l’ampleur des atrocités. Puis l’horreur face à l’ampleur de la riposte d’Israël ! Mauvais pour les Juifs », lui répond Art Spiegelman, 77 ans, qui apparaît sous les traits d’une souris comme dans « Maus ».
S’ensuit un dialogue qui brasse, en quelques cases, les sujets brûlants qui ont surgi après l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre 2023 et la riposte de l’armée israélienne : les accusations de « génocide », fermement rejetées par Israël et ses alliés ; la flambée de l’antisémitisme ou les origines de l’Etat israélien. Le tout en tentant de garder une forme d’équilibre.
« Tu imagines un monde où Israël n’existerait pas ? », interroge Joe Sacco. « Trop tard ! Il existe… », répond son co-auteur. « Et aucune des deux parties n’a d’autre endroit où aller », reprend Sacco. « Ouaip, on ne peut pas remettre le dentifrice dans le tube », résume Spiegelman, accoudé à un « dentifrice Terre Sainte » dont s’échappe une pâte qui prend la forme d’Israël et des Territoires palestiniens.
Leur brève conversation, au milieu des ruines, s’achève sur un sombre constat et sur le dessin des deux auteurs portant des drapeaux « plus jamais ça… pour personne ! ». « Tu sais, Art, il faudra peut-être des esprits plus brillants que les nôtres pour trouver une solution juste », lance Sacco. « Ouais, une solution juste serait bien meilleure qu’une solution finale », lui répond Spiegelman.
L’attaque du 7 octobre menée par le Hamas a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.