La Cour suprême « se tirerait une balle dans la tête » en disqualifiant Deri – élu Shas
Avraham Bezalel nie que ses propos sur le rôle ministériel contesté du chef du parti soient une menace, alors que le gouvernement prévoit de réduire les pouvoirs du système judiciaire
Un membre du parti Shas a déclaré mardi que toute décision visant à disqualifier le chef du parti Aryeh Deri d’un rôle ministériel reviendrait pour les juges à « se tirer une balle dans la tête ».
Avraham Bezalel, député du parti Shas, a tenu ces propos lors d’une interview accordée à la chaîne de la Knesset, avant que la Haute Cour ne se prononce sur l’aptitude de Deri à occuper un poste de ministre dans le nouveau gouvernement. La décision devrait être publiée dans les prochains jours.
Il est fort probable que la Cour déclare que la nomination, par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, de Deri comme ministre de l’Intérieur et de la Santé dans le nouveau gouvernement constitue une décision « extrêmement déraisonnable », compte tenu des trois condamnations antérieures de Deri, dont une l’année dernière pour des délits fiscaux qui lui a valu une peine de prison avec sursis. Deri avait alors promis à la cour qu’il ne se représenterait plus.
L’interview a eu lieu alors que le gouvernement est en train de planifier la refonte du système judiciaire, l’annulation de l’argument du « caractère déraisonnable » qui devrait être utilisé contre Deri, et la possibilité pour la coalition de nommer les juges, d’annuler les décisions de la Haute Cour et de nommer les conseillers juridiques des ministères.
« Je pense qu’en fin de compte, si [les juges] décident de le disqualifier, ils se tirent une balle, je dirais même dans la tête. Ils sont conscients de combien la situation actuelle est délicate, ils comprennent ce que pense la population. On voit les manifestations et on voit ce qui se passe dans les rues depuis quelques semaines ces dernières semaines vu la situation générale », a déclaré le député du Shas Avraham Bezalel à la chaîne Knesset TV.
Lorsqu’on lui a demandé si ses remarques étaient intentionnellement conçues comme une menace à l’encontre des juges de la Haute Cour, Bezalel a répondu qu’il ne « pense pas que ce soit menaçant du tout. Je comprends que les juges doivent prendre cette décision et je n’ai aucun doute sur le fait que ce sujet est sur le tapis. »
Il n’a pas précisé ses propos.
Plus tard dans la journée de mardi, suite au tollé provoqué par ses remarques, Bezalel a déclaré que ses propos avaient été mal compris.
« En tant que personne pour qui la confiance du public dans le système judiciaire est importante, je voulais dire que si la décision de la Haute Cour annule le choix de plus de 400 000 citoyens [qui ont voté pour Shas], cela nuirait considérablement à la confiance du public dans la Cour », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Selon la presse israélienne, lors d’une réunion de faction lundi, Deri aurait demandé aux députés du Shas d’intensifier leur rhétorique contre cette possibilité et de souligner qu’une telle décision « nuirait aux électeurs [du Shas], pas à [lui] ». Il aurait ajouté : « J’ai été élu par la population, pas par les juges de la Cour suprême. »
Deri aurait déclaré au cours de la réunion qu’il ne démissionnera pas même si le tribunal se prononce contre lui, selon la Treizième chaîne.
Si Deri refuse de démissionner, il reviendra probablement à Netanyahu de le limoger. Si le Premier ministre, qui est lui-même actuellement jugé dans trois affaires de corruption, refuse de le faire, le rejet sans précédent de la décision entraînera probablement de nouvelles requêtes auprès de la Haute Cour pour l’obliger à renvoyer Deri, son principal partenaire de coalition.
« Que je sois renvoyé ou non, c’est l’affaire de Netanyahu », aurait déclaré Deri.
Les recours déposés à la Haute Cour font valoir que la condamnation de Deri en 2022, associée à une condamnation en 1999 pour corruption pour laquelle il a purgé une peine de prison, rend sa nomination en tant que ministre « déraisonnable ».
Si la cour se prononce contre lui, la coalition espère adopter une loi dans les deux mois environ pour permettre à Deri de redevenir ministre.
Un sondage réalisé ce mois-ci indique que moins d’un quart des Israéliens soutiennent la nomination de Deri. L’enquête de la Douzième chaîne a révélé que 65 % des personnes interrogées s’y opposaient, 22 % la soutenaient et 13 % étaient incertaines.
Parmi les partisans du bloc de Netanyahu, 43 % ont déclaré qu’il n’était pas approprié pour Deri de servir comme ministre, tandis que 42 % ont déclaré que c’était le cas.
Michael Bachner a contribué à cet article.