Israël va fournir pour 5 millions de dollars de blé au Soudan – Netanyahu
"Nous élargissons le cercle de la paix, d'autres pays vont le rejoindre", a déclaré Netanyahu ; selon l'ONU, un quart de la population soudanaise a fait face à une "famine grave"
Israël va fournir du blé pour une valeur de cinq millions de dollars (environ 4,2 millions d’euros) au Soudan, a annoncé dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Deux jours après l’annonce par le président américain Donald Trump d’un accord de normalisation entre les deux pays après des semaines de tractations en coulisses, M. Netanyahu a affirmé dans un tweet en anglais que son pays allait « envoyer immédiatement pour une valeur de cinq millions de dollars de blé à nos nouveaux amis au Soudan ».
Le Soudan, qui compte plus de 40 millions d’habitants, dépend énormément de ses importations de blé avec une consommation de deux millions de tonnes par an, selon les chiffres officiels.
M. Netanyahu a également assuré qu’Israël allait « coopérer avec les Etats-Unis pour aider le Soudan dans sa transition ».
We are looking forward to a warm peace and are sending $5 million worth of wheat immediately to our new friends in Sudan.
Israel will be working closely with the USA to assist Sudan's transition.— Prime Minister of Israel (@IsraeliPM) October 25, 2020
Le Soudan, économiquement paralysé, aurait accepté la normalisation essentiellement pour pouvoir être retiré de la liste américaine des États qui soutiennent le terrorisme et recevoir une aide financière, et le bien-être économique du pays est considéré comme essentiel à la réussite de l’accord.
L’accord avec le Soudan comprendra également une aide et des investissements d’Israël, en particulier dans les domaines de la technologie et de l’agriculture, ainsi qu’un nouvel allégement de la dette. Cet accord intervient alors que le Soudan et son gouvernement de transition sont sur le fil du rasoir. Des milliers de personnes ont protesté ces derniers jours dans la capitale Khartoum et dans d’autres régions du pays, en raison de la situation économique difficile.
Le Soudan est dirigé par un gouvernement de transition formé après la chute en avril 2019 de l’autocrate Omar el-Béchir après trente ans au pouvoir, sous la pression d’un mouvement de contestation qui avait émergé après la décision des autorités de tripler le prix du pain.
Dirigé par Abdallah Hamdok, ce cabinet doit mener le pays vers un régime civil mais fait face à une crise économique aiguë. Selon l’ONU, un quart de la population faisait face cet été à une « famine grave ».
Dans un discours télévisé diffusé dimanche soir, Netanyahu a salué l’accord de normalisation, affirmant que cela contribuerait à « l’éveil » de la région.
« Nous avons fait trois accords de paix en six semaines. Ce n’est pas de la chance, ce n’est pas une coïncidence mais bien le résultat d’une politique claire et de nos efforts », a-t-il dit.
« Nous élargissons le cercle de la paix, d’autres pays vont le rejoindre », a déclaré Netanyahu dimanche à l’ouverture du conseil des ministres hebdomadaire.
Netanyahu s’est donné comme priorité de nouer des liens avec des pays d’Afrique et du monde arabe autrefois hostiles, malgré l’absence de tout progrès dans les négociations avec les Palestiniens pendant plus d’une décennie de son mandat. L’accord vise également à unifier les pays arabes contre leur adversaire commun, l’Iran.
« Une délégation israélienne va rencontrer au Soudan des représentants officiels pour discuter de la coopération dans de nombreux domaines, y compris l’immigration », a-t-il ajouté.
Plusieurs milliers de migrants soudanais demandeurs d’asile vivent en Israël.
Il a ajouté qu’Israël avait déjà convenu avec le Soudan que les vols israéliens survoleraient l’espace aérien de la nation africaine – un accord « conclu avant que nous annoncions la normalisation » – et a déclaré que les avions en provenance d’Israël pouvaient désormais se diriger vers l’ouest au-dessus de l’Afrique via le Soudan et le Tchad – « avec lesquels nous avons également établi des relations diplomatiques » – vers le Brésil et l’Amérique du Sud.
Notant l’importance historique de l’avancée de vendredi, Netanyahu a souligné que le Soudan était autrefois un État ennemi qui avait combattu Israël en 1948. En 1967, il a accueilli le sommet de la Ligue arabe au cours duquel les « 3 non » avaient été annoncés, a-t-il ajouté : pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d’Israël et pas de négociations avec Israël.
« Mais nos relations avec eux ont commencé à changer ces dernières années – secrètement, ouvertement, et maintenant avec l’accord de normalisation », a-t-il déclaré.
Les nouveaux accords ont été conclus « malgré tous les experts et les analystes qui ont dit que c’était impossible », a-t-il dit. « Israël était complètement isolé et ils nous ont dit que nous nous dirigions vers un tsunami politique. C’est précisément l’inverse qui se produit. Israël est maintenant connecté au monde entier. »
Les nouveaux accords, a-t-il dit, ont en outre apporté la paix « sans retrait » et « sans déracinement » – une référence à ce qu’il a vanté comme un changement de cap par rapport aux politiques précédentes de « terre contre paix » vers de nouveaux efforts de paix qui n’impliquent pas de concessions de terres de la part d’Israël pour des liens avec ses anciens ennemis.
Le Soudan est devenu le troisième pays arabe à annoncer depuis août la normalisation de ses relations avec Israël, après les Emirats arabes unis et Bahreïn.