Israël s’engage avec d’autres pays, dont l’Irak et le Liban, en faveur du climat
La réunion tenue par les présidents égyptien et chypriote est l'aboutissement d'un processus de 3 ans ; le Premier libanais minimise l'importance de sa présence aux côtés d'Israël

Charm el-Cheikh, Égypte – La ministre israélienne de l’Environnement a participé mardi à une réunion régionale aux côtés de dirigeants irakiens et libanais à la conférence mondiale sur le climat (COP27) qui se déroule en Égypte, indique le cabinet de la ministre. Les membres du groupe se sont engagés à travailler ensemble pour lutter contre le réchauffement climatique.
Israël est encore officiellement en guerre avec le Liban. Israël et l’Irak, n’ont pas de relations diplomatiques et un passé marqué par les hostilités.
Alors que le Liban et Israël ont récemment signé un accord maritime historique conclu sous l’égide des États-Unis, le moindre signe indiquant une possibilité de coopération entre les deux États, même dans un cadre régional, serait significatif. Le Liban interdit à sa population tout contact avec les Israéliens et l’accord maritime a été négocié par le biais de la diplomatie de la navette américaine, sans qu’aucun responsable israélien ou libanais ne se rencontre publiquement.
La réunion a rassemblé des chefs d’État et des hommes politiques de toute la région de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient (EMME).
La réunion, qui s’est tenue à l’occasion de la COP27 dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, a rassemblé des responsables politiques d’Israël, d’Égypte, du Liban, de Jordanie, de Chypre, d’Arabie saoudite, d’Oman, de Bahreïn, du Qatar, des Émirats, d’Irak, du Koweït et de l’Autorité palestinienne.
Elle a clôturé un processus régional de trois ans, initié par le gouvernement chypriote, au cours duquel des rencontres ont eu lieu au niveau des représentants officiels, puis des ministres et enfin des chefs d’État.
בדיון אזורי משותף למדינות המזה״ת על התמודדות עם משבר האקלים, בהובלת נשיאי מצרים וקפריסין ובהשתתפות יוון, ירדן, עירק, לבנון, הרשות הפלסטינית, בחריין ועומאן. אנו מדינות האזור חולקות את המדבר, הים, ההתחממות וההתייבשות. אם אנו חולקות את הבעיות, אנחנו יכולות וצריכות לחלוק את הפתרונות pic.twitter.com/pCv8GE7dZd
— תמר זנדברג ???? (@tamarzandberg) November 8, 2022
L’événement de mardi était présidé par le président égyptien, Abdel-Fattah el-Sissi, hôte de la COP27, et le président chypriote Nicos Anastasiades.
Israël était représenté par la ministre sortante de l’Environnement, Tamar Zandberg.
Sur les photos fournies par son bureau, on la voit assise derrière un petit drapeau israélien. À deux sièges d’elle se trouve le président irakien Abdul Latif Rashid et, de l’autre côté de la pièce, le Premier ministre libanais Najib Mikati, chacun derrière le drapeau de son pays.
Le bureau de Mikati a minimisé l’incident, affirmant qu’il avait été exagéré par la presse israélienne.

Il a précisé que la réunion avait été convoquée par les présidents égyptien et chypriote et qu’un grand nombre de responsables arabes et internationaux y ont participé, à l’instar d’autres réunions de la conférence sur le changement climatique. « Il n’y a eu aucun contact, quel qu’il soit, avec un responsable israélien », a-t-il ajouté.
L’initiative, coordonnée par le Cyprus Institute, un institut de recherche et d’éducation à but non lucratif, recueille des données climatiques scientifiques régionales qui serviront de base à la politique de cette région. Des groupes de travail multinationaux, comprenant environ 220 scientifiques, dont 12 venant d’Israël, ont cartographié les effets du changement climatique dans la région, identifié les domaines dans lesquels des mesures étaient nécessaires et rédigé un rapport scientifique complet. Celui-ci se concentre sur 13 sujets, qui vont de l’énergie, l’environnement urbain, l’agroforesterie et la chaîne alimentaire à l’environnement marin, l’éducation, la migration et le tourisme.
Les recommandations portent sur les mesures à prendre tant aux niveaux nationaux qu’au niveau régional.
Dans l’accord signé mardi, les participants se sont engagés à « agir de manière coordonnée dans le domaine de l’atténuation (réduction des émissions de carbone) et de l’adaptation ; à renforcer la coopération régionale par le biais de partenariats, de communications, de collaborations et d’échanges de bonnes pratiques ; et à intégrer (mettre à l’ordre du jour) les politiques et services environnementaux, d’atténuation du changement climatique et d’adaptation dans tous les secteurs ».
Les signataires se sont engagés à se réunir pour faire le point dans quatre ans.
Israël était représenté par la ministre sortante de l’Environnement, Tamar Zandberg, qui a déclaré : « Les pays de la région ont en commun le réchauffement et l’assèchement du climat, et tout comme ils partagent les mêmes problèmes, ils peuvent et doivent trouver des solutions communes. Aucun pays ne sera en mesure de résister seul à la crise climatique, et un effort conjoint des pays de la région pour échanger des solutions de préparation et d’adaptation est la chose la plus importante pour les années à venir. »

Lors d’une session de l’EMME à la COP27 de l’année dernière à Glasgow, en Écosse, Fatima Driouech, de l’organisation Mediterranean Experts on Climate and Environmental Change, a déclaré que la hausse de la température moyenne annuelle dans la région avait déjà atteint 1,5 °C par rapport à l’époque préindustrielle. Ce chiffre est le point de référence de la hausse inscrite dans les accords de Paris sur le climat de 2015. À l’échelle mondiale, les températures moyennes ont augmenté de 1,2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.
Driouech a aussi noté que le niveau régional des mers avait monté de 15 à 25 centimètres entre 1901 et 2018 et que la moitié des milieux humides de la région – d’importants absorbeurs de dioxyde de carbone – avaient disparu. Il y a deux ans, son organisation a publié les résultats de la toute première évaluation scientifique sur le réchauffement climatique et le bouleversement écologique dans le bassin méditerranéen.
Lors d’une autre réunion de la COP27, qui s’est tenue au pavillon israélien, des représentants d’Israël, du Bahreïn, du Maroc et de l’Institut Masdar des Émirats se sont rencontrés pour discuter de la coopération régionale.
Masdar, une société d’énergie renouvelable appartenant au gouvernement des Émirats, a été chargée de construire une ferme solaire en Jordanie pour fournir de l’énergie solaire à Israël, qui fournira en retour de l’eau dessalée au Royaume hachémite.
Un protocole d’accord sur ce projet a été signé par Israël, la Jordanie et les Émirats arabes unis en présence de l’envoyé américain pour le climat, John Kerry, plus tôt dans la journée de mardi.