Le gouvernement polonais souhaite récupérer et améliorer le musée de Treblinka
Les groupes de commémoration de l'Holocauste saluent le geste et disent qu'il va amener "une vraie compréhension" de ce qu'il s'est passé dans le camp

Le gouvernement polonais a offert de récupérer des mains d’une autorité locale la responsabilité de la préservation des terrains de l’ancien camp nazi de Treblinka, où ont été assassinées plus de 870 000 personnes.
Le ministère de la Culture et de l’Héritage national a proposé l’offre dans une lettre qu’il a envoyée la semaine dernière au Gouvernement régional de Mazovia, a rapporté le quotidien Rzeczpospolita dimanche.
La prise en charge pourrait ouvrir la possibilité de nouveaux financements pour améliorer le petit musée de Treblinka, dont les terrains furent transformés durant les années 1960 en un monument polonais national présentant des centaines de pierres sur lesquelles figurent les noms des pays et des lieux dont venaient les victimes. Il comprend également un musée de la taille d’une pièce exposant des objets, la plupart étant des instruments de travail trouvés sur le site.
Avant de battre en retraite, les nazis ont largement détruit les bâtiments de ce camp relativement petit, qui s’étendait sur près de 57 acres, et qui comprend une zone d’extermination au sud-est, avec son immeuble de briques contenant 3 chambres à gaz, chacune mesurant 170 mètres carrés.
From the depths, une organisation qui travaille sur la commémoration de l’Holocauste en Europe de l’est, a salué le geste, qui intervient dans le cadre d’une campagne menée par le gouvernement, qui est largement perçue comme étant élaborée pour mettre en avant le statut de victime de la Pologne durant la Seconde Guerre mondiale et contrer les affirmations qui disent que les Polonais ont été complices de l’Holocauste.
« Il est très prometteur de voir que le gouvernement polonais, en même temps que la campagne internationale publique qui s’insurge contre la qualification des camps de la mort de ‘camps de la mort polonais’, s’engage pour prendre plus de responsabilités concernant ces sites qui sont actuellement sur le sol polonais », a déclaré Jonny Daniels, de From the depths à JTA. Il a également critiqué les autorités polonaises pour ce qui est perçu comme un abandon de certains sites de l’Holocauste.
Le gouvernement de droite de la Pologne s’évertue à faire passer une législation qui criminaliserait l’utilisation du terme « Les camps de la mort polonais ». En février, le ministre de la Justice polonais Patryk Jaki, a dit à des journalistes à Varsovie : « cessez d’attribuer à la Pologne le rôle d’auteur de l’Holocauste ». Le mémorial Auschwitz-Birkenau et son musée qui sont gérés par le gouvernement s’opposent même à mentionner que l’ancien camp de la mort se trouve en Pologne, encourageant les journalistes à préférer la caractérisation géographique de territoire « occupé par l’Allemagne ».
Daniels affirme que Treblinka « a fait l’objet d’une mauvaise gestion par les autorités régionales, avec très peu de fonds alloués à la sécurité ou au maintien du site, les visiteurs ne pouvaient se rendre compte de ce qui avait vraiment eu lieu ici ».
Dans le cadre d’une autre action, From the depths a facilité cette semaine un accord avec un groupe polonais juif, TSKZ, accord qui établit qu’ils hébergeront les nouveaux bureaux de la Société polonaise pour les Justes parmi les Nations, dont les membres ont été reconnus pour avoir risqué leur vie pour aider des Juifs durant l’Holocauste. Leur précédent bureau, au deuxième étage d’un immeuble de banlieue, sans ascenseur, était inaccessible pour les membres âgés.