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Jacques Chirac, Israël, le Moyen-Orient et les Juifs de France

L’ancien président français, ami d’Israël et des Juifs de France ? Ou pro-Palestinien, comme il est largement perçu en Israël ?

Journaliste

  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président Jacques Chirac, lors de sa visite en Israël, le 22 octobre 1996. (Crédit : AP Photo/Menachem Kahana)
    Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président Jacques Chirac, lors de sa visite en Israël, le 22 octobre 1996. (Crédit : AP Photo/Menachem Kahana)
  • Jacques Chirac et Ariel Sharon à l'Elysée, le 27 juillet 2005. (Crédit : AP Photo/Jacques Brinon)
    Jacques Chirac et Ariel Sharon à l'Elysée, le 27 juillet 2005. (Crédit : AP Photo/Jacques Brinon)
  • Shimon Peres et Jacques Chirac à l'Elysée, le 18 avril 2005. (Crédit : AP Photo/Patrick Kovarik/POOL)
    Shimon Peres et Jacques Chirac à l'Elysée, le 18 avril 2005. (Crédit : AP Photo/Patrick Kovarik/POOL)
  • Le président français Jacques Chirac et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, à l'Elysée, le 14 juin 2006. (Crédit : AP Photo/Remy de la Mauviniere)
    Le président français Jacques Chirac et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, à l'Elysée, le 14 juin 2006. (Crédit : AP Photo/Remy de la Mauviniere)
  • Le président français Jacques Chirac, entouré du grand rabbin de France Joseph Sitruk et du président israélien Moshe Katsav, à l'Elysée, à Paris, le 16 février 2004. (Crédit : AP Photo/Jack Guez/Pool)
    Le président français Jacques Chirac, entouré du grand rabbin de France Joseph Sitruk et du président israélien Moshe Katsav, à l'Elysée, à Paris, le 16 février 2004. (Crédit : AP Photo/Jack Guez/Pool)
  • Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas et le président français Jacques Chirac, à l'Elysée, le 28 avril 2006. (Crédit : AP Photo/Michel Euler)
    Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas et le président français Jacques Chirac, à l'Elysée, le 28 avril 2006. (Crédit : AP Photo/Michel Euler)
  • Le président français Jacques Chirac avec le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat à son arrivée à Ramallah. (Crédit : Gérard Fouet/AFP)
    Le président français Jacques Chirac avec le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat à son arrivée à Ramallah. (Crédit : Gérard Fouet/AFP)

Jacques Chirac, un contributeur « unique aux liens profonds entre nos pays » qui laissera particulièrement en souvenir « sa courageuse reconnaissance de la responsabilité de la France dans la destinée réservée aux Juifs de France pendant la Shoah », selon le président israélien Reuven Rivlin, qui le décrit également comme un « ami » d’Israël, et un « homme de paix », lui qui a rencontré tous les principaux leaders israéliens et palestiniens de son époque.

Un « dirigeant avec lequel j’ai eu beaucoup de controverses, mais que j’ai toujours respecté », selon l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak, qui a également repris les autres qualificatifs attribués par Rivlin.

Mahmoud Abbas, dirigeant de l’Autorité palestinienne, a lui salué le responsable pour sa « vie consacrée au service de son pays et son peuple et à la défense des questions du droit, de la justice et de la paix dans le monde, en particulier la cause palestinienne ». « Le peuple palestinien n’oublie pas les positions de Chirac soutenant les droits des Palestiniens et ses efforts en vue de mettre fin à leur souffrance et de restaurer la paix juste dans la région », a-t-il ajouté.

Le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestienne, Riyad al-Maliki, a évoqué « un ami du peuple palestinien ».

L’ancien président français, Premier ministre et maire de Paris, ami d’Israël et des Juifs de France ? Ou pro-Palestinien, comme il est largement perçu en Israël ?

Si ses adversaires l’ont toujours jugé « versatile », « inconstant » et le comparaient à « une girouette », le président s’est montré plutôt intransigeant au Moyen-Orient et dans ses rapports avec la communauté juive depuis son accession à la plus haute fonction de l’État.

Le président français Jacques Chirac accueille le dirigeant palestinien Yasser Arafat à l’Élysée, à Paris, le 23 mai 2001. (Crédit : MANOOCHER DEGHATI / AFP)

Dans un entretien daté de 2016 avec le site Akadem, Avi Pazner, ambassadeur d’Israël en France de 1995 à 1998, alors que Jacques Chirac entamait son premier mandat de président, le décrivait comme un homme « impressionnant », un « ami » personnel et un « grand ami de la communauté juive de France ».

Le diplomate, alors conseiller du Premier ministre israélien Yitzhak Shamir, a rencontré Chirac en 1987, alors qu’il était Premier ministre français, lors d’une visite officielle en Israël. Ils se sont revus en 1995, peu avant le départ de Pazner pour Paris, quand le président français s’était rendu à Jérusalem pour l’enterrement du Premier ministre Yitzhak Rabin – événement lors duquel il a pris la parole.

« Il a beaucoup aidé la communauté juive de France », explique Pazner. « Même lorsqu’il était maire de Paris et Premier ministre […], mais il a toujours fait la différence entre Israël et la communauté juive de France. Avec Israël, il avait un problème – il le dit lui-même dans ses mémoires. Il ne comprenait pas l’attitude d’Israël envers les Palestiniens. Il avait peut-être plus de sympathie pour la cause palestinienne que pour les positions israéliennes. »

L’esclandre de Jérusalem

Jacques Chirac dans la Vieille Ville de Jérusalem lors de son coup de colère, en 1996. (Crédit : capture d’écran YouTube / INA)

L’ancien ambassadeur parle de « provocation » de la part de Chirac lors de sa visite à Jérusalem le 22 octobre 1996, scène illustre qui a fait de lui le héros du monde arabe.

Lors de l’altercation, survenue après qu’un journaliste et un garde du corps français ont été bousculés, le président avait crié aux forces de sécurité : « Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez ! What do you want ? Me to go back to my plane, and go back to France ? Is that what you want ? Then let them go. Let them do. No, that’s… no danger, no problem. This is not a method. This is provocation. That is provocation. Please you stop now ! »

Le bureau présidentiel avait expressément demandé aux autorités israéliennes qu’aucun représentant officiel ne l’accompagne dans cette visite, car il s’agissait de « territoires occupés ». Le président avait seulement accepté la présence des membres des forces de sécurité, et était accompagné de Leïla Shahid, alors représentante de l’OLP à Paris, que Pazner accuse d’avoir « poussé [le président français] dans cette provocation ».

La dispute s’était poursuivie devant l’église Sainte-Anne de Jérusalem, qui appartient au domaine national français en Terre Sainte, où Chirac avait demandé aux soldats israéliens de quitter les lieux : « Je ne veux pas de gens armés en territoire français ! », avait-il lancé.

« C’est une scène totalement inadmissible de la part d’un chef d’État », selon Pazner, qui estime que le président ne se serait permis de faire cela nulle part ailleurs dans le monde.

Juste avant ce voyage en Israël, Chirac avait, depuis la Syrie, réaffirmé le soutien de la France à un État palestinien. Une fois arrivé dans le pays, il avait annulé son discours à la Knesset et déclaré au Technion à Haïfa que « la sécurité ne peut être garantie par la force. Si l’on ne tient pas parole, si les accords conclus ne sont pas respectés, il n’y aura pas de paix. Et s’il n’y a pas de paix, il n’y aura pas de sécurité. Tant que les Palestiniens ne peuvent pas gérer leurs propres affaires, tant qu’ils n’ont pas droit à la dignité comme tous les autres peuples […], les frustrations et le ressentiment persisteront. Et nous connaissons tous les fruits amers qu’ils produisent. […] Tel est le prix de la sécurité. »

Déjà refroidies par ces propos, les relations entre Français et Israéliens ont frôlé l’incident diplomatique après l’épisode à Jérusalem.

Dans le tome II de ses mémoires, publiés en 2011, Chirac évoque ces journées au Moyen-Orient, sa visite dans la Vieille Ville et ses conséquences, et l’accueil en fanfare qu’il a reçu le lendemain à Ramallah, puis à Gaza, où il est allé inaugurer une avenue Charles-de-Gaulle avec Yasser Arafat.

« Il n’est pas étonnant, au lendemain des incidents de Jérusalem, que je sois accueilli triomphalement le 23 octobre à mon arrivée à Ramallah », écrit-il. « Aux yeux des foules palestiniennes, j’incarne désormais une sorte de héros providentiel. Pour elles, je suis tout à la fois celui qui a osé tenir tête à la toute-puissante sécurité israélienne et comprend d’autant mieux les contraintes humiliantes que celle-ci leur inflige qu’il en a, d’une certaine façon, fait lui-même l’expérience et s’en est indigné. C’est aussi la première fois qu’un président occidental leur rend visite en Cisjordanie depuis qu’elles disposent de leur propre Assemblée législative librement élue – Assemblée devant laquelle je suis, de surcroît, le premier chef d’État étranger invité à s’exprimer. Toutes les conditions sont donc réunies pour faire de moi le représentant d’un pays ami, attentif à leur sort et soucieux de défendre leurs droits et leurs aspirations les plus légitimes. »

« L’accueil de Gaza, comme celui de Ramallah, est d’une chaleur et d’une ferveur inoubliables », a-t-il ajouté. « Tout ici est d’autant plus émouvant qu’on y sent battre le cœur d’une nation encore entravée, vouée à une extrême précarité et pourtant résolue à s’affirmer en tirant tout le parti possible du peu de forces dont elle dispose. L’amitié de la France en fait partie. »

Des tentatives de médiation entre Israël et les Palestiniens

C’est avec cet état d’esprit que Chirac a essayé plusieurs fois d’intervenir en faveur de relations apaisées entre Israël, les Palestiniens et les pays voisins (le président est longuement revenu sur ces tentatives de médiation dans ses mémoires).

Dans un discours prononcé au Caire le 8 avril 1996, quelques mois avant l’épisode avec les militaires israéliens à Jérusalem, Chirac avait insisté sur la notion de « paix durable », qui supposait que soient « respectés le droit du peuple palestinien et ses aspirations légitimes à disposer d’un État ». Il ajoutait qu’Israël devait être assuré de « vivre en sécurité » et que « le progrès vers l’affirmation de l’identité palestinienne permettra l’éradication définitive de menaces terroristes nourries par l’isolement et la frustration ».

En octobre 2000, quand la Seconde Intifada a éclaté, le président avait invité à Paris Ehud Barak, Premier ministre israélien, Yasser Arafat, président de l’AP, et Madeleine Albright, secrétaire d’État américaine, afin de parvenir à un cessez-le-feu aux premiers jours du soulèvement.

Selon Avi Pazner, « il avait apparemment pris parti pour Arafat ». L’ambassadeur évoque ainsi un échange « à très haute voix » entre Chirac et Barak. « Il soutenait nettement les positions palestiniennes […] et avait une sympathie pour la cause palestinienne, qu’il ne cachait pas. »

Gilead Sher, diplomate et avocat israélien, rapporte dans son livre The Israeli-Palestinian Peace Negotiations, 1999-2001: Within Reach des propos très critiques d’Israël que Chirac aurait alors tenus auprès de Barak : « À Camp David, Israël a effectivement fait un pas important vers la paix, mais la visite de Sharon [sur le mont du Temple] a été le détonateur [de la Seconde Intifada], et tout a explosé. Ce matin, 64 Palestiniens sont morts, 9 Arabes israéliens ont également été tués. Vous, Monsieur le Premier ministre, ne pouvez pas expliquer cette proportion dans le nombre de [tués et] de blessés. Vous ne pouvez faire croire à quiconque que les Palestiniens sont les agresseurs… Quand j’étais commandant de bataillon en Algérie, je pensais aussi que j’avais raison. Je me suis battu contre la guérilla. Plus tard, j’ai réalisé que j’avais tort. L’honneur des forts est de tendre la main et de ne pas tirer. Aujourd’hui, vous devez tendre la main. Si vous continuez à tirer depuis des hélicoptères sur des lanceurs de pierres, que vous continuez à refuser une enquête internationale, vous refusez le geste d’Arafat. Vous n’avez pas idée à quel point j’ai dû pousser Arafat pour qu’il accepte une réunion trilatérale. »

Quelques mois plus tôt, durant l’été, lors du sommet de Camp David II, Chirac avait critiqué Arafat, accusant l’AP d’avoir rejeté une offre d’Ehud Barak visant à la création d’un État palestinien. « L’administration américaine ainsi que les opinions publiques aux États-Unis et en Europe ont eu le sentiment que Barak avait progressé par rapport aux positions qu’il avait précédemment défendues […] alors que vous, en revanche, n’avez pas bougé de vos points de vue initiaux », avait dit le chef de l’État français au leader palestinien. Dans un appel à Barak, Chirac avait jugé que « jamais Israël n’est allé aussi loin dans l’idée du partage de Jérusalem, c’est-à-dire bien au-delà de ses lignes rouges ».

Plus tard, en 2006, lors de l’opération Pluies d’été à Gaza et de la deuxième guerre du Liban, toujours dans une recherche de paix, Chirac avait demandé au Hamas de reconnaître l’existence d’Israël et de renoncer à la violence, et avait appelé à un cessez-le-feu.

Le président français Jacques Chirac avec le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat à son arrivée à Ramallah. (Crédit : GERARD FOUET / AFP)

L’ami d’Arafat et des Palestiniens

Les positions de Jacques Chirac – notamment celles exprimées au Caire en 1996 où il s’est prononcé en faveur d’un État palestinien – ont beaucoup plu à Yasser Arafat, et les deux hommes sont vite devenus proches, et ce jusqu’à la mort du Palestinien. Leur relation avait pourtant mal démarré, avant un volte-face du dirigeant français : dans les années 1980, dans une interview au Yediot Aharonot, Chirac s’était exprimé contre l’idée d’un État palestinien indépendant (bien qu’il la soutenait en privé selon son secrétaire privé), et avait qualifié Arafat de « voyou » et de « chef terroriste ».

L’amitié et la proximité entre les deux hommes s’est grandement illustrée lors des derniers jours de la vie d’Arafat : le 29 octobre 2004, Jacques Chirac a pris la décision d’accueillir en France le dirigeant palestinien pour qu’il y soit soigné après une brusque dégradation de son état de santé – ce qu’aucun dirigeant arabe n’a voulu faire. Durant son hospitalisation, le président français a rendu visite au leader palestinien et a été l’un des derniers à l’accompagner au crépuscule de sa vie.

Ce dernier accueil est devenu le symbole du soutien du président Chirac à la cause palestinienne. Mais le dirigeant palestinien connaissait très bien la France : il s’y serait rendu pas moins d’une trentaine de fois entre 1995 et 2004.

Après son décès, Paris lui a rendu un hommage solennel, digne d’un chef d’État. Jacques Chirac a été le premier à réagir. Il a exprimé son « émotion » et salué un « homme de courage et de conviction qui a incarné, pendant 40 ans, le combat des Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits nationaux ». « Âgé de 75 ans, Abou Amar, de son nom de guerre, a pendant un demi-siècle incarné la Palestine, donnant une crédibilité internationale à l’espoir d’un État palestinien, mais sans jamais parvenir à concrétiser cette ambition ni accomplir son rêve de prier à Jérusalem », a-t-il déclaré.

Selon les journalistes Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, auteurs de Chirac d’Arabie (2006), le président se serait recueilli en secret devant le corps d’Arafat et serait sorti « de la salle en larmes ».

Dans ses mémoires, Chirac reconnaissait néanmoins une « grande faiblesse » du leader palestinien : celle « d’en vouloir toujours plus, une fois l’accord conclu ». « Il est dans sa nature profonde de ne pas savoir mettre un terme à un débat ou à une revendication et de revenir sans cesse sur ce qu’il a déjà obtenu pour exiger davantage. Rien avec lui n’est jamais tout à fait acquis », ce qui rendait un dialogue entre l’homme et les Israéliens « souvent difficile et presque impossible ».

Vincent Nouzille, dans son livre sur les liens entre Paris et Jérusalem, a révélé qu’Ariel Sharon aurait confié à Chirac en juillet 2001 qu’il voulait « tuer Arafat » – ce qui aurait choqué le président français, qui se posait alors, depuis plusieurs années, en mentor et protecteur du leader palestinien.

En remerciement pour ses « positions en faveur de la cause palestinienne », une rue Jacques Chirac, longue de 2,7 km, a été inaugurée en 2009 à Ramallah par Janet Mikhaïl, maire de la ville, en présence du consul français.

Shimon Peres et Jacques Chirac à l’Élysée, le 18 avril 2005. (Crédit : AP PHOTO / PATRICK KOVARIK / POOL)

Ses relations avec les dirigeants israéliens

Proche du principal interlocuteur palestinien, qui le surnommait amicalement « Docteur Chirac », ses rapports avec les dirigeants israéliens ont eux aussi pu être cordiaux, bien que plus distants. Toujours dans ses mémoires, il décrivait ainsi Yitzhak Rabin comme un « homme de cœur en même temps qu’un serviteur lucide de l’État d’Israël, déterminé à aller jusqu’au bout de son entreprise de réconciliation, quel qu’en soit le prix ». Son successeur, Shimon Peres, y est lui décrit comme un « ami, symbole admirable de justice et de tolérance ». « Je savais que pour Shimon Peres vivre ensemble signifie se connaître, se respecter, se parler et que construire un monde meilleur implique de construire une histoire commune. Le rêve de Shimon Peres, qui n’est pas une utopie, est celui d’un État d’Israël vivant dans la paix et la sécurité aux côtés de voisins vivant eux aussi dans la liberté et la dignité de leur État souverain. »

En 2004 et après une longue période de froid entre Israël et la France – depuis le début de la Seconde Intifada –, Ariel Sharon a aggravé les relations en appelant les Juifs de France à partir « immédiatement » en Israël en raison de l’antisémitisme. Une visite du dirigeant israélien à Paris l’année suivante a finalement permis de rapprocher les dirigeants des deux pays – notamment grâce à leur passion pour les vaches et l’agriculture, qu’ils ont évoquée. Sharon a alors qualifié Chirac d’« un des plus grands dirigeants de ce monde » et l’a remercié pour son « aide précieuse » en vue d’un règlement du conflit israélo-palestinien – Israël venait alors de se désengager de Gaza, une décision saluée dans le monde entier. Ensemble, et suite à cette visite, ils ont créé la fondation France-Israël destinée à « rapprocher les sociétés des deux pays ».

Les relations avec Benjamin Netanyahu ont elles été beaucoup plus froides. Devenu Premier ministre quelques mois avant l’incident dans la Vieille Ville de Jérusalem en 1996, Netanyahu – qui n’a pas réagi à son décès – lui a aussitôt présenté ses excuses. Dans ses mémoires, Jacques Chirac l’a, de façon presque insultante, décrit comme semblable aux soldats sur lesquels il avait crié quelques heures plus tôt : « En l’observant à ce moment-là, je me dis qu’il ressemble à un de ces gardes du corps dont sont habituellement flanquées les personnalités israéliennes : épaules carrées, cheveux courts, démarche rapide et décidée, ton péremptoire… ‘Bibi’ […] a toutes les apparences d’un ‘dur’. Son allure militaire et son physique épanoui expriment tout autant la confiance en soi qu’une profonde méfiance vis-à-vis de ceux qui ne lui ressemblent pas. »

Il affirmait néanmoins que Netanyahu « n’est pas un idéologue possédé par des convictions messianiques. Son discours nationaliste est davantage celui d’un pragmatique dont la préoccupation exclusive est d’assurer la défense d’Israël en jugeant au cas par cas des meilleurs moyens de la préserver ».

Il le décrivait également comme un homme qui, « à la différence de la plupart de ses supporters, n’est pas figé dans ses convictions ni indifférent au poids des contraintes internationales » et qu’il espérait comme étant « assez lucide pour comprendre que le processus de paix déjà engagé ne peut s’arrêter avec lui, et qu’il ne doit pas s’enfermer durablement dans l’intransigeance que lui imposeraient ses partisans ».

Un exemple évocateur des doutes de Chirac et de la distance entre les deux dirigeants : en 2017, sur I24News, Avi Pazner a affirmé que le président français avait accusé explicitement Netanyahu de mentir. « Je ne crois pas un mot qui sort de votre bouche. Toute votre politique consiste à provoquer les Palestiniens », aurait affirmé Chirac au Premier ministre israélien, selon l’ambassadeur, qui dit avoir assisté à la scène en 1998. Suite à cette phrase, Netanyahu serait resté « impassible », devenant « tout blanc », et Chirac « tout rouge » de colère. « Il n’aimait pas sa politique et peut-être même qu’il n’aimait pas Netanyahu personnellement », dit Pazner. La même année, le président avait participé aux célébrations des 50 ans d’Israël, organisées par l’ambassade d’Israël et le CRIF dans les jardins du Trocadero.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président Jacques Chirac à l’Élysée, à Paris, le 6 décembre 1997. (Crédit : AP PHOTO/POOL)

Un proche du monde arabe

Comme avec Yasser Arafat, le président a été proche de nombreux dirigeants arabes, ceci dans le but non caché de mettre en place une « politique arabe » de la France, comme l’avait souhaitée le général de Gaulle, dont il se réclamait. Une politique qui « reste entachée du soupçon – justifié – de n’être qu’une tentative de ressusciter une grandeur perdue. Au mieux, une irrépressible nostalgie ; au pire, une pulsion néo-coloniale », écrivent Boltanski et Aeschimann dans Chirac d’Arabie.

Ami de l’Égyptien Hosni Moubarak – Chirac a décrit leur soutien similaire aux Palestiniens comme une raison de leur entente – il a également côtoyé l’Irakien Saddam Hussein dès 1975. Ainsi, Chirac, alors Premier ministre, a vendu cette année-là à l’Irak le réacteur nucléaire Osirak – surnommé « Ô Chirac » par les Israéliens – que l’aviation israélienne a détruit partiellement en 1981. Plus tard, en 2003, le président s’est opposé à l’invasion de l’Irak menée par les États-Unis, qui a vu la chute du dictateur irakien. Suite à ce non-alignement, le tabloïd britannique Sun avait insulté Chirac de « putain de Saddam ».

Il a également été proche du Liban, pays qui a décrété ce lundi une journée de deuil national à l’occasion des obsèques du président français. Celui-ci a ainsi entretenu une vive amitié avec Rafic Hariri, assassiné en 2005, et a été le premier président français à entreprendre une visite officielle à Beyrouth. Suite à l’assassinat du Premier ministre libanais, il avait réclamé la mise en place d’un tribunal international sous l’égide de l’ONU pour en juger les responsables – selon Chirac, la « responsabilité de Bachar al-Assad » ne fait « aucun doute », même s’il n’en a pas « la preuve absolue », a-t-il écrit dans ses mémoires.

Le président français Jacques Chirac reçoit le Premier ministre libanais Rafic Hariri à Paris, le 25 avril 2003. (Crédit : PATRICK KOVARIK / AFP)

Selon Rima Tarabay, proche collaboratrice de Rafic Hariri, celui-ci lui aurait confié que « Jacques Chirac [était son] meilleur ami ». « Entre eux, les relations étaient très amicales. Ils avaient beaucoup d’admiration l’un pour l’autre, ça se voyait dans leurs yeux, dans leur manière d’être », a-t-elle souligné. « Il est celui qui a fait le plus pour le Liban » et « Rafic Hariri a beaucoup apporté à Jacques Chirac pour sa vision de la région », a-t-elle ajouté.

Dans son action en faveur du pays du Cèdre, le président a joué un rôle crucial dans l’arrêt de l’offensive israélienne baptisée « Raisins de la colère », en avril 1996. Chirac avait envoyé dans la région son ministre des Affaires étrangères d’alors, Hervé de Charrette, qui est parvenu à obtenir un cessez-le-feu après une longue lutte diplomatique.

Au lendemain de son départ de l’Élysée en 2007, alors que le couple Chirac n’avait pas eu le temps de trouver un nouveau logement, la famille Hariri a mis à leur disposition un de ses appartements parisiens, situé au 3, quai Voltaire. « Pour les Hariri, c’était un frère qui avait besoin de se loger et il aurait été impensable de ne pas le faire », explique Rima Tarabay. « S’il y a eu de l’argent entre les deux hommes, c’est parce qu’il y avait de l’amitié et non l’inverse. »

La présidence Chirac a également tenté un dialogue avec l’Iran des Gardiens de la Révolution, où il a envoyé en 2003 à deux reprises son ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin. L’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015 est venu clore ces longues négociations entreprises plus d’une décennie auparavant. Il a aussi échangé avec le dirigeant syrien Hafez al-Assad, qui l’a décoré du grand ordre des Omeyyades – plus haut ordre honorifique de Syrie – et auprès duquel il a reconnu la souveraineté syrienne « indiscutable » sur le plateau du Golan conquis par Israël. Le dialogue a finalement été interrompu par la Syrie, et Chirac a reconnu qu’il ne débouchait sur rien.

De façon plus discrète, le dirigeant français aurait joué un rôle « au Liban, en Syrie et en Iran pour la libération de Juifs ‘accusés d’espionnage’ », écrit le diplomate et journaliste israélien Freddy Eytan dans Chirac face à la poudrière du monde – Le double jeu. « Son feu vert pour libérer des terroristes détenus en France dans le cadre d’un échange global avec des prisonniers israéliens disparus, est aussi un signe de bonne volonté [envers Israël] et un geste empreint d’humanité. »

Un proche des Juifs de France

Moins proche des dirigeants israéliens que ceux des nations arabes, Jacques Chirac laisse néanmoins le souvenir d’un président qui a œuvré pour la communauté juive française, distinguant nettement les préoccupations de celle-ci du conflit au Proche-Orient.

L’un des temps forts de son mandat présidentiel, comme évoqué par Rivlin dans son hommage : sa reconnaissance de « la faute de l’État français » dans la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, le 16 juillet 1995, lors d’un discours au Square des martyrs du Vel d’Hiv, à Paris. Il a également fait entrer l’étude de la Shoah dans les manuels scolaires, se démarquant ainsi de ses prédécesseurs.

« Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. Il y a 53 ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. La France, patrie des Lumières et des droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux », prononçait Chirac.

« Reconnaître les fautes du passé et les fautes commises par l’État. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre », a-t-il souligné, appelant à « l’esprit de vigilance » alors que « souffle l’esprit de haine, avivé ici par les intégrismes, alimenté là par la peur et l’exclusion ».

Signe de sa proximité avec la communauté juive, l’association des Fils et Filles déportés juifs de France a publié un ouvrage consacré aux « discours et messages de Jacques Chirac en hommage aux Juifs de France ». En quatrième de couverture, l’organisation a écrit : « Nous ressentons une immense gratitude pour ce discours si courageux qui a suscité des oppositions au centre droit comme au centre gauche pour cette phrase si chargée de sens et de responsabilité : ‘Ce jour-là, la France accomplissait l’irréparable.’ »

En 2005, Jacques Chirac s’est rendu au camp d’extermination d’Auschwitz, en Pologne, accompagné de Simone Veil, présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et de Serge Klarsfeld, président de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, à l’occasion du 60e anniversaire de la libération du camp.

Le président français Jacques Chirac à Auschwitz, accompagné de Serge Klarsfeld et de Simon Veil, le 27 janvier 2005, à l’occasion du 60e anniversaire de la libération des camps. (Crédit : capture d’écran INA)

Il y a inauguré une exposition permanente française installée dans l’un des pavillons. Cette cérémonie a réuni des anciens déportés et 44 chefs d’État, dans ce lieu devenu le symbole de la Shoah.

Chirac y a rendu un hommage solennel à « la mémoire de chacune de ces vies dignes du plus profond des respects ».

« Le souvenir de leur humanité qui nous hante. Le témoignage de leur existence martyrisée qui nous oblige », a-t-il déclaré dans un discours évoquant sa « volonté de témoigner, volonté de transmettre. Volonté d’honorer. Et volonté d’agir ».

En 2007, peu avant la fin de son mandat, il a fait entrer les 2 725 Justes de France, qui ont aidé ou sauvé des Juifs pendant la guerre, au Panthéon.

Le président a également à plusieurs reprises condamné le racisme et l’antisémitisme, et dénoncé le Front national. Haïm Musicant, ancien directeur général du CRIF, a d’ailleurs salué sa préoccupation face aux actes antisémites.

« Je tiens à le dire devant vous. Le racisme sous toutes ses formes me trouvera toujours en travers de sa route. Je défendrais toujours les valeurs auxquelles je crois : la dignité de chaque homme, la tolérance, la générosité. Mais je mettrai toujours en garde contre l’angélisme, la naïveté et l’ignorance qui, comme les bonnes intentions, pavent l’enfer de la xénophobie », a déclaré Chirac le 3 mars 1997 à l’Élysée devant les représentants de la communauté juive, réunis pour célébrer le 190e anniversaire du Grand Sanhédrin, marquant l’intégration des Juifs dans la société française. En 2004, au Chambon-sur-Lignon, accompagné de Simone Veil, « devant la montée des intolérances, du racisme, de l’antisémitisme, du refus des différences », il avait demandé aux Français « de se souvenir d’un passé encore proche ».

Durant son mandat de maire de Paris, il a œuvré pour la création d’un musée juif parisien, et l’inauguration du Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ) a eu lieu le 30 novembre 1998.

Suite à sa visite de l’établissement, il avait dit être impressionné par la « force de la foi. La force de l’attachement à la mémoire, à l’identité, à l’écrit, aux traditions et aux rites. La force d’une histoire et d’un destin uniques. La force de valeurs généreuses qui fondent une civilisation. La force du Livre, l’évidence de l’écrit comme composante essentielle d’une relation au monde ».

« Le judaïsme, parce qu’il oblige à la réflexion, à l’étude et à la connaissance des Textes, à la critique de celui qui se sait sous le regard de son créateur, est une école d’exigence et de pensée. Le judaïsme, parce qu’il offre un espoir, une consolation, une joie à celles et ceux qui se sentent loin de leur terre, de leurs racines, est une école de sagesse. Le judaïsme, parce qu’il fait si souvent appel au rêve, aux contes et aux légendes, est une école de l’imagination et de l’art. »

Dans ce musée, « l’on mesure combien le judaïsme a enrichi la vie culturelle des sociétés qui l’ont accueilli. Ici, chacun comprend tout ce que notre pays doit aux Juifs de France. Les grandes heures de la Révolution et de l’émancipation. La citoyenneté enfin acquise, après des siècles d’ignorance et, si souvent, de mépris de la part des autres Français. Les grandes heures du combat pour la République dans lequel s’engagent tant de Juifs, parce qu’en vertu d’un passé douloureux, ils ont plus que d’autres, le sens de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, de la laïcité ».

Il avait également regretté « les heures vécues dans la nostalgie douloureuse de Jérusalem et dans l’espoir du retour à la Terre Promise. Les heures d’épreuves, pour une communauté qui devra trop souvent vivre et survivre dans la peur, durement exposée à la haine de l’Autre et de sa différence. Les heures sombres des persécutions, des ghettos et des expulsions. Celles de la fuite incessante pour les communautés chassées de leurs nouveaux foyers par l’intolérance. […] Les heures sombres de l’affaire Dreyfus qui marque un moment de la conscience du monde. C’est à cette époque que s’impose l’idée d’une nation et d’un État hébreu où chaque Juif soit chez lui, parmi les siens, dans la paix. Les heures noires de la Shoah. […] Aujourd’hui, je pense aux millions d’hommes, de femmes et d’enfants, victimes dans toute l’Europe de la folie meurtrière des nazis et de leurs complices. La question de la réparation, oui, c’est vrai, se pose désormais avec force ».

Il avait enfin rappelé « l’extraordinaire richesse, intellectuelle, spirituelle, artistique, du judaïsme, son apport inestimable aux sociétés qui l’ont accueilli ».

Pour illustrer les connaissances du président concernant le judaïsme, Christophe Boltanski et Eric Aeschimann ont décrit Chirac dans leur livre comme un « fervent admirateur » du rabbin Rachi de Troyes, dont il parlait « à tous ses interlocuteurs juifs ». Il connaissait également « par cœur » la date de naissance du rabbin Menachem Mendel Schneerson, qui a participé grandement à l’expansion du mouvement Habad Loubavitch dans le monde entier.

Le rabbin Menachem Mendel Schneerson. (Crédit : MORDECAI BARON / WIKIPEDIA)

Le 15 avril 2005, il prenait même la plume pour écrire à son ami le rabbin Hillel Pevzner, leader spirituel des Loubavitch en France, à l’occasion du 103e anniversaire du Rebbe.

« Ce jour de fête est l’occasion de rappeler la force et le rayonnement de la pensée de celui que vous avez toujours appelé simplement le Rabbi, dont le message a essaimé au fil des ans de la Russie au Nouveau Monde, sans oublier la France […]. Chacun d’entre vous connaît l’attachement que le Rabbi portait à la France et les liens étroits qui se sont tissés à travers une histoire commune parfois douloureuse », a-t-il écrit, alors que les écoles Loubavitch ont longtemps pu bénéficier d’aides de la ville de Paris.

Jacques Chirac a également été l’ami de Jacob Kaplan, grand rabbin de France de 1955 à 1980 – le responsable religieux a ainsi fait l’éloge du président lors de sa remise de la grand-croix de la Légion d’honneur.

« À l’évocation de son nom, c’est sa voix chaleureuse, c’est son regard intense, toujours attentif et plein de bonté, c’est son sourire lorsqu’il m’accueillait qui, entre tant de souvenirs précieux, me reviennent en mémoire. […] Vous connaissez l’immense amitié et l’admiration profonde que je portais à votre père. Vous savez que son souvenir vit à jamais dans mon esprit et dans mon cœur », a écrit le président au fils du rabbin à l’occasion de l’inauguration de la place Jacob-Kaplan à Paris.

Le président français Jacques Chirac, entouré du grand rabbin de France Joseph Sitruk et du président israélien Moshe Katsav, à l’Élysée, à Paris, le 16 février 2004. (Crédit : AP PHOTO / JACK GUEZ / POOL)

Il était également proche de Joseph Haïm Sitruk, qui a succédé à Kaplan de 1987 à 2008. En mai 2003, lors de la célébration des 60 ans du CRIF à l’Élysée, le président avait longuement parlé au rabbin et l’avait raccompagné personnellement sur le perron, alors qu’il était malade.

« L’année suivante, dans un avion pour New York où il doit rencontrer la communauté juive américaine, [Chirac] stupéfie ses quatre invités personnels, tous Ashkénazes – Roger Cukierman, Addy Steg, Simone Veil et David de Rothschild – en ne tarissant pas d’éloges sur Sitruk et les Loubavitch », écrivent Boltanski et Aeschimann. « À la rentrée 2005, quand le Tout-Paris bruit de rumeurs sur l’accident vasculaire du président de la République, Joseph Sitruk fait partie du cercle privilégié des personnalités auxquelles Jacques Chirac téléphone à sa sortie d’hôpital – le grand rabbin le confiera lui-même dans Actualité juive. »

« Chirac aime les rabbins », selon Pierre Lellouche, qui fut son conseiller diplomatique à la mairie de Paris entre 1989 et 1995. « En privé, il serait plutôt philosémite », a-t-il ajouté.

Théo Klein, président du CRIF de 1983 à 1989, n’en dit pas moins : « Les Juifs l’intéressent et il est toujours frappé lorsqu’un collaborateur ou un interlocuteur est amené à lui dire qu’il est Juif. Je ne pense pas qu’il ressente la même chose pour la population arabe vivant en France. »

« Il a appris à connaître les traditions et les coutumes juives et à participer aux offices religieux, portant toujours une kippa ou un borsalino à la Al Capone », écrit le diplomate israélien Freddy Eytan. « Il ne philosophe pas comme Mitterrand mais veut en savoir plus pour pouvoir plus tard en tirer un profit politique et électoral. Il construira des écoles juives, des centres talmudiques, qui sont aujourd’hui plus nombreux à Paris qu’à Tel Aviv… »

Énième signe de cet intérêt, outre ses nombreux discours sur le sujet, le président a préfacé plusieurs ouvrages liés à l’histoire des Juifs de France : Le Dictionnaire des Justes de France : titres décernés de 1962 à 1999 de Lucien Lazare (2003) ; et Passeport pour Auschwitz : correspondance d’un médecin du camp de Drancy de Zacharie Mass (2012).

Haïm Korsia, grand rabbin de France. (Crédit : FRED DUFOUR / AFP)

Il a également préfacé en 2006 le livre Être Juif et Français de Haïm Korsia, devenu depuis grand rabbin de France et surnommé affectueusement « rabbinou » par l’ex-chef de l’État. En hommage, celui-ci, qui a été parmi les derniers a rendre visite à l’ancien président, a écrit dans un communiqué : « Nous sommes tous aujourd’hui orphelins. Jacques Chirac fut un grand homme, un grand Français, un grand homme d’État, pour lequel j’avais une affection toute particulière et une amitié respectueuse. Je garderai précieusement en mémoire sa curiosité pour le monde, sa connaissance du judaïsme et son goût pour l’art, pour tous les arts, tout comme son incroyable courage et sa vision pour faire progresser le pays, notamment lorsqu’il a reconnu la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv ou quand il a rendu aux Justes la place qu’ils méritaient, dans la crypte du Panthéon. »

Le grand rabbin a également rappelé la déclaration en hébreu de Jacques Chirac, lors de l’hommage à Ilan Halimi, torturé et assassiné en 2006.

« ‘Souviens-toi, n’oublie rien’, avait-il déclaré en hébreu en rendant hommage à Ilan Halimi », a ajouté Haïm Korsia. « Nous nous souviendrons toujours du président Chirac et n’oublierons jamais le chemin qu’il a tracé pour la France. »

L’AFP a contribué à cet article.

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