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La Knesset adopte la loi sur la hausse du salaire minimum en lecture préliminaire

Nouveau revers pour la coalition en pleine crise, le parti Raam a rompu les rangs avec l'alliance au pouvoir en votant en faveur d'une loi de la Liste arabe unie de l'opposition

Le Premier ministre Naftali Bennett  pendant une discussion et un vote sur le salaire minimum à la Knesset de Jérusalem, le 8 juin 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Naftali Bennett pendant une discussion et un vote sur le salaire minimum à la Knesset de Jérusalem, le 8 juin 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Nouveau coup porté au gouvernement déjà vacillant, un projet de loi soumis par l’opposition qui prévoit une hausse du salaire minimum a été adopté en lecture préliminaire à la Knesset, mercredi. Certains députés de l’alliance au pouvoir ont rompu les rangs et ils ont voté en sa faveur.

Les députés se sont ainsi prononcés pour une augmentation du taux horaire minimum qui passe à 40 shekels – il était de 29,12 shekels jusqu’à présent. La majorité des partis de la coalition s’opposaient à cette initiative.

C’est une législatrice de la formation Travailliste, intégrée dans la coalition, qui parrainait l’un des trois textes qui étaient proposés au vote, les deux autres étant avancés par l’opposition. La coalition avait pour sa part choisi de s’opposer aux trois lois, prenant en compte l’opposition du ministère des Finances qui ne souhaite pas élever le salaire minimum.

Il y a eu des querelles intenses parmi les partis de l’alliance au pouvoir avant la lecture du texte sur la manière d’aborder le vote, Raam défiant la discipline de coalition et faisant clairement savoir que la faction se prononcerait en faveur de la proposition soumise par la Liste arabe unie, parti à majorité arabe.

Le parti Yesh Atid s’est refusé, pour sa part, à accorder toute liberté de vote à ses députés et les parlementaires de la coalition ont finalement décidé de s’abstenir lors de ce scrutin. Toutefois, le ministre de la Justice, Gideon Saar, s’est opposé à cette idée, insistant sur la nécessité pour les législateurs de s’impliquer en votant conformément au positionnement adopté par le gouvernement, selon la presse israélienne. Dans un compromis de dernière minute, les formations issues de la coalition se sont retirées du vote, permettant ainsi aux trois textes d’être adoptés.

Défiant la coalition, la députée du Meretz Ghaida Rinawie Zoabi et la formation Raam ont apporté leur soutien à cette loi sur le salaire minimum. Le leader de Raam, Mansour Abbas, n’était pas en séance plénière. C’est la deuxième fois de la semaine que Zoabi et Raam se distancient de la coalition par leur vote.

Le premier texte présenté, qui était parrainé par Ahmed Tibi et Osama Saadi de la Liste arabe unie d’opposition, a été approuvé avec 23 voix « pour » et 4 voix « contre ». Le deuxième, chapeauté par la Travailliste Naama Lazimi, est passé avec 19 voix « pour » et 3 voix « contre » et le troisième, soumis par Orly Levy-Abekasis, de la formation d’opposition du Likud, a été adopté avec 22 voix « pour » et 4 voix « contre ».

Le Premier ministre Naftali Bennett était en séance plénière et il a voté contre les lois, tout comme le chef de la coalition Boaz Toporovsky, Michal Shir de Tikva Hadasha et le vice-président de la Knesset Eitan Ginzburg de Kakhol lavan, qui présidait la session.

Les députés Osama Saadi, à gauche et Ahmad Tibi après un vote sur un projet de loi sur l’augmentation du salaire minimum à la Knesset de Jérusalem, le 8 juin 2022. (Crédit :Yonatan Sindel/Flash90)

La députée Travailliste Lazimi, qui s’est longtemps battue pour une augmentation du salaire minimum, s’est abstenue de voter pour la législation qu’elle avait présentée elle-même à la Knesset, disant en séance plénière, en larmes que « ça me tue de devoir partir alors que je veux voter pour ».

« Nous allons quitter la salle afin de respecter la discipline de coalition et afin également que le projet de loi soit adopté », a-t-elle ajouté. « Ce projet de loi sera adopté parce que nous allons quitter la séance plénière ».

« Ce qui m’importe le plus, finalement, c’est que cette loi soit adoptée aujourd’hui en lecture préliminaire et ce malgré le grand chagrin que je ressens de ne pas pouvoir voter pour – mais je sais qu’en agissant de cette manière, je fais ce qui est juste », a-t-elle poursuivi.

Son parti Travailliste s’est montré plus optimiste, disant dans un communiqué que « nous sommes satisfaits d’avoir trouvé un accord avec les responsables de la coalition qui nous permet de faire adopter la loi d’un côté et de maintenir l’unité et l’intégrité de la coalition de l’autre ».

Abir Kara, du parti Yamina, a estimé que l’augmentation du salaire minimum, telle qu’elle est envisagée dans la loi, nuira aux entreprises et « pèsera à terme particulièrement sur les plus vulnérables au sein de la société israélienne et elle entraînera une hausse du prix du carburant et une hausse des prix en général ».

« Si des Israéliens se retrouvent écartés du monde du travail, cela sera bien à cause de cette législation », a averti Kara, qui est vice-ministre au sein du bureau du Premier ministre.

Un débat avant un vote sur la hausse du salaire minimum à la Knesset de Jérusalem, le 8 juin 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Ces lois ont été élaborées sous l’impulsion de Standing Together, une organisation qui se milite pour la justice sociale.

« Les vrais héros aujourd’hui, ce ne sont pas les hauts-responsables qui ont cédé aux pressions publiques qui ont pu être exercées mais ce sont tous ces gens qui ont poussé à l’action, qui se sont organisés, qui ont agi et qui ont prouvé que quand il y a une campagne menée, il y a aussi de l’espoir », a dit le groupe dans un communiqué après la session de la Knesset.

L’incapacité de l’alliance au pouvoir de bloquer le texte est la dernière crise traversée par le gouvernement en difficulté, qui se bat pour rester à la tête du pays depuis qu’il a perdu sa majorité parlementaire au début du mois d’avril – et qui semble plus que jamais au bord de l’effondrement.

Lundi, un projet de loi déterminant prévoyant le renouvellement d’une mesure qui élargit l’application d’une partie du droit civil et pénal aux résidents des implantations de Cisjordanie a été rejetée à la Knesset par l’opposition, avec l’aide de deux députés de la coalition.

Le législateur de Raam, Mazen Ghanaim, et Zoabi, du Meretz, ont voté contre le texte tandis que d’autres députés de la coalition se sont abstenus. Leur décision de rompre les rangs a créé davantage de turbulences dans la coalition et les responsables gouvernementaux, et notamment le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, ont demandé aux rebelles de démissionner.

Le ministre de la Justice Gideon Saar, qui supervisait ce projet de loi, avait déclaré que ce vote en particulier serait un test déterminant pour la viabilité de la coalition et il a indiqué qu’il présenterait une nouvelle fois au vote cette mesure dès la semaine prochaine. Zoabi aurait indiqué à ses collègues qu’elle voterait « contre » à nouveau.

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