L’agent des renseignements mort en prison en 2021 reconnu « soldat mort au combat »
Le panel dirigé par un ex-général n'a pas enquêté sur les causes mystérieuses du décès de "Tav", mais il a recommandé d'accéder à cette demande expresse avancée par la famille
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Tsahal a indiqué, lundi, que l’armée reconnaîtra « soldat mort au combat » l’agent des renseignements militaires mort en prison dans des conditions mystérieuses alors qu’il devait répondre d’accusations liées à des atteintes à la sécurité nationale. Il n’était plus au service de l’armée au moment de son décès, en 2021.
L’agent – connu sous le nom de « Tav », la première lettre de son nom en hébreu, et qui avait l’équivalent du grade de capitaine au sein des services des renseignements – avait été incarcéré suite à de graves accusations de délits sécuritaires.
Il avait été retrouvé mort dans sa cellule, au mois de mai 2021, et aucune indication claire n’avait aidé à révéler la cause exacte de son décès. Une autopsie pratiquée en Israël ainsi que des tests sanguins réalisés dans un laboratoire médico-légal spécialisé aux États-Unis s’étaient avérés être non-concluants. Un long réexamen par la police de la première enquête militaire qui avait été ouverte suite à sa mort avait ensuite déterminé qu’il n’avait pas été « délibérément » tué par une autre personne.
Une autre enquête externe avait été ouverte au mois de novembre sur les circonstances de ce décès mystérieux et sur l’éventuelle reconnaissance de « Tav » en tant que « soldat mort au combat », à la demande expresse de sa famille. « Tav » n’avait pas eu droit aux honneurs militaires dans la mesure où il avait été déchargé de Tsahal alors qu’il se trouvait en état d’arrestation.
Le panel, dirigé par le général Nitzan Alon, ancien responsable des opérations de Tsahal, a statué que le défunt devait être reconnu comme appartenant toujours à l’armée au moment de sa mort – même si son service militaire s’était déjà achevé depuis plusieurs mois et qu’il avait « commis des actes graves ».
« Le panel a accordé beaucoup d’importance au fait que l’officier est mort dans une prison militaire et qu’il se trouvait sous la garde de l’armée – et qu’en fait, depuis le premier jour de son service et jusqu’à son décès, il s’est toujours trouvé dans le cadre de l’armée. Reconnaissant qu’il s’agit d’un cas unique et inhabituel, la commission pense qu’il est possible de faire ici preuve de compassion et de donner suite à la demande faite par sa famille concernant sa commémoration en tant que soldat », ont indiqué les militaires.
Le chef d’état-major Aviv Kohavi a fait savoir qu’il acceptait ces recommandations et que « Tav » serait reconnu comme « soldat tombé au combat ».
Ainsi, le logo de Tsahal et le numéro de sa carte d’identité militaire devraient être ajoutés sur sa stèle et sa famille aura droit à des allocations versées par le ministère de la Défense.
« C’est une question éthique complexe, qui nécessite que l’équilibre soit créé entre la gravité des actes qui avaient été commis par l’agent, les dommages entraînés en matière de sécurité nationale et le fait qu’il avait été déchargé de son service conformément aux règles en vigueur », a commenté Kohavi.
Il a ajouté que la décision avait été prise dans la mesure où l’armée cherche actuellement « à élargir le cadre de ses responsabilités à l’égard de ses soldats » – les élargissant ici et à l’égard des parents de l’agent décédé.
Ce nouveau panel a aussi examiné le processus de surveillance des agents et d’autres aspects du travail de « Tav » avant son arrestation, s’intéressant notamment aux « mécanismes de supervision » qui étaient mis en place dans l’unité dans laquelle il servait. Il a aussi étudié la manière dont l’armée a tiré les leçons de cet incident.
Il n’a toutefois pas enquêté sur les causes de la mort de l’agent. L’armée a ouvert une deuxième enquête qui est sur le point de se terminer et ses conclusions (qui seraient non-concluantes, encore une fois) devraient être présentées aux procureurs militaires dans un avenir proche, a noté Tsahal.
L’avocat de l’agent et la famille ont été informés de toutes les décisions prises par le panel, a annoncé l’armée.
L’officier, qui travaillait dans une unité technologique du renseignement militaire, était inculpé d’une vingtaine de chefs d’accusation, passible d’une peine de prison minimale de 10 ans. Le chef d’état-major Aviv Kohavi avait expliqué que l’officier avait failli causer un grave préjudice à la sécurité de l’État en lien aves des informations secrètes, mais que les dommages avaient pu être évités en toute dernière minute, suite à son arrestation.
Il avait été placé en détention le temps que ses avocats et les procureurs militaires s’accordent sur les termes d’un accord de négociation de peine. Dans la nuit du 16 mai 2021, il avait été retrouvé dans sa cellule dans un état grave et il avait été emmené à l’hôpital, où sa mort avait été prononcée quelques heures plus tard.
Si aucune cause officielle de décès n’a été déterminée, les responsables militaires semblent pencher pour la thèse du suicide.
Le nom et la photo de « Tav » sont interdits à la publication.