L’AP va réduire les salaires en raison du blocage, par Israël, des fonds destinés à Gaza
Ramallah n'a accepté aucune des recettes fiscales collectées en son nom en raison du refus de Jérusalem de transférer des fonds destinés à Gaza

L’Autorité palestinienne (AP) a annoncé mardi qu’elle ne verserait aux employés du secteur public que 60 % de leurs salaires de décembre cette semaine, en raison des répercussions à long terme du refus d’Israël de transférer des recettes fiscales à la bande de Gaza.
Les fonds alloués à l’AP, l’organe qui exerce une gouvernance limitée en Cisjordanie, ont été considérablement réduits par le différend qui l’oppose depuis des mois à Israël au sujet du transfert des recettes fiscales qu’il perçoit pour le compte des Palestiniens.
Le financement des donateurs internationaux a également été réduit. Il est passé de 30 % du budget annuel de 6 milliards de dollars à environ 1 %, a indiqué le Premier ministre de l’AP, Mohammad Shtayyeh.
« La situation financière de l’Autorité est très difficile », a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion du cabinet.
Le différend sur le transfert des recettes est devenu la source de frictions entre Israël et les Palestiniens depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre, lorsque le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a refusé de débloquer tous les fonds, au motif que l’AP soutenait l’attaque lancée par le groupe terroriste contre Israël le 7 octobre.
En vertu des accords de paix provisoires signés au début des années 1990, Israël perçoit des taxes pour le compte des Palestiniens et les transfère en principe à l’AP mensuellement, avec l’approbation du ministre des Finances.
Or, depuis le mois d’octobre, les transferts sont bloqués, Smotrich ayant retenu environ 600 millions de shekels sur le milliard de shekels qui devait être transféré, suite à quoi l’AP, qui soutient que Gaza fait partie intégrante du territoire palestinien, a refusé d’accepter les fonds.

« Nous refusons que notre argent soit soumis à des conditions. Nous resterons engagés envers les prisonniers et les martyrs et envers notre peuple dans la bande de Gaza, non pas par faveur, mais en vertu de notre responsabilité nationale, religieuse et morale », a affirmé Shtayyeh.
Bien que la bande de Gaza soit contrôlée par le Hamas, l’AP continue de financer des secteurs essentiels du budget de l’enclave, notamment le paiement des salaires des professionnels de la santé.
L’annonce de l’AP a été faite à la veille d’une visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a insisté pour qu’Israël résolve le différend budgétaire, qui a laissé des milliers d’employés du secteur public palestinien sans salaire pendant des mois.

Le différend sur le budget de l’AP intervient en même temps qu’un autre différend concernant le financement de l’UNRWA, l’agence des Nations unies qui finance l’aide d’urgence aux Palestiniens.
Une grande partie du budget de l’UNRWA a été réduite depuis qu’Israël a accusé 12 des 13 000 employés de l’agence travaillant à Gaza d’avoir participé aux attaques du 7 octobre. Ces accusations ont été portées alors qu’Israël est actuellement poursuivi pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) dans le cadre de sa guerre contre le Hamas, et après des années d’appel au démantèlement de l’UNRWA.