Le ministère des Affaires étrangères critique la loi irakienne anti-Israël
Le Parlement irakien a adopté un projet de loi criminalisant la normalisation des liens et toute relation avec l'Etat hébreu, qui sera passible de mort ou d'emprisonnement à vie
Le ministère des Affaires étrangères a condamné vendredi une nouvelle loi irakienne qui criminalise la normalisation des liens et toute relation avec Israël, notant qu’elle est intervenue alors que l’État juif développe ses liens avec le monde arabe.
La loi irakienne adoptée jeudi prévoit la peine de mort ou la prison à vie pour en cas d’infraction.
« C’est une loi qui place l’Irak et le peuple irakien du mauvais côté de l’Histoire et qui est déconnectée de la réalité », a tweeté vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lior Haiat.
« Israël condamne la décision du Parlement irakien de voter une loi contre la normalisation avec Israël et qui impose la peine de mort à celui qui a des contacts avec Israël », a-t-il ajouté.
« Les changements au Moyen-Orient et les accords de paix et de normalisation entre Israël et les États arabes, qui apportent stabilité et prospérité aux peuples de la région, sont l’avenir du Moyen-Orient », a déclaré Haiat.
Le diplomate a déclaré que les dirigeants « qui choisissent la voie de la haine et de l’incitation nuisent avant tout à leur propre peuple », et a conclu en appelant le peuple irakien à ne pas apporter son soutien à « cette position extrémiste. »
La loi a été approuvée jeudi, 275 législateurs irakiens – sur 329 au total – ayant voté en sa faveur. Un communiqué du Parlement a déclaré que la législation est « le véritable reflet de la volonté du peuple ».
L’influent religieux chiite Muqtada al-Sadr, dont le parti a remporté le plus grand nombre de sièges aux élections législatives irakiennes l’année dernière, a appelé les Irakiens à descendre dans la rue pour célébrer cette « grande réussite ». Des centaines de personnes se sont ensuite rassemblées dans le centre de Bagdad, scandant des slogans anti-israéliens.
La manière dont la loi sera appliquée n’est pas claire, car l’Irak ne reconnaît toujours pas Israël ; les deux nations n’ont pas de relations diplomatiques et sont officiellement en état de guerre depuis 1948.
La loi comporte également des risques pour les entreprises qui travaillent en Irak et qui sont donc considérées comme « violant la loi ».
Outre la condamnation d’Israël, les États-Unis ont fustigé cette mesure vendredi, affirmant qu’elle favorisait « un environnement d’antisémitisme ».
« Les États-Unis sont profondément troublés par l’adoption par le Parlement irakien d’une loi qui criminalise la normalisation des relations avec Israël », a déclaré le département d’État dans un communiqué.
Le Département d’Etat a également réitéré le « soutien fort et inébranlable » de l’Amérique à Israël, « y compris lorsqu’il étend ses liens avec ses voisins dans la poursuite d’une plus grande paix et prospérité pour tous ».
Cette déclaration est la dernière manifestation de soutien de l’administration Biden aux accords de normalisation connus sous le nom d’accords d’Abraham qu’Israël a signés avec les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc en 2020. L’administration n’a pas encore négocié d’accords supplémentaires, se concentrant principalement sur le renforcement des accords existants, mais elle serait en pourparlers avec l’Arabie saoudite au sujet d’un accord qui pourrait inclure des mesures par Riyad en vue d’une normalisation avec Jérusalem.
« En plus de mettre en péril la liberté d’expression et de promouvoir un environnement antisémite, cette législation contraste fortement avec les progrès que les voisins de l’Irak ont réalisés en construisant des ponts et en normalisant leurs relations avec Israël, créant ainsi de nouvelles opportunités dans toute la région », a ajouté le département d’État.
L’année dernière, plus de 300 Irakiens venus de tout le pays se sont réunis lors d’une conférence dans la capitale kurde d’Erbil, où les orateurs ont appelé à la paix et à la réconciliation avec Israël. L’événement a été rapidement condamné par le gouvernement de Bagdad.