La Knesset vote massivement contre la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien
99 députés ont soutenu la déclaration de principe du Premier ministre ; Lapid, qui a voté pour, y voit une distraction et assure que la reconnaissance unilatérale n'est pas dangereuse

La Knesset a voté mercredi en faveur de la résolution du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui s’oppose à toute reconnaissance « unilatérale » d’un État palestinien, alors que les appels internationaux se multiplient pour la reprise des négociations pour parvenir à une solution à deux États à un conflit vieux de plusieurs dizaines d’années.
Rendue publique sur fond de guerre à Gaza entre Israël et le groupe terroriste Hamas, cette déclaration de principe a également reçu le soutien de membres de l’opposition, puisque 99 députés sur les 120 que compte la Knesset ont voté pour, a déclaré le porte-parole de la Knesset.
Selon cette déclaration, tout accord permanent avec les Palestiniens sera le fruit de négociations directes entre les parties et non de diktats internationaux.
« La Knesset s’est exprimée à une écrasante majorité contre la tentative de nous imposer la création d’un État palestinien, qui non seulement ne nous apporterait pas la paix, mais en outre mettrait en danger l’État d’Israël », a déclaré Netanyahu.
Le chef de l’opposition Yair Lapid, qui a voté en faveur de cette résolution, a déclaré aux députés qu’en dépit de son vote favorable, il ne croyait pas que les États-Unis avaient l’intention de reconnaître de façon unilatérale un État palestinien.
« Comme vous le savez, j’ai de meilleures relations que vous avec les Américains, donc je me suis renseigné. Il n’y a rien de tel. Vous avez inventé une menace qui n’existe pas. De quoi parle-t-on ? Personne dans le monde n’a suggéré une reconnaissance unilatérale des Palestiniens », a-t-il déclaré.
Lapid a qualifié ce débat de distraction destiné à ce que la Knesset n’examine pas un projet de loi polémique soutenu par le gouvernement.

Ce vote a été condamné par le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, qui reproche à Israël de prendre en otage les droits du peuple palestinien en contrôlant les territoires où les Palestiniens souhaitent établir leur État.
« Le ministère réaffirme que l’adhésion de l’État de Palestine aux Nations unies et sa reconnaissance par d’autres pays ne requièrent pas l’autorisation de Netanyahu », a-t-il déclaré par voie de communiqué.
Netanyahu a fait voter ce texte à la Knesset sur la foi d’informations selon lesquelles les États-Unis et plusieurs pays arabes préparaient un plan détaillé en vue d’un accord de paix global entre Israël et les Palestiniens avec un « calendrier ferme » pour un État palestinien.
La motion gouvernementale présentée ce dimanche estime qu’un tel mouvement constituerait une « récompense pour le terrorisme » et le massacre des communautés du sud par le Hamas, le 7 octobre, à l’origine de l’actuel conflit dans la bande de Gaza.

L’ambassadeur américain en Israël, Jack Lew, a fait en sorte d’apaiser les craintes quant à l’existence de telles discussions de la part de l’administration Biden, parlant plutôt d’un « processus de plus long terme avec un État palestinien démilitarisé.
« Désormais, il existe une réelle possibilité, avec la normalisation et les négociations avec l’Arabie saoudite » sans oublier des réformes au sein de l’Autorité palestinienne, « d’envisager un État palestinien démilitarisé. Mais Israël devra en faire le choix », a déclaré Lew.
Netanyahu s’était déjà prononcé contre la création d’un État palestinien, suivi en cela par d’autres qui refusent les propositions de Washington et d’autres capitales de profiter des négociations d’un cessez-le-feu dans la guerre à Gaza – déclenchée par l’attaque brutale du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre – pour relancer des initiatives moribondes en vue d’une solution à deux États.
Certains pays et enceintes internationales estiment que ces violences plaident plus que jamais en faveur d’un accord de paix, ce à quoi les autorités israéliennes rétorquent que l’attaque a souligné l’extrême danger posé par l’existence d’une entité palestinienne autonome à proximité de ses centres de population.
Par ailleurs, dans le contexte du regain de soutien des Palestiniens au Hamas, suite aux atrocités, la population israélienne semble peu portée aux initiatives de paix.