Israël en guerre - Jour 369

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Interview

Kahana : Nous n’utilisons pas le projet Haredi pour tenter de renverser la coalition

Mais l'élu HaMahane HaMamlahti insiste sur le fait que les ultra-orthodoxes doivent faire leur service militaire, et redouble de critiques sur le "pire" gouvernement de l'histoire d'Israël

Le député Matan Kahana posant pour une photo, au moshav Beit Gamliel, le 9 juillet 2023. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)
Le député Matan Kahana posant pour une photo, au moshav Beit Gamliel, le 9 juillet 2023. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Dimanche dernier, après que le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a attribué à l’armée israélienne l’échec du pays à prévenir l’attaque meurtrière commise par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre, le député Matan Kahana a lancé une attaque cinglante sur les réseaux sociaux à l’encontre du gouvernement d’extrême-droite.

Smotrich, a écrit le législateur élu sous l’étiquette du parti HaMahane HaMamlahti, « est loin de comprendre ce que veut dire [le mot] responsabilité », ajoutant que le gouvernement dans lequel il siège « est le pire et plus terrible » de toute l’histoire d’Israël.

Mais ce qui a été particulièrement notable dans le post publié sur X par Kahana, c’est que son parti est membre du gouvernement qu’il a condamné dans sa publication – un gouvernement que HaMahane HaMamlahti a rejoint en urgence au début de la guerre. Ses propos – associés à la décision prise par le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz, dirigeant de sa faction, de boycotter une rencontre récente du gouvernement – ont été à l’origine de rumeurs sur la possibilité que HaMahane HaMamlahti puisse quitter la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Lors d’un entretien avec le Times of Israel, Kahana a indiqué que si son parti a la conviction que « nous devons pouvoir organiser des élections [législatives] dans les meilleurs délais – cette année », la faction n’entreprendra aucune action susceptible de précipiter un nouveau scrutin. Le prochain est prévu pour l’année 2026.

« Nous n’utilisons pas la question de la conscription militaire pour renverser le gouvernement », a-t-il insisté, disant que les querelles qui agitent actuellement les partis de la coalition sur la question de l’exemption du service militaire des jeunes haredim est « quelque chose qui devra être résolu ».

« En particulier en ce moment, tout le monde comprend bien que que la question du service militaire n’est pas seulement une question sociale qui parle d’égalité mais que c’est réellement un problème qui touche à la sécurité de l’État d’Israël », a-t-il expliqué.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz assistant à une conférence de presse à la base militaire de la Kirya, à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. (Crédit : Abir Sultan/AFP)

Il a exprimé sa frustration face à une information récente laissant entendre que le gouvernement réfléchirait à élever l’âge de l’exemption de service militaire pour les hommes haredim – ou ultra-orthodoxes. Selon le quotidien Israel Hayom, les membres de la coalition préparent une législation sur la base des recommandations faites par l’establishment de la Sécurité, un projet de loi qui ferait passer l’âge de l’exemption à 35 ou 40 ans.

Les haredim sont parvenus à éviter le service militaire, depuis des décennies, en s’inscrivant dans des yeshivot où ils étudient la Torah, obtenant des reports annuels de leur enrôlement au sein de l’armée jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge officiel de l’exemption, qui est de 26 ans.

Élever encore l’âge de l’exemption obligerait les ultra-orthodoxes à passer une autre décennie ou plus à étudier en yeshiva s’ils ne veulent pas faire leur service.

Toutefois, ceux qui soutiennent cette proposition affirment que forcer les jeunes haredim à rester dans des yeshivot, pendant des dizaines d’années, pour pouvoir obtenir une exemption, au lieu de leur permettre d’entrer sur le marché du travail avant l’âge de 30 ans, pourrait les dissuader d’intégrer un cycle d’études si long, les encourageant à intégrer les rangs de Tsahal.

Kahana déclare que « nous pensons qu’en fin de compte, tous les jeunes hommes et toutes les jeunes femmes, en Israël, doivent faire un service ou un autre pour l’État d’Israël – qu’il s’agisse d’un service national ou du service militaire ».

De nombreux jeunes ultra-orthodoxes seraient inscrits en yeshiva sans y faire d’études, un problème qui, selon Kahana, a été ignoré pendant longtemps afin de préserver l’alliance politique conclue entre Netanyahu et les partis ultra-orthodoxes.

Malgré cela, il a admis que « malheureusement » le précédent gouvernement de Naftali Bennett, dans lequel il était ministre des Affaires religieuses, « n’avait pas non plus réussi à s’occuper de ce problème ».

Une tension de longue date

Depuis février, Gantz et son collègue, le ministre Gadi Eisenkot (HaMahane HaMamlahti) sont affairés à promouvoir leur propre plan pour l’enrôlement des ultra-orthodoxes, qui prévoit une augmentation annuelle progressive du nombre de haredim effectuant leur service militaire, mais ne détaille pas de quotas spécifiques.

Se plaignant du refus de Netanyahu de discuter sérieusement de sa proposition, Gantz a annoncé qu’il boycottait une réunion sur l’enrôlement à laquelle participaient le Premier ministre, le ministre de la Défense Yoav Gallant, le chef du Shas Aryeh Deri et d’autres membres du gouvernement.

Dans un communiqué, HaMahane HaMamlahti a déclaré qu’il participerait à toute discussion de fond sur la question, mais qu’il « ne sera pas le partenaire d’exercices et d’astuces au détriment des besoins de sécurité de l’État ».

C’est la deuxième fois cette année que Gantz ne participe pas à une réunion avec Netanyahu, ce qui met en évidence les tensions croissantes entre les factions qui composent le cabinet de guerre.

Illustration : Le Premier ministre Benjamin Netanyahu dirigeant une réunion du cabinet au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 10 décembre 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Quelques jours seulement après qu’une réunion convoquée pour traiter de la question de l’après-guerre à Gaza se soit terminée dans l’acrimonie et les récriminations en janvier, les ministres Gantz, Eisenkot et Chili Tropper avaient décidé de ne pas assister à une réunion hebdomadaire du cabinet en raison de ce qu’ils considéraient comme une absence prévisible de discussion de fond sur les questions liées à la guerre.

« Il n’y avait pas de questions essentielles pour la conduite de la guerre, c’est pourquoi nous ne sommes pas venus », a déclaré à l’époque un porte-parole de Gantz au Times of Israel. « Lorsque des sujets liés à la guerre seront abordés, Benny viendra. »

Toutefois, lors d’un entretien avec la radio de l’armée, Tropper a lié son absence à la réunion du cabinet de sécurité de la semaine précédente, au cours de laquelle les ministres de droite ont attaqué à répétition le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, au sujet du projet de l’armée d’enquêter sur ses propres erreurs avant l’assaut barbare perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dernier.

« Ces questions sont liées aux affrontements au sein du cabinet », a déclaré Tropper. « Nous nous en tenons aux questions liées à la guerre. Ce n’est pas facile pour nous au sein du gouvernement. »

Une rupture dans la coalition ?

Interrogé sur le fait de savoir si la décision de Gantz de boycotter la réunion sur la question du projet de loi relatif aux haredim présageait une rupture dans la coalition, Kahana a de nouveau insisté sur le fait que la décision était basée sur des facteurs de fond et non sur des facteurs politiques.

« Benny Gantz a décidé de ne pas se rendre à la réunion parce qu’il s’agissait d’une invitation sans ordre du jour. Ils n’ont pas dit de quelle loi ils allaient discuter. Ce n’était que des mots en l’air. »

« S’il n’y a pas de solution [à la question du projet haredi], il est tout à fait possible que ce soit un élément qui nous fasse réfléchir à la suite de notre parcours au sein de ce gouvernement », a-t-il toutefois ajouté.

Le ministre des Affaires religieuses de l’époque, Matan Kahana, assistant à une audience de la commission parlementaire de la Knesset visant à déclarer le député Amichaï Chikli transfuge de son parti Yamina, le 25 avril 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Contrairement à ce que pense une partie de la population – que nous cherchons simplement une occasion de partir – pour nous, c’est le contraire. Nous sentons le poids de la responsabilité qui pèse sur les épaules de nos ministres et c’est pourquoi nous restons au sein du gouvernement », a-t-il poursuivi. « Tant que nous aurons le sentiment d’avoir de l’influence, nous resterons. Si nous estimons que [notre présence dans la coalition est] inutile, nous partirons. »

Kahana a répété que Netanyahu présidait « le pire gouvernement de l’Histoire de l’État d’Israël » et a insisté sur le fait « qu’il est approprié qu’il démissionne après la guerre ».

Un parti centriste avec une aile droite très forte

Le 13 mars, le député Gideon Saar a annoncé la rupture de l’alliance HaMahane HaMamlahti, entraînant avec lui ses trois collègues de Tikva Hadasha et privant ainsi le parti de son aile droite. Saar a également exigé un siège dans le cabinet de guerre, ce à quoi Gantz s’est opposé, tout comme Kahana.

Après l’annonce du départ de Saar, Kahana a écrit sur X, qu’il restait avec Gantz, et a déclaré que HaMahane HaMamlahti restait « un parti de centre avec une aile droite forte, qui, j’en suis sûr, deviendra encore plus forte à l’avenir ».

« Lorsque le moment sera venu de s’engager en politique », a déclaré Kahana dans son interview, « l’aile droite sera considérablement renforcée et les gens de droite se sentiront très à l’aise en votant pour HaMahane HaMamlahti ».

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