La police ne peut pas exister « sans légitimité publique », dit Shabtaï
Le commissaire de la police israélienne et Itamar Ben Gvir sont apparus côte à côte lors de l'inauguration d'un commissariat sur fond de tensions entraînées par les manifestations
Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtai, a souligné mardi l’importance de la confiance placée par les citoyens dans les forces de l’ordre sur fond de tensions avec le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui réclame aux agents une prise en charge plus agressive de l’important mouvement de protestation actuel qui dénonce le gouvernement dans tout le pays.
Shabtai s’est exprimé alors qu’il se tenait aux côtés de Ben Gvir lors de l’inauguration d’un nouveau commissariat à Segev Shalom, une ville bédouine du sud du pays – un nouveau commissariat qu’il a qualifié « de pierre angulaire dans l’approche de la police ».
« Notre objectif est clair et sans équivoque : C’est celui de renforcer le sentiment de sécurité », a expliqué Shabtai. « Mais la police israélienne ne peut pas agir seule. Pour offrir des services optimaux, il faut des changements profonds dans le respect de la loi, dans le partenariat communautaire, dans la coopération avec le chef du conseil, avec les dignitaires de la communauté, et, plus important que tout le reste, il faut créer le lien avec la communauté elle-même. »
« Le lien avec la communauté est la condition nécessaire pour des services de police qui fonctionnent de manière optimale », a-t-il poursuivi.
Remerciant les agents, Shabtai a noté que la police « fait le maximum » pour les citoyens israéliens.
« Sans légitimité publique, nous n’avons pas le droit d’exister en tant que police », a-t-il déclaré.
Hormis de se serrer la main, Ben Gvir et Shabtai n’ont eu aucune interaction pendant cet événement, a affirmé la Douzième chaîne.
Dans sa propre allocution, Ben Gvir a fait allusion aux informations qui ont laissé entendre que Shabtai avait donné pour instruction à ses subordonnés d’éviter tout contact direct avec le ministre en raison des pressions exercées par ce dernier sur les responsables des forces de l’ordre pendant les manifestations récentes.
« Il y a ceux qui me disent que je suis les choses de trop près, que je pose trop de questions, que je demande trop de clarifications. Mais je suis comme ça, c’est inscrit en moi. C’est mon travail », a-t-il dit.
Ben Gvir, dont la formation ultra-nationaliste Otzma Yehudit avait fait campagne sur un programme alliant ordre et respect de la loi, a aussi promis de « faire tout ce qui est possible pour que la sécurité soit préservée pour chaque individu. »
« Nous œuvrerons à construire un lien fort entre tous ceux qui font preuve de loyauté à l’égard de ce pays et qui l’aiment… entre tous ceux qui veulent vivre dans un état d’esprit de coopération et de coexistence véritable. Mais nous agirons avec force contre le crime et contre les constructions illégales », a-t-il ajouté.
La semaine dernière, Ben Gvir avait tenté de limoger le chef de la police du district de Tel Aviv, Ami Eshed, après avoir déploré la prise en charge par les agents des manifestants anti-gouvernementaux qui avaient notamment bloqué les routes et l’autoroute de Tel Aviv et qui était, selon lui, trop conciliante. La police « n’a pas suivi mes instructions pendant toute la journée, à l’aéroport et sur l’autoroute… Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent – cela ne continuera pas », avait-il apparemment affirmé.
Vendredi, la procureure-générale Gali Baharav-Miara avait gelé ce renvoi, disait qu’elle soupçonnait qu’il était d’ordre politique.
Shabtai avait approuvé la rétrogradation d’Eshed dans un contexte apparent de tensions avec ce dernier, admettant néanmoins samedi que prendre cette initiative dans les circonstances actuelles avait été une erreur mais qu’il ne comptait pas démissionner.
Eshed était en vacances pendant le mouvement de protestation massif qui avait eu lieu à Tel Aviv en date du 1er mars – quand la police avait été accusée d’avoir eu la main lourde à l’égard des manifestants. Il y avait eu plusieurs blessés. Son adjoint avait supervisé les rassemblements et la conduite agressive de la police avait été saluée par Ben Gvir.
Ben Gvir a aussi essayé de contourner la procureure-générale, déposant lundi une requête devant la Haute cour pour lui demander de lui permettre de nommer un avocat indépendant susceptible de le représenter dans les plaintes déposées à son encontre et à l’encontre de son ministère. Cette requête a été rejetée par la Cour, mardi.