Le chef du Parti travailliste empêché de s’exprimer aux commémorations de Rabin
Les organisateurs ont déclaré que Gantz était mieux placé pour représenter le centre-gauche au rassemblement de samedi que le président du parti de Rabin

Amir Peretz, le président du Parti travailliste, ne s’exprimera pas au rassemblement annuel marquant l’anniversaire de l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, prévu samedi soir à Tel Aviv, malgré sa demande en ce sens, a annoncé un reportage télévisé mardi soir.
Yitzhak Rabin – qui était le chef du Parti travailliste à l’époque – a été assassiné le 4 novembre 1995 par un Juif extrémiste, Yigal Amir, qui était opposé aux Accords d’Oslo et au transfert du contrôle de parties de la Cisjordanie aux Palestiniens dans le cadre de l’accord de paix.
Le rassemblement anniversaire organisé sur la place Rabin, le lieu du meurtre du Premier ministre, attire des dizaines de milliers de personnes chaque année.
Benny Gantz, le chef du parti centriste Kakhol lavan, a été annoncé la semaine dernière comme intervenant principal au 24e rassemblement anniversaire du 2 novembre.
Peretz a également demandé à s’exprimer, et des négociations se sont déroulées en coulisses, mais les organisateurs ont refusé sa demande en déclarant que seul Gantz s’exprimera, a rapporté mardi la Douzième chaîne.

Ils ont estimé que Gantz, choisi en septembre comme le représentant principal du bloc de centre-gauche et qui cherche actuellement à former la prochaine coalition, était la personnalité la mieux placée pour représenter le camp de la paix et de l’unité, a expliqué le reportage.
Les organisateurs auraient avancé l’argument que si Peretz était autorisé à parler à la foule, d’autres responsables politiques de gauche comme le chef du Camp démocratique Nitzan Horowitz et le président de la Liste arabe unie Ayman Odeh feraient des demandes similaires.
Alors que Peretz – un élu de longue date du Parti travailliste qui était déjà député quand Rabin a été assassiné et qui a pris la tête du parti plus tôt cette année – dirige formellement le même parti que Rabin présidait en 1995, l’écart de statut est saisissante.
Le parti, qui a dirigé Israël pendant ses 30 premières années de son existence et qui a toujours été le plus grand parti de gauche du paysage politique israélien, a presque perdu tout son poids politique, qui a progressivement diminué au fil de la dernière décennie. Il détient actuellement cinq sièges dans une Knesset qui en compte 120 – via une liste commune avec le parti Gesher – avec un seul siège au-dessus du seuil électoral. La principale force de centre-gauche étant le parti centriste Kakhol lavan.

Le parti aurait affirmé que le refus de laisser parler Peretz salissait l’héritage de Rabin, qui a été assassiné en raison de politiques qu’il a défendues en tant que dirigeant travailliste, et qu’il s’agissait d’une question de principe et non d’égo. Le parti a ensuite déclaré qu’il n’y avait aucune raison de ne pas le laisser s’exprimer, même s’il traverse une période difficile.
La semaine dernière, Gantz, un ancien chef d’état major, s’est vu confier la tâche par le président Reuven Rivlin de former une coalition d’ici le 20 novembre, après que Netanyahu a annoncé qu’il n’y était pas parvenu. Acceptant la mission, Gantz a invité ce dernier à intégrer sa coalition.
Les deux responsables politiques se sont rencontrés cette semaine et doivent à nouveau le faire, mais les chances de réussite de Gantz sont minces. En effet, le Likud négocie au nom d’un bloc de 55 membres de partis de droite et ultra-orthodoxes, sans lesquels il affirme qu’il n’entrera pas dans un gouvernement, un pré-requis rejeté d’emblée par Kakhol lavan.

En mars, avant les élections d’avril, Gantz a accusé Netanyahu d’avoir été impliqué dans l’incitation à la violence qui a conduit à l’assassinat de Rabin en 1995.
Dans les semaines ayant précédé le meurtre, Netanyahu, alors chef de l’opposition, et d’autres cadres du Likud ont participé à un rassemblement de droite à Jérusalem où les manifestants ont qualifié Rabin de « traître », de « meurtrier » et de « nazi » pour avoir signé l’accord de paix avec des Palestiniens, plus tôt cette année là.
Netanyahu a régulièrement rejeté les allégations selon lesquelles il aurait fermé les yeux sur les rhétoriques violentes incitant au meurtre de Rabin et qualifié ces accusations « [d’]assassinat politique ».