La procureure générale ordonne une enquête sur Sara Netanyahu pour harcèlement de témoin
Uvda accuse l’épouse du Premier ministre d’avoir harcelé un témoin clé ; les alliés de Netanyahu dénoncent une "application sélective de la loi" et appellent à l’éviction de Baharav-Miara

La procureure générale et le procureur en chef ont demandé jeudi à la police d’ouvrir une enquête sur Sara Netanyahu, à la suite d’un reportage diffusé la semaine dernière selon lequel elle aurait tenté d’intimider un témoin et d’interférer dans l’affaire de corruption contre son mari, le Premier ministre Benyamin Netanyahu.
Cette décision, rapidement dénoncée par les partisans du Premier ministre, a été prise quelques heures seulement après que ce dernier a publié une vidéo de quatre minutes dans laquelle il accuse les médias de propager une accusation de « meurtre rituel » à l’encontre de son épouse.
Dans un bref communiqué ne mentionnant pas explicitement Sara Netanyahu, la procureure générale Gali Baharav-Miara et le procureur Amit Aisman ont réclamé une enquête pour des accusations de harcèlement de témoins et d’obstruction à la justice.
Le reportage repose sur des communications internes entre Netanyahu et Bleiweiss, décédée d’un cancer en 2023. Les journalistes ont obtenu l’accès au téléphone de cette dernière.
Hadas Klein fait partie des nombreuses personnes ayant déposé plainte auprès de la police contre Netanyahu après la diffusion du reportage.
La chaîne N12 a rapporté jeudi que l’enquête prévue sur Sara Netanyahu serait traitée par Lahav 433, l’unité des crimes graves de la police. Une source policière citée par le quotidien Haaretz a indiqué que les enquêteurs demanderaient l’accès aux téléphones de Bleiweiss et, potentiellement, de Sara Netanyahu. Selon cette source, Sara Netanyahu devrait être interrogée dans le cadre de l’enquête, mais cela n’interviendrait pas dans l’immédiat.

Selon Haaretz, Aisman et Baharav-Miara auraient discuté de l’opportunité d’une enquête sur Netanyahu en raison de sa grande notoriété publique, et se seraient tous deux prononcés en faveur de cette démarche. La chaîne rapporte également qu’un officier de police ayant examiné le reportage de l’émission Uvda s’est montré favorable à l’ouverture d’une enquête.
Les alliés du Premier ministre se sont vivement opposés à cette initiative, tandis que les critiques du gouvernement l’ont accueillie avec satisfaction.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui s’est récemment opposé à d’autres ministres pour leur incapacité à démettre Baharav-Miara de ses fonctions, a accusé cette dernière de mener une persécution politique contre Sara Netanyahu.
« Quiconque persécute politiquement des ministres du gouvernement et leurs familles ne peut pas continuer à exercer les fonctions de procureur général », a-t-il déclaré, déplorant que le limogeage de Baharav-Miara ne figure pas à l’ordre du jour de la réunion du cabinet prévue dimanche.
« Il est regrettable que certains persistent à s’enfouir la tête dans le sable et refusent de voir clair », a-t-il ajouté, semblant viser le ministre de la Justice, Yariv Levin.
Les membres du gouvernement de droite, y compris Levin, ont mené une campagne d’un mois visant à limoger Baharav-Miara. Les dirigeants des partis de la coalition se sont déjà accordés sur cette mesure, mais en ont confié le calendrier précis à Levin, qui préfère donner la priorité à d’autres volets de la réforme judiciaire du gouvernement.

Levin a lui aussi dénoncé l’ordre de la procureure générale et du procureur de l’État d’enquêter sur Sara Netanyahu, en écrivant sur Telegram que « l’application sélective de la loi est une fois de plus apparue dans toute sa laideur ».
Le ministre de la Justice a déclaré qu’au lieu d’enquêter sur les « ragots de la télévision », la procureure générale et le procureur de l’État feraient mieux de se concentrer sur les critiques du gouvernement qui auraient encouragé les réservistes de Tsahal à refuser de servir et menacé le commissaire de police Daniel Levy. Ce dernier, selon le reportage de l’émission Uvda, aurait été encouragé par Sara Netanyahu à user de violence contre les manifestants anti-gouvernementaux lorsqu’il était chef de la police à Tel Aviv.
Le président de la Knesset, Amir Ohana, a exprimé des critiques similaires, accusant Gali Baharav-Miara d’être « paresseuse et atteinte de cécité, de surdité et de mutisme lorsqu’il s’agit [d’enquêter] sur son propre camp politique ». Il a ajouté, « Nous lui souhaitons un prompt rétablissement. »
Cette déclaration a suscité une vive réaction de Shirley Pinto, ancienne députée et première personne malentendante de l’histoire de la Knesset qui a écrit sur X, : « Qu’avons-nous appris aujourd’hui ? Qu’il est acceptable d’utiliser le handicap d’une personne pour insulter une autre. »
Naama Lazimi, députée travailliste dont le bureau a recueilli des plaintes policières contre Sara Netanyahu après le reportage de Uvda, a salué la décision d’ouvrir une enquête sur l’épouse du Premier ministre.
« Nous n’abandonnerons pas tant que justice n’aura pas été rendue, tant qu’Israël ne sera pas libéré de l’étau de cette famille et de la machine à poison qui l’entoure », a-t-elle écrit sur X.
Le reportage de Uvda ne se limite pas aux accusations d’intimidation présumée de témoins. Il révèle également que Sara Netanyahu aurait organisé une manifestation devant la maison d’une famille voisine dont le fils, pilote de chasse, avait été tué au combat. Cette famille aurait permis à des manifestants anti-gouvernementaux d’utiliser leur domicile comme base pour une manifestation. Le reportage indique également que Sara Netanyahu aurait encouragé des policiers à user de violence contre des manifestants anti-gouvernementaux et qu’elle aurait maltraité son ancienne assistante, Hanni Bleiweiss.
La famille de Bleiweiss aurait déposé une plainte contre les Netanyahu pour harcèlement et mauvais traitements.