La juge autorise les avocats de Malka Leifer à présenter de nouveaux témoignages
Les médecins ayant déjà témoigné pour la défense pourront soumettre des avis psychiatriques, bien que la cour ait jugé que la pédophile présumée était apte à l'extradition
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La juge du tribunal de Jérusalem qui préside le procès de Malka Leifer a accédé mardi à la demande de ses avocats de leur permettre de présenter des avis médicaux contredisant les conclusions d’un panel psychiatrique qui avait jugé la criminelle sexuelle présumée mentalement apte à être extradée vers l’Australie.
La décision d’autoriser les psychiatres Moshe Kotler et Shmuel Tiano, qui ont témoigné l’année dernière que Malka Leifer souffrait d’une grave maladie mentale et n’était donc pas en mesure d’être extradée, à soumettre leurs avis va presque certainement forcer l’accusation à contre-interroger les deux médecins, prolongeant ainsi la procédure déjà longue de près de six ans, a indiqué un représentant de la justice au Times of Israël.
La juge Chana Lomp a donné à la défense jusqu’à lundi prochain pour présenter les nouveaux avis et a réservé la date du 12 mars pour le contre-interrogatoire des deux médecins.
En attendant, le procès se tiendra les 26 et 27 février afin que les deux parties puissent contre-interroger les trois membres d’un panel psychiatrique qui avait déterminé le mois dernier que l’accusée simulait une maladie mentale. La commission médicale a été ordonnée par la juge Lomp, qui a déterminé que les témoignages soumis par près d’une dizaine de psychiatres n’étaient pas suffisants pour lui permettre de se prononcer sur l’opportunité de procéder à l’extradition de Malka Leifer.
Le mois dernier, le ministère public a présenté une demande extraordinaire au tribunal, lui demandant de fixer une date pour l’audience d’extradition compte tenu des conclusions du panel psychiatrique. Il a expliqué que la lenteur de la procédure portait préjudice aux relations entre Israël et l’Australie.
La semaine dernière, le Parlement australien a adopté à une écrasante majorité une motion bipartite critiquant « les nombreuses tentatives pour empêcher et retarder » l’extradition de Leifer et demandant à Israël de renvoyer immédiatement la pédophile présumée à Melbourne, où elle doit répondre de 74 chefs d’accusation pour abus sexuels sur des enfants.
Reconnaissant le préjudice causé par la lenteur de la procédure, l’ambassadeur d’Israël en Australie, Mark Sofer, a fait une rare déclaration affirmant que « il y a beaucoup [de gens] en Israël, y compris parmi les autorités, aux yeux desquels l’affaire a duré bien trop longtemps ».
« Les récentes conclusions du panel psychiatrique ont conduit le ministère public à la conclusion inévitable qu’au cours des cinq dernières années, le tribunal et le système de santé psychiatrique avaient été victimes d’une fraude de la part de Malka Leifer et de ses soutiens », a ajouté le diplomate.
Les victimes présumées de Malka Leifer ont réagi avec indignation à la décision de mardi de Chana Lomp. Dans une déclaration commune, les sœurs Dassi Erlich, Nicole Meyer et Elie Sapper ont écrit : « Nous avons été patientes. Nous avons été calmes. Nous avons essayé de faire confiance au système judiciaire israélien, nous comprenons que cela prenne du temps. Mais quand nous faisons marche arrière, nous répétons un processus déjà sans cesse retardé, nous en avons assez ! »
Leifer fait face à des accusations d’agression sexuelle liées aux accusations portées par les trois sœurs, qui disent avoir été abusées alors qu’elle était enseignante et directrice de l’école religieuse ultra-orthodoxe qu’elles fréquentaient à Melbourne. En 2008, lorsque les allégations ont fait surface, l’Israélienne a quitté l’Australie pour retourner en Israël.
Après que l’Australie a déposé une demande d’extradition, l’ex-directrice d’école a été assignée à résidence en 2014 et fait l’objet d’une procédure d’extradition. Mais celle-ci s’est terminée en 2016 lorsqu’une évaluation de sa santé mentale a déterminé qu’elle n’était pas apte à être jugée.
Leifer a de nouveau été arrêtée début 2018 après que la police a trouvé des preuves qu’elle avait simulé sa maladie mentale. Le tribunal a demandé un autre examen psychologique, dont les conclusions ont été annoncées la semaine dernière.
Chana Lomp devrait rendre sa décision finale quant à l’aptitude de Leifer à une audience d’extradition à l’issue des contre-interrogatoires. Si elle est jugée mentalement apte, la demande d’extradition sera en effet entendue.
La décision finale d’extradition doit être prise par le ministre de la Justice, mais des appels peuvent être interjetés en cours de route, ce qui retarderait encore la procédure.