La Haute cour gèle la démolition des domiciles des tueurs de Har Nof
Les familles avaient fait appel de l'ordonnance de démolition ; les groupes de défense des droits de l’Homme ont déposé une requête
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
La Haute cour de justice a délivré une ordonnance temporaire interdisant au gouvernement de raser les domiciles des deux terroristes qui ont tué quatre fidèles et un policier à la synagogue de Har Nof la semaine dernière.
Les familles d’Uday et Ghassan Abu Jamal, les cousins du quartier de Jabel Mukaber de Jérusalem-Est qui sont les auteurs de l’attaque d’Har Nof, devaient recevoir l’ordonnance de démolition de leurs maisons jeudi dernier.
La décision de la Haute cour a été prise suite à un appel déposé par des groupes de défense des droits des Palestiniens au nom des familles des terroristes, et après que huit groupes de défense des droits de l’Homme aient eux aussi déposé une requête auprès de l’instance juridique pour faire condamner cette mesure comme « un crime de guerre ».
Mercredi, la Haute cour a aussi gelé la destruction de deux autres maisons : celle de Mautaz Hijazi, le Palestinien qui avait tiré sur le militant Yehuda Glick, et Ibrahim al-Akary de Shuafat qui avait percuté des piétons avec sa voiture.
Akary a tué deux personnes, un agent de la police des frontières, Jedan Assad, et l’adolescent de 17 ans, Shalom Baadani, le 5 novembre lorsqu’il a foncé avec sa voiture dans une station de tramway à Jérusalem. Les deux hommes ont été tués par les forces israéliennes.
La requête déposée par les groupes de défense des droits de l’Homme – dont BTselem et Physicians for Human rights [Les physiciens pour les droits de l’Homme est une organisation non gouvernementale fondée en 1986 qui utilise la science et la médecine pour mettre un terme aux violations des droits de l’Homme] – accuse les ordonnances de démolition, qui se fondent sur des procédures mises en place par le Mandat britannique de 1945 qui ont été adoptées par la suite par Israël comme des mesures dissuasives, « sont illégales dans la mesure où elles violent le droit humanitaire international, le droit international des droits de l’Homme, et droit administratif et constitutionnel israélien ».
La requête soutient que tous les experts israéliens qui « connaissent ce sujet » s’opposent à cette mesure qu’ils considèrent comme une punition collective.
Cette mesure punitive est condamnée par la communauté internationale même si Israël maintient que cette pratique a un effet dissuasif sur les potentiels terroristes.
La semaine dernière, le porte-parole du Département d’Etat américain, Jeff Rathke a déclaré que les démolitions « étaient contreproductives dans un contexte déjà tendu ».
« C’est une pratique, je souhaite le rappeler, que le gouvernement israélien, lui-même, a abandonné, reconnaissant ses conséquences négatives », a-t-il ajouté.
La semaine dernière, Israël a détruit la maison d’Abdelrahman al-Shaludi à Silwan. Le terroriste palestinien de 21 ans avait percuté des piétons en octobre. Il avait tué un bébé de 3 mois, Chaya Zissel Braun et Karen Yemina Muscara, une étudiante équatorienne. Il a été abattu par les forces de l’ordre.
La démolition est l’une des actions punitives prises par le gouvernement à l’encontre des personnes accusées de terrorisme ou des familles de terroristes.
Mercredi, le ministre de l’Intérieur Gilan Erdan a retiré le permis de séjour de la veuve de l’un des terroristes d’Har Nof, et l’a expulsé en dehors du territoire israélien. Il lui a aussi retiré tous ses droits sociaux et financiers.
Les cousins Abu Jamal étaient entrés dans la synagogue dans le quartier d’Har Nof armés d’un hachoir et d’une arme mardi dernier. Ils ont tué le rabbin Moshe Twersky, Aryeh Kupinsky, le rabbin Kalman Levine et le Rabbin Avraham Schmuel Goldberg. Zidan Saif, un policier, a été gravement blessé lors de l’attaque et a plus tard succombé à ses blessures, amenant le bilan des décès à 5 morts.
Le gouvernement israélien a toujours en sa possession les dépouilles des deux cousins qui ont été abattus par la police. Cela fait aussi partie des mesures punitives mises en place par le gouvernement.