Jordan Bardella et Marion Maréchal en Israël : la LICRA dénonce une « mascarade funeste »
La visite des représentants du Rassemblement National suscite de vives réactions en Israël et en France
Invités par le gouvernement israélien à participer à une conférence sur l’antisémitisme, Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), et la députée européenne Marion Maréchal sont arrivés ce mercredi matin sur le territoire hébreu.
Une visite loin de faire l’unanimité. Invité de France Info mardi, Mario Stasi, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), a exprimé son désaccord avec cette visite. « L’entourage de Marine Le Pen serait sulfureux », pointe-t-il.
Le patron du mouvement antiraciste souligne la « pléthore de candidats [RN] qui ont été retoqués ». Pour Mario Stasi : « Ce sont des candidats qui avaient été choisis, qui suivent une ligne idéologique, qui infusent la pensée et l’action de ce parti. Dire aujourd’hui que le RN est un bouclier contre l’antisémitisme, c’est d’abord une posture. »
Dans la lignée de la stratégie de dédiabolisation enclenchée il y a une quinzaine d’années, au moment de la prise de pouvoir de Marine Le Pen, le Rassemblement National se pose en bouclier de la communauté juive française, surtout depuis les attentats du 7 octobre. « Le parti, dans ses gènes, dans son entourage immédiat, dans ce qu’il diffuse sur les réseaux sociaux et dans le choix de certains candidats, n’est absolument pas le bouclier prétendu contre l’antisémitisme », rejette le président de la LICRA.
Mario Stasi a aussi rappelé que Jordan Bardella et Marion Maréchal n’étaient pas les invités d’Israël, mais de son gouvernement, « dans lequel se trouvent des extrêmes droites et des religieux intégristes ».
Selon lui, la LICRA défend une ligne claire : « Universalistes dans la défense des droits contre l’antisémitisme et le racisme, nous dénonçons cette mascarade funeste, tout comme d’autres associations. »

Outre Jordan Bardella et Marion Maréchal, des représentants des partis d’extrême droite européens, notamment des Hongrois du Fidesz (le mouvement de Viktor Orban), des Espagnols de Vox ou des Démocrates de Suède ont également été invités, ces formations s’étant déjà fait épingler pour compter dans leurs rangs des membres néo-nazis ou révisionnistes.
La liste des intervenants a déterminé un certain nombre d’autres invités à se tenir à l’écart – notamment le responsable allemand de l’antisémitisme Felix Klein, le philosophe juif français Bernard-Henri Levy, le grand rabbin britannique Ephraim Mirvis et le directeur-général de l’Anti-Defamation League (ADL), Jonathan Greenblatt.
Mais aussi, le président de l’État d’Israël, Isaac Herzog : « Nous avons été surpris de découvrir l’identité de certains des invités, étant donné que le but de la conférence est de combattre l’antisémitisme » lit-on dans un communiqué de la présidence.
« J’aurai maintes occasions, dans les semaines et les mois à venir, de venir manifester ma solidarité avec Israël, comme je n’ai cessé de le faire depuis le 7 octobre », a de son côté précisé le philosophe français.
En France, cette invitation a provoqué une confrontation entre le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et la présidente du RN, Marine Le Pen. « Cette invitation est le fait d’Israël et n’engage pas les institutions juives de France », a déclaré Yonathan Arfi sur RMC, invoquant une « distance nécessaire et critique ».
Il a rappelé la « position historique des institutions juives de France » de « méfiance vis-à-vis du Rassemblement national », motivée par « des raisons historiques » et aussi parce que « face à l’antisémitisme, une mue peut s’opérer » de façon « discrète et complète ».
« M. Arfi est un homme de gauche, le CRIF est une structure de gauche, qui prend des positions en fonction de ses convictions politiques plutôt qu’en fonction de l’intérêt de nos compatriotes de confession juive », a retorqué Marine Le Pen mardi face à des journalistes à l’Assemblée nationale.
« C’est à nos compatriotes de confession juive, peut-être, de dégauchiser le CRIF, pour qu’il reprenne véritablement le rôle qui doit être le sien, qui est celui de la protection de nos compatriotes, sans coloration politique », a-t-elle lancé.