Israël en guerre - Jour 433

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« Le café était encore chaud » : Ce moment où les troupes ont été à deux doigts d’arrêter Sinwar

Dans un entretien fleuve, le général de brigade Dan Goldfus a raconté comment les troupes avaient découvert le repaire souterrain du chef du Hamas ; il a évoqué les réussites de Tsahal dans la guerre et l'importance de respecter les valeurs militaires

Le général Dan Goldfus s'exprime devant les caméras de la Douzième chaîne dans un entretien diffusé le 11 août 2024. (Capture d'écran/used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)
Le général Dan Goldfus s'exprime devant les caméras de la Douzième chaîne dans un entretien diffusé le 11 août 2024. (Capture d'écran/used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

L’armée est arrivée « seulement à quelques petites minutes » après le départ de Yahya Sinwar d’un tunnel de Gaza, manquant de peu de pouvoir l’arrêter, a raconté le commandant de la 98e Division de Tsahal devant les caméras de la Douzième chaîne dans un entretien qui a été diffusé dimanche.

Alors qu’il lui était demandé, au cours de cette longue interview, s’il lui était arrivé de s’approcher suffisamment près du chef terroriste, le cerveau du pogrom qui avait été commis 7 octobre dans le sud d’Israël, pour espérer le capturer, le général a répondu : « Oui. Nous nous sommes trouvés dans son complexe. Nous sommes entrés dans les souterrains. Et ça a été ‘chaud’. »

« Comment cela ? », a interrogé le journaliste.

« Nous avons trouvé beaucoup d’argent là-bas. Le café était encore chaud. Il y avait des armes éparpillées partout sur le sol ».

« Vous êtes donc arrivés quelques minutes après son départ ? », lui a encore demandé le journaliste.

Goldfus a alors répondu : « Quelques minutes, véritablement ».

Israël indique que Sinwar a été marqué « du sceau de la mort » depuis le pogrom du 7 octobre, qu’il avait organisé avec le commandant de l’aile armée du Hamas, Muhammad Deif. Deif a été tué par les soldats israéliens le mois dernier. Le responsable de la branche politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a pour sa part trouvé la mort dans une explosion à Téhéran il y a deux semaines – Israël n’a pas revendiqué la responsabilité de l’attaque. C’est Sinwar qui lui a succédé.

Tsahal avait diffusé une vidéo, au mois de février, montrant les soldats dans un tunnel que Sinwar, sa famille et d’autres officiels du premier plan du Hamas avaient utilisé comme lieu de vie pendant la guerre.

Yahya Sinwar, chef du Hamas dans la bande de Gaza, dans un tunnel à Khan Younès, dans le sud de Gaza, le 10 octobre 2023. (Crédit : Porte-parole de Tsahal)

Ces images révélaient que le tunnel aménagé était agrémenté de deux salles de bain, d’une cuisine équipée, d’un espace permettant de dormir et d’une pièce séparée qui, avaient dit les militaires, était réservée à Sinwar lui-même. Les forces israéliennes y avaient découvert un coffre-fort avec des millions de dollars en liquidités.

Goldfus est l’un des commandants ayant mené la charge contre le Hamas à Gaza. Il doit devenir le prochain chef du Corps du Nord et le dirigeant du Réseau de manœuvre multi-domaine inter-armées, avec une promotion au rang de major-général qui devrait se faire rapidement.

Évoquant les réussites enregistrées dans la guerre contre le Hamas, Goldfus a noté que les militaires étaient parvenus à démanteler l’organisation terroriste en surface et dans ses souterrains.

« Cela ne se fait pas en quarante-huit heures. Je sais bien que tout le monde voudrait que ça aille vite – nous aussi – mais nous sommes en train de démanteler une infrastructure qui existe depuis de nombreuses années », a-t-il expliqué.

Quand la 98e Division était entrée pour la première fois à Khan Younès, a-t-il fait remarquer, il avait fallu dix heures pour passer outre les défenses du Hamas alors que lorsqu’une autre opération a été lancée dans la même ville, il y a une semaine, les soldats n’ont dû batailler que pendant une heure et demie.

Alors qu’il lui était demandé pourquoi le système de tunnels du Hamas était une obsession pour lui, il a indiqué que ce réseau souterrain était le centre de gravité du groupe et qu’il fallait le détruire pour pleinement vaincre le Hamas.

« Quand je prévois une opération, dorénavant, je regarde d’abord en souterrain et seulement après, je passe à la surface du sol », a-t-il précisé.

Quand les troupes prennent le contrôle des tunnels, a-t-il dit, « ça veut dire que vous pouvez effectuer des tâches beaucoup plus complexes parce que votre liberté d’action est bien plus importante. C’est une réussite réelle. C’est dans ces souterrains que se trouve le Hamas, c’est sa force et aujourd’hui, nous sommes en train de détruire cette force ».

Goldfus a estimé que ce qui a partiellement permis à l’armée d’enregistrer des réussites à Gaza a été que « tout le monde a repris ses esprits » après le choc initial du 7 octobre, quand les terroristes du Hamas avaient commis un pogrom dans le sud d’Israël – des milliers d’hommes armés s’étaient infiltrés sur le territoire, prenant le contrôle des communautés israéliennes et des bases militaires. Ils avaient tué près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

Les troupes israéliennes opèrent dans la bande de Gaza sur une photo diffusée le 13 août 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Après le 7 octobre, « il a fallu du temps pour que le système tout entier de l’armée reprenne ses esprits, depuis le chef d’état-major [Herzi Halevi] jusqu’au dernier soldat », a-t-il estimé.

« Je pense que l’armée fait dorénavant un travail excellent et que des décisions sont prises. Il y a un dialogue excellent entre les commandants et le niveau opérationnel. Notre système en tant que tel, nos commandants, nos soldats – leur sentiment de puissance est incroyable », a-t-il commenté, ajoutant que cette génération de militaires est « une génération de gagnants ».

Malgré les réussites enregistrées par sa Division dans la guerre, Goldfus a indiqué qu’il terminait sa mission au poste de commandant dans un état de tourbillon émotionnel.

« Nous gagnons et c’est très, très important… D’un autre côté, il reste encore 115 otages qui sont bloqués là-bas et nous devons tout faire pour qu’ils puissent revenir », a-t-il dit, notant qu’il avait lui-même perdu 182 soldats depuis le 7 octobre et qu’il regrettait de ne pas avoir été en mesure de rendre visite à toutes les familles.

« Je vais le faire maintenant », a-t-il continué.

Concernant les critiques de Tsahal qui ont été émises suite au 7 octobre, Goldfus a dit qu’elles avaient résulté d’un réflexe naturel, qu’elles étaient justes et que son travail était de faire tout ce qui était possible pour apporter des réponses satisfaisantes aux questions que se pose la population.

Le commandant de la 98e division, le général de brigade Dan Goldfus, s’adresse à la presse depuis la frontière de Gaza, le 13 mars 2024. (Crédit : Emanuel Fabian/Times of Israel)

« Nous apporterons des réponses. Nous enquêtons mais nous nous battons aussi et nous avançons sur le terrain », a-t-il déclaré.

Évoquant un discours qu’il avait prononcé au mois de mars – une allocution très critiquée dans laquelle il avait dit aux politiciens qu’ils devaient se montrer à la hauteur de Tsahal et des sacrifices consentis par les soldats – Goldfus a noté qu’il avait présenté ses excuses à Halevi pour la manière dont ces propos avaient été tenus.

Il les avait prononcés à la fin d’une déclaration qui était programmée – mais ces paroles précises n’avaient pas été autorisées au préalable.

« En tant que commandant au sein de Tsahal, je ne crois pas avoir eu l’intention de nuire aux valeurs de l’armée, à sa grandeur, et en particulier pas au chef d’état-major. Et je pense que quand on regarde nos soldats, nous luttons ensemble et je pense que nous pouvons également, en conséquence, vivre ensemble ».

A-t-il pensé à démissionner de l’armée au cours de ces dix derniers mois ? A cette question, Goldfus a répondu qu’il y avait en effet songé – parce que les responsabilités pouvaient être lourdes et difficiles à assumer.

« Mais après, vous vous reprenez et vous regardez vos soldats, les commandants ; vous regardez cette nation que j’aime tellement. C’est impossible pour nous de ne pas continuer. Nous n’avons pas le droit d’abandonner. Nous n’avons nulle part ailleurs où aller… Nous devons trouver des solutions ensemble et nous devons nous montrer dignes des sacrifices, tous ensemble. Nous devons trouver le moyen de dépasser nos différences. Nous devons défendre le pays et le faire ensemble », a-t-il expliqué.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi (au centre), évaluant la situation à Khan Younès, dans le sud de Gaza, avec le chef du Commandement du Sud, le général de division Yaron Finkelman (à gauche), et le commandant de la 98e division, le général de brigade Dan Goldfus (à gauche), le 25 juillet 2024. (Crédit : Armée israélienne)

A la fin de l’interview, le journaliste a demandé à Goldfus à quoi ressemblerait, à ses yeux, une victoire dans cette guerre.

Avant tout, a-t-il répondu, une victoire réelle n’interviendra que lorsque le Hamas aurait été totalement vaincu et qu’il sera incapable de retrouver ses capacités – mais il est essentiel, a-t-il continué, que l’armée reste fidèle à ses valeurs dans ce processus.

« Nos valeurs ne sont pas au service de notre ennemi. Nous valeurs sont là pour nous, pour nous protéger. Je suis meilleur que l’autre partie et je n’ai aucune intention de devenir le Hamas. Je vis dans l’État d’Israël, un État juif et démocratique, avec tout ce que cela induit », a-t-il déclaré, ajoutant que ce serait une erreur de penser que les valeurs prônées par Tsahal pourraient être un obstacle sur le front.

« Pour mener à bien les actions compliquées, précieuses et précises que nous entreprenons, celles qui détruisent et qui écrasent l’ennemi à la fois sous la terre et en surface, nous devons nous en tenir strictement à nos valeurs », a-t-il répété.

La guerre à Gaza avait éclaté lorsqu’une horde de 3 000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière avec Israël par voie maritime, aérienne et terrestre, se livrant à un pogrom. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité, commettant des atrocités et se livrant à des violences sexuelles à grande échelle. Ils avaient aussi kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.

105 civils avaient été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre – et quatre otages avaient été relâchées auparavant. Sept otages, dont une soldate, avaient été secourus, bien vivants, par les forces israéliennes. Les corps sans vie de 24 otages ont également été récupérés – dont les dépouilles de trois hommes qui avaient été tués accidentellement par l’armée lors d’un incident tragique en décembre, au moment même où ils étaient parvenus à échapper à leurs ravisseurs.

Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.

Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 39 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 15 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’État juif déclare chercher à réduire au maximum le nombre de victimes civiles et souligne que le Hamas utilise la population comme bouclier humain, se cachant notamment dans les écoles et dans les mosquées.

Du côté israélien, l’offensive terrestre à Gaza et les opérations menées près de la frontière avec la bande ont entraîné la mort de 332 soldats.

Emanuel Fabian a contribué à cet article.

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