Jean-Marie Le Pen, 95 ans, placé sous tutelle pour raison médicale
Placé "sous régime de protection juridique", l'ancien président du Front national pourrait ne pas participer à son procès dans une affaire d'assistants parlementaires européens
Jean-Marie Le Pen, 95 ans, a été placé « sous régime de protection juridique », une forme de tutelle, pour raison médicale, ce qui pourrait compromettre sa participation à son procès dans une affaire d’assistants parlementaires européens.
L’ancien président du Front national (renommé Rassemblement national) a été placé « sous régime de protection juridique », a indiqué mercredi le vice-président du RN Louis Aliot
Le Pen a fait l’objet mi-février d’un « mandat de protection future », a précisé à l’AFP son avocat, Me François Wagner, en confirmant une information de la radio RMC.
Cette disposition civile, comparable à une tutelle, a été activée par la justice la justice sur demande de la famille, après une expertise médicale constatant l’inaptitude de Le Pen.
Elle a fait de ses trois filles – Marie-Caroline, Yann et Marine Le Pen – ses mandataires, leur permettant de réaliser divers actes au nom de leur père, seules ou de concert.
Trois fois candidate malheureuse à l’élection présidentielle, Marine Le Pen est aujourd’hui la cheffe de file du RN, devenu le premier parti d’opposition français.
Jean-Marie Le Pen a présidé le FN de 1972 à 2011, parvenant à fédérer diverses familles de l’extrême-droite française, des partisans de l’Algérie française aux nostalgiques du régime du maréchal Pétain durant la Seconde Guerre mondiale.
Tribun à qui ses dérapages verbaux ont valu de multiples procès pour racisme ou antisémitisme, il est parvenu à se hisser à la surprise générale au second tour de l’élection présidentielle de 2002, finalement remportée par le gaulliste Jacques Chirac.
Accident cardiaque
Selon plusieurs de ses proches, la santé de Jean-Marie Le Pen a largement décliné depuis un accident cardiaque survenu en avril 2023.
Désormais, la question de sa capacité à participer à son procès dans l’affaire des assistants d’euro-députés, prévu à partir du 30 septembre, est posée.
« Je pense que le tribunal devra prononcer une mesure constatant qu’il ne peut ni se rendre, ni témoigner, ni participer à ce procès », a considéré mercredi sur BFMTV/RMC Aliot, également poursuivi dans ce dossier.
Le tribunal correctionnel de Paris doit se prononcer sur ce point le 3 juillet, après avis d’experts médicaux.
« M. Le Pen ne peut plus se déplacer et ses facultés sont considérablement altérées », avait indiqué au tribunal Me François Wagner, lors d’une audience préparatoire.
Si l’activation du mandat de protection future n’emporte pas automatiquement l’impossibilité de comparaître, il en constitue toutefois un indice sur l’état de santé.
Le tribunal pourrait constater que Jean-Marie Le Pen ne peut assurer pleinement sa défense et ordonner la « disjonction » de son cas du reste du dossier, ce qui le renverrait à un procès séparé, sine die, dans l’attente d’un hypothétique rétablissement.
Cette hypothèse d’un procès principal sans Jean-Marie Le Pen compliquerait encore davantage un dossier déjà tentaculaire.
Au total, une dizaine de personnes dont Marine Le Pen, ayant été élues euro-députés sur des listes FN, douze autres ayant été leurs assistants parlementaires, ainsi que quatre collaborateurs du parti doivent être jugés.
Les magistrats soupçonnent le parti d’extrême-droite d’avoir « de manière concertée et délibérée » mis en place un « système de détournement » des enveloppes (21 000 euros mensuels) allouées par l’Union européenne à chaque euro-député pour rémunérer des assistants parlementaires.
Ces derniers auraient travaillé en réalité tout ou partie pour le FN, lui permettant ainsi des économies substantielles de salaires. Le Parlement européen, partie civile, avait évalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d’euros pour les années 2009 à 2017.