L’ancienne députée et diplomate Tamar Eshel meurt le jour de son 102e anniversaire
Tamar Eshel a servi dans la Haganah, a été la première Israélienne à présider une commission de l'ONU et a siégé à la Knesset
Tamar Eshel, une ancienne diplomate et législatrice israélienne qui était la plus ancienne ex-députée d’Israël, est décédée dimanche à Jérusalem, le jour de son 102e anniversaire.
Eshel, diplomate de carrière, est entrée dans l’histoire en devenant la première Israélienne à diriger la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Elle a ensuite été membre de la Knesset pendant sept ans et membre du conseil municipal de Jérusalem.
Née Tamar Shoham à Londres en 1920, elle a grandi à Haïfa après le retour en Palestine mandataire de ses parents, alors émissaires. Dans sa jeunesse, Eshel a été membre puis responsable des Tzofim (les scouts israéliens) et a rejoint les rangs de la Haganah, la milice israélienne pré-étatique.
Durant les émeutes arabes de 1936-1939, Eshel a travaillé comme opératrice de signaux dans la milice, et a également préparé des grenades et démonté des armes à feu.
En 1938, elle est retournée au Royaume-Uni pour fréquenter l’université de Londres, où elle a étudié l’entomologie agricole. Elle y a exploité une station de radio illégale pour la Haganah.
Après le début de la Seconde Guerre mondiale, Eshel s’est portée volontaire dans l’armée britannique, d’abord comme chauffeur en Écosse en 1943, puis comme membre des services de renseignements militaires au Caire en août 1944. Elle a été démise de ses fonctions après la découverte de ses liens avec le mouvement sioniste.

Elle a quitté l’armée britannique en 1946 et s’est impliquée dans des activités visant à faire venir des immigrants juifs en Palestine mandataire, dirigeant un bureau à Marseille qui fournissait aux survivants de la Shoah de faux documents pour entrer en terre d’Israël.
Peu après la création de l’État juif, Eshel a rejoint le ministère israélien des Affaires étrangères, donnant le coup d’envoi à une carrière diplomatique qui l’a conduite à travailler au sein de la délégation israélienne aux Nations unies.
En 1961, Eshel a été élue présidente de la Commission de la condition de la femme (CSW), devenant ainsi la première Israélienne à diriger une telle commission. Elle a poursuivi son action en faveur de l’avancement des droits des femmes lorsqu’elle est retournée en Israël dans les années 1970 en tant que présidente de l’organisation féminine Naamat.
En 1977, elle a été élue à la Knesset avec la faction de l’Alignement, dirigée à l’époque par Shimon Peres. Elle y a siégé jusqu’en 1984 – tout en étant simultanément membre du conseil municipal de Jérusalem, où elle a été chargée de l’éducation dans la capitale.

Après s’être retirée de la vie politique, Tamar Eshel a consacré son temps à des postes bénévoles, siégeant au comité public de l’hôpital Hadassah et créant le refuge pour femmes Beit Tzipora.
En 1990, elle a été reconnue « citoyenne distinguée » de Jérusalem.
Eshel s’est mariée deux fois. Tout d’abord avec Lionel Schwarz en 1948, un économiste, avec qui elle a eu une fille, Yael, en 1949. Ils ont divorcé en 1954.
En 1960, elle a épousé un collègue du ministère des Affaires étrangères, Arye Eshel. Il a été ambassadeur d’Israël au Canada jusqu’en 1968, date à laquelle il est décédé d’une crise cardiaque, à l’âge de 56 ans.
L’ancienne députée travailliste Ayelet Nahmias-Verbin s’est exprimée sur Twitter dimanche pour rendre hommage à Eshel, l’appelant « l’une des seules femmes de vertu sur laquelle nous pouvions nous appuyer dans la lutte pour une société égalitaire entre les hommes et les femmes ».
« J’ai parfois du mal à croire que j’ai pu rencontrer une personne aussi importante. Que sa mémoire soit bénie. »