Kehlani, dont le concert a Cornell a été annulé, nie être antisémite, juste « contre le génocide »
La chanteuse accuse Israël de vouloir "exterminer un peuple entier", en réponse aux critiques sur ses messages pro-palestiniens tels que "Vive l’Intifada" ou "F- le sionisme"

JTA – La chanteuse de R&B Kehlani a rejeté les accusations d’antisémitisme visant son activisme pro-palestinien et anti-Israël, après l’annulation de son concert à Cornell sous la pression d’étudiants juifs.
« On me demande une fois de plus – pour la millionième fois – de déclarer que je ne suis pas antisémite, que je ne suis pas contre les Juifs », a déclaré Kehlani dans une vidéo publiée dimanche sur Instagram.
« Je suis contre les génocides. Je suis contre les actions du gouvernement israélien. Je suis contre l’extermination d’un peuple entier. Je suis contre les bombardements d’enfants, d’hommes, de femmes innocents. C’est à cela que je m’oppose », a-t-elle poursuivi.
Deux personnes apparaissent brièvement en arrière-plan de la vidéo. Kehlani les présente comme juives : l’une est sa meilleure amie, l’autre son ingénieur du son. Elle mentionne également sa collaboration avec des organisations juives pro-palestiniennes, notamment Jewish Voice for Peace (JVP), un groupe juif antisioniste.
Kehlani s’est montrée très critique à l’égard de la campagne militaire menée par Israël contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023. Dans un clip musical diffusé en juin dernier, elle a fait apparaître le message « Vive l’Intifada », une référence aux deux soulèvements palestiniens, dont le second a été marqué par une vague d’attentats suicides meurtriers.
Elle a également diffusé une autre vidéo au printemps dernier dans laquelle elle reprochait à d’autres artistes leur silence face au conflit, déclarant : « F– Israël, f– le sionisme, et f– beaucoup d’entre vous aussi. »
Le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annulé la participation de Kehlani au concert de fin d’année de l’université, appelé « Slope Day », après les inquiétudes exprimées par des étudiants juifs.
« Dans les jours qui ont suivi l’annonce de la venue de Kehlani, j’ai entendu de profondes préoccupations de la part de notre communauté : beaucoup sont en colère, blessés et déconcertés que le Slope Day mette en vedette une artiste ayant exprimé des propos jugés antisémites et anti-Israël lors de spectacles, dans des vidéos et sur les réseaux sociaux », a écrit Kotlikoff, qui est lui-même Juif, dans un email adressé à la communauté de Cornell.

Le groupe étudiant Cornellians for Israel a salué la décision sur Instagram, estimant que « c’est une victoire pour tous ceux qui valorisent la communauté et l’appartenance ».
La section JVP de l’école, a, en revanche, dénoncé cette annulation, accusant les administrateurs de l’université de dans une publication sur Instagram de « manquer de courage moral ».
« En réprimant toute indignation face au génocide à Gaza, ils se conforment sans scrupules à l’offensive brutale de l’administration Trump contre l’autonomie et la liberté des universités, tout en prétendant ‘lutter contre l’antisémitisme’ », peut-on lire dans leur communiqué.
Cornell est actuellement sous la menace d’une coupe d’un milliard de dollars de financement fédéral de la part de l’administration Trump, en raison de sa gestion présumée laxiste de l’antisémitisme sur le campus. L’université a engagé une procédure judiciaire pour contester cette décision.
Aucun nom n’a encore été annoncé pour remplacer Kehlani lors du Slope Day, mais des étudiants tentent d’organiser un « Community Slope Day » alternatif.
Une pétition en ce sens, lancée par la section locale des Socialistes démocrates d’Amérique, accuse Israël de génocide et affirme que l’annulation est motivée par la pression de « riches donateurs et d’administrateurs conservateurs ». La pétition comptait 113 signatures mercredi après-midi.
« Sur fond de bombes et d’effusion de sang, Cornell a annulé la venue de Kehlani sous prétexte de lutter contre l’antisémitisme, alors qu’en réalité l’administration rejette simplement ses prises de position politiques », indique encore la pétition. « Cela ne fait que prendre la communauté juive comme bouc émissaire. »
Dans la légende accompagnant sa vidéo, Kehlani interpelle également l’université, en écrivant, « Si vous voulez m’exclure d’une opportunité, faites en sorte que ce soit à cause de votre sionisme. N’en faites pas une affaire de haine antijuive. C’est une mise en scène. Tout cela parce nous voulons que que cessent les morts. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.