Kirk Douglas, star légendaire, est revenu au judaïsme après un grave accident
"J'ai toujours jeûné à Yom Kippour", racontait-il. "Je travaillais, mais je jeûnais. Et croyez-moi, ce n'était pas facile de faire l'amour à Lana Turner le ventre vide"
LOS ANGELES (JTA) – Kirk Douglas, l’acteur légendaire qui a incarné des légions de durs à cuire et qui a repris son héritage juif plus tard dans sa vie, est mort chez lui à Beverly Hills mercredi. Il avait 103 ans.
Au cours d’une carrière jalonnée de 87 films – 73 au grand écran et 14 à la télévision – le blond aux yeux bleus, Douglas, le menton à fossette en avant, a souvent été désigné comme le type le plus coriace qui soit, vainquant des hordes de Romains, de Vikings et d’autres méchants.
Nominé trois fois aux Oscars et récompensé par un Oscar pour l’ensemble de son œuvre et une Médaille présidentielle de la Liberté, Douglas est passé d’un jeune homme égocentrique et débauché à un acteur, un réalisateur, un auteur, un philanthrope et un étudiant de la Torah aux multiples talents qui ont laissé une empreinte profonde à Hollywood et dans le peuple juif.
Douglas a également été l’auteur de 11 livres, allant de mémoires personnelles et d’un roman sur le thème de la Shoah pour les jeunes lecteurs à un recueil de poésie dédié à sa femme.
Douglas est né Issur Danielovitch en 1916 dans la ville d’Amsterdam, dans le nord de l’État de New York, fils d’un immigrant juif russe alcoolique et illettré qui subvenait aux besoins de ses six filles et de son fils en tant que chiffonnier et brocanteur.
Une chance de s’en sortir s’est présentée peu après sa bar-mitsva, lorsque la synagogue Sons of Israel lui a proposé de financer ses études rabbiniques. Douglas refusa fermement, déclarant qu’il deviendrait acteur. Il a gardé cette ambition pendant ses études à l’université Saint Lawrence grâce à une bourse et aussi durant son service militaire passé dans la marine américaine lors de la Seconde Guerre mondiale.
Son premier rôle au cinéma remonte à 1946, lorsqu’il a joué le mari de Barbara Stanwyck dans « The Strange Love of Martha Ivers ». Douglas a reçu des critiques favorables, mais sa carrière n’a vraiment décollé que trois ans (et six films) plus tard, lorsqu’il a incarné Midge Kelly, un boxeur féroce et amoral dans « Champion ». Cette performance lui a valu une nomination pour l’Oscar du meilleur acteur.
Avec une renommée et une fortune croissantes, Douglas s’intéressait peu à la pratique juive, bien qu’il y ait eu des exceptions.
« J’ai toujours jeûné à Yom Kippour », a-t-il déclaré à un journaliste. « Je travaillais quand même sur le plateau de tournage, mais je jeûnais. Et laissez-moi vous dire que ce n’est pas facile de faire l’amour à Lana Turner le ventre vide. »
Dans ses dernières années, Douglas est revenu au judaïsme, un changement qu’il situe à la suite d’une collision presque mortelle en 1991 entre son hélicoptère et un avion de cascadeur dans laquelle deux hommes plus jeunes sont morts. L’accident a comprimé sa colonne vertébrale de 7 centimètres. Allongé dans un lit d’hôpital avec d’atroces douleurs au dos, il a commencé à réfléchir au sens de sa vie.
« J’en suis venu à croire que j’avais été épargné parce que je n’avais jamais compris ce que signifie être juif », a-t-il déclaré.
Douglas s’est lancé dans un programme intensif d’étude de la Torah avec un certain nombre de jeunes rabbins et a célébré une seconde fois sa bar mitzvah à l’âge de 83 ans, en expliquant aux stars hollywoodiennes entassées dans la synagogue de 200 places du Sinai Temple pour l’occasion : « Aujourd’hui, je suis un homme ».
Aucune de ses deux épouses – la défunte actrice Diana Dill et Anne Buydens, qu’il a épousée en 1954 – n’était juive, et aucun de ses enfants n’a été élevé dans la religion. Mais son fils aîné, l’acteur-réalisateur Michael Douglas, a renoué avec le judaïsme et a remporté le prix Genesis 2015, une récompense d’un million de dollars récompensant les Juifs qui ont accompli de grandes choses et qui font preuve de valeurs juives.
En 2014, à l’occasion du 50e anniversaire de mariage de Douglas, Buydens a surpris les invités en annonçant qu’elle s’était convertie au judaïsme.
« Kirk a été marié à deux shiksas et il est temps qu’il épouse une gentille fille juive », a-t-elle proclamé.
Dans les années 50 et 60, Douglas s’est régulièrement classé parmi les meilleures stars masculines d’Hollywood pour sa détermination à exercer son métier, tout en faisant des apparitions à Broadway et à la télévision. Il était également connu pour son égocentrisme dans une ville qui ne manquait pas d’ego démesuré et pour avoir couché avec un nombre incalculable de femmes, dont beaucoup de reines du grand écran.
Dans les années 1950, il a joué dans 23 films. Il a été nommé pour la catégorie meilleur acteur aux Oscars pour « The Bad and the Beautiful » et « Lust for Life ». Et en 1953, il a joué le rôle d’un survivant de la Shoah dans « The Juggler », le premier film hollywoodien à avoir été tourné en Israël.
Il a ouvert la décennie des années 1960 avec « Spartacus », peut-être son film le plus mémorable, dans lequel il jouait le chef d’une rébellion d’esclaves dans la Rome antique. Le film a remporté quatre Oscars, mais aucun pour Douglas.
Mais Douglas s’est distingué en insistant pour que l’écrivain Dalton Trumbo, qui avait été mis sur la liste noire des communistes pendant une décennie mais continuait à écrire sous un pseudonyme, soit crédité à l’écran malgré les avertissements terribles qu’une telle provocation mettrait fin à sa propre carrière à Hollywood. Douglas a été honoré pour cette prise de position en 2011 par le Festival du film juif de San Francisco.
En 1996, Douglas a subi une attaque cérébrale qui l’a laissé sans voix. Il est tombé dans une profonde dépression qui l’a presque conduit au suicide.
Quelques mois plus tard, il faisait sa première apparition en public pour recevoir un Oscar pour l’ensemble de sa carrière.
« La plupart des stars de son envergure ont une stature mythique », a déclaré le réalisateur Steven Spielberg en remettant le prix à Douglas. « Kirk Douglas n’a jamais voulu cela. Il n’a pas qu’un seul personnage qui le rend unique. Il a plutôt une honnêteté singulière, une volonté d’être inimitable ».
« Qu’il soit face à un personnage à l’écran ou face à l’effet trop réel d’un récent accident vasculaire cérébral, le courage reste la marque personnelle et professionnelle de Kirk Douglas », a déclaré M. Spielberg.
Grâce à des efforts rigoureux, Douglas a réappris à parler – lentement, avec une légère imperfection. Il a ensuite publié un livre sur cette expérience, intitulé « My Stroke of Luck » (Mon coup de chance).
Parmi ses autres livres figurent « Let’s Face It », qui proclame que la romance commence à 80 ans ; « I Am Spartacus ! », qui se concentre sur la réalisation du film et la fin de la liste noire ; et « Climbing the Mountain », qui retrace sa quête de spiritualité et d’identité juive.
En 2014, à 98 ans, il a publié son premier livre de poésie, « Life Could Be Verse », dans lequel il a exprimé son amour profond pour sa femme ainsi que son chagrin à la mort de son plus jeune fils, Eric, qui est mort d’une overdose volontaire.
Avec sa femme, Douglas a donné plus de 100 millions de dollars à des œuvres de charité aux États-Unis et en Israël. Le couple a créé près de 400 terrains de jeux dans des quartiers pauvres de Los Angeles et de Jérusalem, une unité hospitalière pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et un théâtre face au mur Occidental où sont projetés des films sur l’histoire du judaïsme et de Jérusalem.
En 1981, Douglas a reçu du président Jimmy Carter la Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute récompense civile américaine.
Avec sa femme et son fils Michael, Douglas laisse dans le deuil ses fils Peter et Joel Douglas, sept petits-enfants – Cameron, Dylan, Carys Zeta, Kelsey, Jason, Tyler et Ryan – et une sœur, Ida Sahr de Schenectady, New York.