Israël en guerre - Jour 350

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AnalyseCes deux dernières années, le Hamas a remporté le concours considéré comme le meilleur baromètre de l'opinion publique palestinienne : les élections étudiantes à l'Université Birzeit de Ramallah, un bastion historique du Fatah

Le Hamas serait prêt à bondir sur la faiblesse du Fatah aux élections locales

Le groupe terroriste qui gère Gaza déclare qu'il prendra part au vote prévu pour octobre ; après tout, il a remporté les deux seules élections majeures auxquelles il a participé

Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le chef du Hamas Ismail Haniyeh salue la foule lors d'un rassemblement marquant le 28e anniversaire de la création du Hamas, à Gaza Ville, le 14 décembre 2015. (Crédit : Emad Nassar/Flash90)
Le chef du Hamas Ismail Haniyeh salue la foule lors d'un rassemblement marquant le 28e anniversaire de la création du Hamas, à Gaza Ville, le 14 décembre 2015. (Crédit : Emad Nassar/Flash90)

Le groupe terroriste du Hamas qui contrôle la bande de Gaza est sur le point de se lancer dans un jeu de puissance en utilisant l’une de ses meilleures armes – les urnes.

En 2012, le groupe islamiste terroriste a boycotté les élections municipales du fait d’allégations d’intimidation et de corruption en Cisjordanie par son rival politique le Fatah, qui gère l’Autorité palestinienne. Depuis lors, les deux principaux partis palestiniens sont dans un état de guerre froide.

En dépit de ces tensions en cours, le Hamas en a surpris beaucoup en acceptant récemment de participer aux élections municipales dans les Territoires palestiniens, prévues pour le 8 octobre.

Les experts ont dit au Times of Israel que le Hamas avait probablement mis fin à son boycott du vote parce que le groupe y voit une occasion d’acquérir une légitimité en battant un adversaire faible – le vieillissant et impopulaire président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et son parti Fatah divisé.

Le Hamas est également dans un état d’isolement politique après avoir perdu le soutien de ses importants bailleurs de fonds des Etat sunnites, l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite, et dans une certaine mesure, la Turquie après qu’Ankara et Jérusalem ont récemment relancé leurs relations.

Les urnes, a soutenu un expert israélien, représentent une façon pour le groupe de reprendre le contrôle de son propre destin, tandis qu’un chercheur palestinien bien connu a émis l’hypothèse qu’il y aurait une coordination secrète et sans précédent entre les islamistes et le Fatah.

Des officiers de sécurité palestiniens dans la ville de Cisjordanie de Naplouse (Crédit : Wagdit Ashtiyeh/Flash90)
Des officiers de sécurité palestiniens dans la ville de Cisjordanie de Naplouse (Crédit : Wagdit Ashtiyeh/Flash90)

Le Hamas a remporté les deux seules élections auxquelles il a jamais participé – les élections municipales de 2005 et les élections législatives de 2006, qui ont abouti à une guerre entre le Hamas et le Fatah. Mais depuis la dernière victoire démocratique du Hamas, dix années se sont écoulées.

« La raison pour laquelle le Hamas a décidé de participer aux élections à venir est presque évidente », a déclaré au Times of Israel le professeur Shaul Mishal, directeur du programme sur le Moyen-Orient au Centre interdisciplinaire d’Herzliya (IDC).

« Si vous regardez ce qui s’est passé lors de l’élection en 2006, le Hamas croit que c’est la meilleure façon d’obtenir un statut et de la force au sein de la population palestinienne de Cisjordanie. Il veut étendre son influence à l’endroit où le cœur de la question palestinienne se trouve », a-t-il dit.

En 2006, le Hamas a remporté presque toutes les circonscriptions électorales de la Cisjordanie et de Gaza.

Mishal croit que le Hamas voit une occasion de profiter de la faiblesse actuelle d’Abbas. Le chef de l’AP est âgé de 81 ans et ne serait pas en bonne santé. Les sondages montrent que la majorité des Palestiniens veulent qu’il démissionne.

Le professeur Shaul Mishal (Crédit : autorisation)
Le professeur Shaul Mishal (Crédit : autorisation)

« C’est l’occasion pour le Hamas de s’assurer qu’ils feront partie intégrante de tout processus politique futur », a déclaré Mishal.

Il a ajouté que le Hamas avait atteint un tel point d’isolement politique que « la seule façon de renforcer sa position avec le public est de participer à cette élection ». Il soutient que le succès du Hamas dans le passé et le succès probable aux prochaines élections a beaucoup à faire avec sa nature de mouvement islamiste.

« Le Hamas est un parti du peuple, qui met ses efforts en collaboration avec les communautés sur le terrain… d’abord et avant tout, c’est un groupe social islamiste : ils se concentrent sur les services sociaux, la protection sociale et le travail avec les nécessiteux, en particulier dans les endroits où le gouvernement central ne pourrait ne pas atteindre [la population] », a déclaré Mishal.

Dans une indication de la victoire probable du Hamas pour les élections à venir, le mouvement islamiste a au cours des deux dernières années remporté le concours considéré comme étant le meilleur baromètre de l’opinion publique palestinienne : les élections étudiantes à l’Université de Birzeit.

Birzeit est la plus ancienne université palestinienne, considérée comme un avant-poste libéral et un bastion historique du Fatah et de l’Autorité palestinienne.

« La jeune génération est plus pro-Hamas. D’après mon expérience, les élections étudiantes ont tendance à être très précises », a déclaré Mishal.

Des étudiants palestiniens supportant le mouvement du Hamas prennent part à un rassemblement de la campagne électorale pour le conseil de l'université de Birzeit, près de la ville de Cisjordanie de Ramallah, le 26 avril 2016. (Crédit photo : AFP/Abbas Momani)
Des étudiants palestiniens supportant le mouvement du Hamas prennent part à un rassemblement de la campagne électorale pour le conseil de l’université de Birzeit, près de la ville de Cisjordanie de Ramallah, le 26 avril 2016. (Crédit photo : AFP/Abbas Momani)

Comme il part quasiment perdant d’avance, le professeur israélien croit que le Fatah pourrait essayer d’empêcher ces élections.

« Tout dépend d’un seul homme : Abou Mazen (Abbas). Il peut trouver des moyens de contourner la déclaration. Il peut la remplacer par quelque chose de plus dramatique, comme des négociations sur l’Initiative de paix arabe », a-t-il dit, se référant à l’offre de 2002 à l’Etat juif pour des liens diplomatiques avec 57 pays arabes et musulmans après l’obtention d’un accord de paix avec les Palestiniens.

L’Initiative de paix arabe est revenue sur le devant de la scène au cours des derniers mois, les Arabes et les hommes d’Etat israéliens discutant du plan.

Khalil Shikaki, le 14 juin 2011 (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)
Khalil Shikaki, le 14 juin 2011 (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

« Mon avis », a déclaré le Dr Khalil Shikaki, politologue palestinien et sondeur considéré, « est que le Hamas a accepté [les élections] parce qu’Abbas, sans l’admettre publiquement, a convenu que les élections locales dans la bande de Gaza pouvaient avoir lieu entièrement sous la sécurité et le contrôle administratif du Hamas ».

Shikaki a qualifié cette coordination possible de « reconnaissance la plus visible de l’AP de la légitimité du contrôle du Hamas dans la bande de Gaza depuis la prise de contrôle du Hamas en juin 2007 ».

« A ce stade », a continué Shikaki, « le Hamas semble se soucier davantage de maintenir son contrôle de la bande que d’étendre son influence en Cisjordanie ».

Le politologue palestinien a, cependant, offert une seconde théorie similaire à celle de Mishal.

« Le Hamas pourrait penser que du fait de la fragmentation du Fatah, en particulier dans la bande de Gaza, le résultat des élections démontrera l’ascension et la popularité du groupe islamiste malgré le blocus et le siège imposé par Israël et l’Egypte, renforçant ainsi davantage sa légitimité », a déclaré Shikaki.

Israël a imposé un blocus terrestre et maritime sur la bande, conçu pour empêcher le groupe terroriste d’importer des armes, après que le Hamas a pris le pouvoir dans un coup d’Etat sanglant en 2007, qui a vu le mouvement Fatah d’Abbas évincer de Gaza.

Les prochaines élections devraient être organisées dans 416 cantons et conseils de village ; 25 sont situés dans la bande de Gaza et 391 autres en Cisjordanie. Si l’élection a lieu, ce sera la plus grande élection municipale tenue par les Palestiniens de toute leur histoire.

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