Katz appelle au déplacement des Palestiniens de Cisjordanie à la manière de Gaza
Le ministre des Affaires étrangères, soutenu par le ministre de l'Agriculture, préconise une "évacuation temporaire des civils palestiniens" des villes où Tsahal mène des raids anti-terroristes
Le ministre des Affaires étrangères Israel Katz a appelé mercredi Israël à envisager de déloger temporairement des Palestiniens dans le cadre d’un vaste raid anti-terroriste dans le nord de la Cisjordanie que l’armée israélienne a lancé à la suite de la tentative d’attentat-suicide à la bombe à Tel Aviv la semaine dernière.
« Nous devons traiter la menace [terroriste] exactement comme nous traitons l’infrastructure terroriste à Gaza, ce qui inclut l’évacuation temporaire des civils palestiniens et toute autre mesure nécessaire », a écrit sur le réseau social X le haut diplomate israélien, qualifiant l’opération de « guerre dans tous les sens du terme ».
Katz a déclaré que les troupes israéliennes opérant à Jénine, Tulkarem et dans d’autres régions s’efforçaient de démanteler un réseau terroriste mis en place en Cisjordanie avec le soutien de l’Iran.
« L’Iran œuvre à la création d’un front terroriste contre Israël en [Cisjordanie], suivant le modèle qu’il a utilisé au Liban et à Gaza, en finançant et en armant des terroristes et en faisant passer en contrebande des armes de pointe depuis la Jordanie », a-t-il ajouté sur X.
Au moins dix terroristes palestiniens auraient été tués jusqu’à présent lors d’affrontements et de frappes de drones de Tsahal. Plusieurs Palestiniens recherchés ont également été arrêtés dans le cadre de l’opération, selon l’armée.
Selon les Nations unies, environ 88,5 % du territoire de la bande de Gaza « a été placé sous ordre d’évacuation » à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre. Tsahal combat le groupe terroriste palestinien, qui est profondément ancré dans les zones civiles, tout en tachant de garder les civils en sécurité. Cette estimation tient compte de près d’un million de personnes évacuées de Rafah avant l’opération israélienne lancée au mois de mai.
L’ONU a déclaré lundi qu’elle avait été contrainte d’interrompre ses opérations humanitaires à Gaza en raison d’un nouvel ordre israélien d’évacuation de la zone de Deir el-Balah, selon un haut responsable onusien.
Les Gazaouis qui ont été pressés de fuir en amont de l’opération israélienne ont exprimé la crainte que leur déplacement forcé ne devienne permanent dans le cadre d’un prétendu projet israélien visant à s’emparer d’un plus grand nombre de territoires. Israël affirme que ces mesures sont nécessaires pour protéger les civils qui pourraient être pris entre deux feux alors que l’armée combat les terroristes du Hamas dans la bande de Gaza.
Selon le quotidien Israel Hayom, Katz – qui a récemment été critiqué pour des messages incendiaires publiés sur les réseaux sociaux par l’ancien porte-parole israélien Eylon Levy – avait déjà tenu des propos similaires concernant l’évacuation de Jénine lors d’une réunion à huis clos avec des dirigeants d’implantations.
Le ministre de l’Agriculture, Avi Dichter, a semblé soutenir Katz en déclarant à la Radio militaire que « si nous devons évacuer des gens pour assurer la sécurité de nos soldats, ils seront évacués. Ils ne seront pas envoyés à l’étranger, ils seront évacués et après cela, ils rentreront chez eux ».
Les précédentes déclarations publiques sur le conflit faites par Katz, Dichter et d’autres hauts fonctionnaires ont été citées devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye dans le cadre du procès pour « génocide » intenté par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël.
Dans son recours déposé à la CIJ, l’Afrique du Sud allègue qu’Israël a violé plusieurs articles de la Convention des Nations unies sur le génocide – émise après l’extermination de six millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, dont Israël est signataire – pendant la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, notamment en commettant un génocide, en incitant à un génocide, en tentant un génocide et en ne punissant pas l’incitation à un génocide.
Parmi les déclarations citées figure le tweet du 13 octobre de Katz déclarant : « Nous allons combattre le groupe terroriste du Hamas et le détruire. Toute la population civile de Gaza [sic] a reçu l’ordre de partir immédiatement. Nous gagnerons. Ils ne recevront pas une goutte d’eau ni une seule pile jusqu’à ce qu’ils quittent la terre. »
L’Afrique du Sud a également cité la déclaration du ministre du Patrimoine, Amichaï Eliyahu, selon laquelle « il n’existe pas de civils non impliqués à Gaza » et que l’utilisation d’armes nucléaires contre le Hamas serait une option.
Ils « connaissent ma position, même à La Haye, ils connaissent ma position », s’était-il ensuite vanté.
Selon un article paru le mois dernier sur le site d’information Walla, le procureur de l’État a envisagé d’interroger certains des parlementaires dont les appels à la destruction de l’ensemble de la bande de Gaza ont été mentionnés au cours de la procédure devant la CIJ.
Le mois dernier, la chaîne publique Kan a rapporté que le procureur Amit Aisman avait cherché à enquêter sur le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir pour incitation à la violence contre les habitants de Gaza – une démarche largement considérée comme un signal aux tribunaux internationaux que Jérusalem est capable de lancer des poursuites judiciaires contre ses propres fonctionnaires.
Le 12 août, le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a déclaré que le bloc devrait envisager de sanctionner Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich pour des propos qui, selon lui, constituent une « incitation aux crimes de guerre ».
Sur X, Borrell a condamné Ben Gvir pour avoir une fois de plus exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à couper toute l’aide et le carburant à la bande de Gaza. Il a également critiqué les « sinistres déclarations » de Smotrich, qui a récemment fait remarquer qu’affamer deux millions d’habitants de Gaza en refusant l’aide – afin de récupérer les otages du Hamas – pourrait être « justifié et moral », ajoutant toutefois que la communauté internationale ne permettra pas que cela se produise.
Smotrich a plus tard déclaré à Kan que ses déclarations avaient été mal comprises.