Israël en guerre - Jour 400

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"L'ACCORD ÉVITERAIT UNE GUERRE DÉFINITIVE DANS LA RÉGION"

Israël rejette les modifications apportées par le Liban au projet d’accord maritime

Lapid a demandé aux négociateurs de rejeter les nouvelles demandes "conséquentes" et a averti le Hezbollah que toute attaque mettrait un terme définitif aux négociations

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Yair Lapid, portant un ruban rose pour la sensibilisation au cancer du sein, dirigeant la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 2 octobre 2022. (Crédit : Amos Ben Gershon/GPO)
Le Premier ministre Yair Lapid, portant un ruban rose pour la sensibilisation au cancer du sein, dirigeant la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 2 octobre 2022. (Crédit : Amos Ben Gershon/GPO)

Le Premier ministre Yair Lapid a rejeté jeudi les modifications demandées par le Liban au projet d’accord sur la frontière maritime, a rapporté un haut responsable israélien. Contredisant les affirmations précédentes des responsables occidentaux selon lesquelles les objections du Liban étaient mineures, le responsable a qualifié les demandes de Beyrouth de « conséquentes ».

« Le Premier ministre Yaïr Lapid a été informé des changements significatifs que le Liban cherche à apporter à l’accord et a demandé à son équipe de négociateurs de les rejeter », a déclaré à l’AFP un haut responsable israélien requérant l’anonymat.

Le Liban a remis mardi sa réponse à une proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël, qui devrait permettre aux deux pays d’aller de l’avant dans l’exploitation d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale.

Les dirigeants libanais s’étaient réunis la veille pour élaborer une réponse unifiée à la proposition des Etats-Unis, dont le contenu n’a pas été rendu public, et se sont dits confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire ces derniers jours de la part de l’Etat hébreu.

Cette déclaration a jeté le doute sur la viabilité d’un accord que les responsables israéliens considéraient, il y a quelques jours seulement, comme acquis.

Selon des responsables israéliens, l’accord prévoit que le gisement offshore de Karish demeure en Israël et que les réserves de Cana soient octroyées au Liban mais que l’Etat hébreu touche une partie des revenus d’exploitation gazière.

Israël, qui n’a pas détaillé jeudi les amendements libanais lui posant problème, maintient qu’il exploitera le gisement de Karish, et ce même en l’absence d’accord sur sa frontière maritime avec le Liban et en dépit de menaces en ce sens du Hezbollah.

« Israël va produire du gaz du gisement de Karish dès qu’il est possible de le faire. Si le Hezbollah ou quiconque tente d’endommager Karish ou nous menace, les négociations sur la frontière maritime vont cesser immédiatement », a déclaré ce haut responsable israélien, peu avant une rencontre du cabinet de sécurité de M. Lapid sur ce dossier épineux.

Lapid a également souligné qu’il ne ferait aucun compromis sur les intérêts économiques et sécuritaires d’Israël, même si cela signifiait qu’il n’y aurait pas d’accord à court terme, a rapporté le fonctionnaire.

Le responsable a également mis en garde le groupe terroriste du Hezbollah, basé au Liban, contre toute tentative de frapper le champ gazier offshore de Karish ou de menacer Israël, en déclarant que les pourparlers « prendraient fin définitivement, et que [le chef du groupe terroriste] Hassan Nasrallah devra expliquer aux civils libanais pourquoi ils n’ont pas de plateformes gazières ni d’avenir économique ».

Le chef du Likud, Benjamin Netanyahu, s’est attribué tout le mérite du refus opposé aux revendications du Liban, dans le cadre du projet d’accord sur la frontière maritime.

« Ce sont mes pressions et celles de mes amis qui l’ont amené à se retirer de cet accord inique, pour l’instant », a écrit Netanyahu sur Twitter.

Netanyahu est un virulent opposant à cet accord, négocié sous les auspices des États-Unis, qu’il qualifie de reddition au groupe terroriste du Hezbollah.

Cherchant à revenir à la tête du gouvernement israélien, Netanyahu avait accusé Lapid de « donner » un « territoire souverain d’Israël » au Hezbollah libanais, ennemi juré de l’Etat hébreu.

Un négociateur libanais de haut rang a déclaré jeudi à l’agence de presse Reuters que le projet d’accord sur la frontière maritime avec Israël est à un « stade décisif ».

Le négociateur libanais Elias Bou Saab a déclaré à Reuters qu’il ne répondrait qu’aux déclarations officielles et non aux différentes informations sur la position d’Israël.

Il a affirmé que l’accord « est conclu à 90 %, mais en fonction des 10 % restants, ça passera ou ça cassera », ajoutant qu’il est en contact permanent avec le médiateur américain, Amos Hochstein.

Au cours du week-end, le conseiller principal des États-Unis pour la sécurité énergétique, Amos Hochstein, a présenté ce qui était considéré comme la proposition finale visant à régler les différentes revendications sur les champs gaziers offshore en mer Méditerranée, qui semblait initialement avoir été favorablement accueillies par les deux parties.

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre intérimaire du Liban a déclaré que l’accord avec Israël permettrait d’éviter une guerre au Moyen-Orient.

Le Premier ministre libanais Najib Makiti pendant une session du parlement confirmant le nouveau gouvernement dans un théâtre de Beyrouth connu sous le nom de Palais de l’UNESCO, le 20 septembre 2021. (Crédit : AP/Bilal Hussein)

« Nous éviterions une guerre définitive dans la région », a déclaré Najib Mikati au patriarche maronite Bechara Boutros Al-Rahi lors d’une réunion à Bkerké. « Si nous nous unissons et que notre décision est unanime, nous pourrons atteindre ce que nous voulons tous. »

Le cabinet de sécurité d’Israël devrait se réunir durant la journée de jeudi pour discuter des termes de l’accord proposé par les États-Unis concernant la frontière maritime avec le Liban.

En début de semaine, Mikati a déclaré que la position des trois principaux dirigeants libanais – lui-même, le président Michel Aoun et le président du Parlement Nabih Berri – était « unifiée dans l’intérêt du Liban ».

Le Liban a renvoyé mardi à Washington ses remarques sur la proposition. Aucun détail officiel n’a été fourni sur le contenu de la position libanaise.

Le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, a déclaré que la question était « désormais entre les mains du médiateur américain », ajoutant que des « modifications » ont été apportées à la proposition américaine ».

« Nous sommes toujours prudemment optimistes », a déclaré un diplomate européen au Times of Israel avant que Lapid ne rejette les modifications libanaises.

Des militants libanais naviguant près d’un navire de la marine israélienne lors d’une manifestation réclamant le droit du Liban à des champs pétroliers et gaziers maritimes contestés, près de Naqoura, au Liban, le 4 septembre 2022. (Crédit : AP Photo/ Mohammed Zaatari)

Un diplomate occidental non identifié avait déclaré mercredi à Walla que « les commentaires du Liban sur le projet d’accord sont constructifs et ne comprennent pas de ‘pilules empoisonnées’ qui pourraient saborder l’accord ».

Citant des responsables gouvernementaux anonymes mardi, le quotidien pro-Hezbollah Al-Akhbar a rapporté que Beyrouth n’était pas d’accord pour reconnaître la frontière marquée par une ligne de bouées – que Jérusalem a placée unilatéralement à cinq kilomètres de la côte de la ville septentrionale de Rosh Hanikra en 2000 – en guise de frontière internationale.

Selon l’article, Beyrouth s’oppose également à l’idée de délimiter une frontière terrestre dans le cadre de l’accord et insiste pour que cette question soit réservée lors de discussions avec les Nations unies.

En outre, Beyrouth souhaite que la société française Total Energy travaille avec le Liban indépendamment de sa collaboration avec Israël, ce qui s’oppose probablement à la compensation qu’Israël recevrait des sociétés énergétiques en échange de l’abandon des droits sur le champ gazier offshore de Qana.

Enfin, le Liban se serait opposé à une proposition de cérémonie de signature aux côtés de responsables israéliens dans la ville libanaise de Naqoura. Au lieu de cela, les responsables ont rétorqué qu’un accord devrait être signé avec des fonctionnaires des deux parties dans des pièces séparées, étant donné qu’Israël et le Liban n’ont pas de relations diplomatiques et sont techniquement en guerre.

Le Premier ministre Yair Lapid survolant le champ gazier de Karish, le 19 juillet 2022. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Bien que tous les détails de l’accord n’aient pas été rendus publics dans leur intégralité, des diplomates connaissant bien le dossier affirment que la proposition reconnaît la frontière israélienne marquée par une ligne de bouées, et qu’ensuite, la frontière suivra le bord sud de la zone contestée connue sous le nom de ligne 23.

L’accord permettrait au Liban de bénéficier des avantages économiques de la zone située au nord de la ligne 23, y compris le champ gazier de Qana, tandis qu’Israël resterait maître du champ gazier de Karish.

L’accord a été critiqué par le chef de l’opposition Benjamin Netanyahu, qui l’a qualifié d' »illégal » et a accusé Lapid lundi de renoncer à un « territoire souverain d’Israël », promettant qu’une éventuelle future coalition – qu’il dirigerait – « ne sera pas liée par cet accord ».

Le mois dernier, le bureau de Lapid a déclaré qu’Israël irait de l’avant et extrairait le gaz de Karish, avec ou sans accord sur la frontière maritime avec le Liban.

Jacob Magid et l’AFP ont contribué à cet article.

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