Le président d’Iran promet aux Gazaouis un soutien sans faille
Ebrahim Raissi s'est adressé virtuellement aux Palestiniens rassemblés dans la Bande de Gaza à l’occasion de la Journée d’Al-Qods et a dénoncé la coopération de l'AP avec Israël
Le président iranien a prononcé vendredi un discours sans précédent lors d’un rassemblement annuel pro-palestinien dans la Bande de Gaza, une rare démonstration de l’importance de l’Iran pour le groupe terroriste palestinien du Hamas qui dirige le territoire.
S’adressant virtuellement à des centaines de partisans du Hamas et du Jihad islamique palestinien, groupe terroriste plus modeste aussi soutenu par l’Iran, rassemblés dans un stade de football de la ville de Gaza, le président conservateur iranien Ebrahim Raissi a exhorté les Palestiniens à poursuivre leur lutte contre Israël.
Son discours, le premier de ce type adressé directement aux Palestiniens, semble être le point culminant d’années de diplomatie discrète visant à combler le fossé entre le Hamas et son protecteur de longue date, l’Iran, au sujet de la guerre civile dévastatrice en Syrie.
Raissi s’est adressé à la foule de Palestiniens à l’occasion de la « Journée d’Al-Qods » (Jérusalem en arabe), qui tombe le dernier vendredi du mois du ramadan.
Dans son discours, Raissi s’est vivement opposé aux récentes réunions régionales de l’Autorité palestinienne (AP) avec Israël à Aqaba, en Jordanie, et à Charm el-Cheikh, en Égypte.
La recrudescence des violences en Israël et en Cisjordanie, en partie à la suite d’une incursion de la police israélienne dans la mosquée al-Aqsa à Jérusalem au debut du mois, a contribué à saper les sommets, qui visaient à désamorcer les tensions israélo-palestiniennes qui montent en flèche.
« L’initiative de l’auto-détermination est aujourd’hui entre les mains des combattants palestiniens », a déclaré Raissi, rejetant l’AP qui dirige théoriquement certaines parties de la Cisjordanie.
« Que tout le monde sache que nous n’hésitons pas à soutenir la résistance », a-t-il ajouté.
Au cours de la cérémonie, le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, a rendu hommage aux groupes du Sud-Liban, de Gaza et de Syrie qui ont tiré plusieurs barrages de roquettes sur le territoire israélien, décrivant ces attaques comme une réponse au raid de la police sur le mont du Temple, qui, selon les autorités israéliennes, a été rendu nécessaire par les émeutiers palestiniens qui s’étaient retranchés dans la mosquée avec des armes.
« La réponse est venue comme un simple choc électrique », a déclaré Sinwar à propos des tirs de roquettes.
« Je dis aux dirigeants des pays arabes et islamiques que les condamnations ne suffisent plus », a déclaré Sinwar.
« Il doit y avoir un changement stratégique dans vos rangs : mettre fin à la normalisation, fermer les ambassades et soutenir la résistance du peuple palestinien. » Les groupes terroristes détournent le mot « résistance », de son sen originel. Pour eux, cela équivaut à recourir à des actes terroristes.
Depuis la Révolution islamique iranienne de 1979, les rassemblements de la Journée d’Al-Qods en Iran ont généralement lieu chaque année le dernier vendredi du mois du ramadan.
« Mort à Israël et à l’Amérique », ont scandé les manifestants à Téhéran, brandissant des drapeaux palestiniens et iraniens, ainsi que ceux du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, aussi soutenu par l’Iran, et brûlant des drapeaux israéliens et américains.
Des rassemblements similaires ont eu lieu dans la capitale irakienne Bagdad, dans la capitale libanaise Beyrouth et dans la ville de Baalbek, ainsi que dans les camps de réfugiés palestiniens en Syrie et au Liban, selon les correspondants de l’AFP.
À Jérusalem, de vastes foules ont assisté aux prières du vendredi à al-Aqsa – quelque 130 000 personnes selon la police israélienne, et 250 000 selon le conseil jordanien du Waqf [Islamique de Jérusalem], qui administre le site.
Des jeunes masqués ont ensuite brandi des drapeaux du Hamas et de sa branche armée, les Brigades Ezzedin al Qassam. La police israélienne a déclaré avoir arrêté huit personnes pour avoir brandi des drapeaux soutenant le terrorisme et pour des chants incitant à la violence.
Des rassemblements ont eu lieu dans les principales villes iraniennes, notamment Tabriz, Hamedan, Yazd, Bandar Abbas et Abadan, comme l’ont montré des images diffusées par la télévision d’État.
« Les Palestiniens affrontent activement l’agression israélienne, de Gaza jusqu’au cœur de Tel Aviv », a déclaré le président du Parlement iranien, Mohammad Bagher Ghalibaf.
« Hier, ils [les Palestiniens] se battaient avec des pierres, et maintenant ils frappent [Israël] avec des roquettes », a-t-il ajouté.
À Bagdad, où les partis pro-Téhéran sont au pouvoir, quelques centaines de personnes ont défilé.
« Si Dieu le veut, la fin d’Israël aura lieu dans les années à venir », pouvait-on lire sur une pancarte.
En Syrie, des combattants palestiniens ont défilé dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, brandissant des drapeaux syriens, palestiniens et iraniens.
« Jérusalem, nous arrivons », ont-ils scandé.
Au Liban, des factions palestiniennes ont défilé dans le camp de réfugiés de Burj al-Barajneh, bastion du Hezbollah.
« Nous n’abandonnerons ni la Palestine, ni le peuple palestinien, ni les lieux saints de Palestine. C’est notre engagement et c’est notre foi », a assuré Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, dans une déclaration télévisée.
« La résistance est confiante alors que l’ennemi israélien est effrayé et terrifié, » selon lui.
Bien que le Hamas soit un groupe musulman sunnite, son aile armée entretient depuis longtemps des liens étroits avec l’Iran, source de financement et puissance chiite. Le Hamas et l’Iran sont unis par une même hostilité à l’égard d’Israël.
Bien que l’Iran n’ait pas révélé les détails de son soutien, le Hamas a publiquement fait l’éloge de la République islamique pour son aide. Les experts affirment que le soutien de l’Iran est à la fois financier et politique, et qu’il s’agit aujourd’hui essentiellement d’une technologie de conception, d’un savoir-faire en matière d’ingénierie et d’une formation visant à aider le groupe terroriste à développer son propre arsenal de roquettes perfectionnées, qui peuvent atteindre n’importe quel cible en Israël.
Les restrictions sécuritaires imposées par Israël et l’Égypte après que le Hamas a violemment pris le contrôle de Gaza en 2007 a rendu difficile la contrebande de roquettes de fabrication iranienne dans l’enclave côtière au cours des dernières années.
Selon le Département d’État américain, l’Iran fournit quelque 100 millions de dollars par an aux groupes armés palestiniens, dont le Hamas et le Jihad islamique palestinien.
La guerre civile en Syrie a divisé le Hamas en deux pendant des années. En 2012, le Hamas a fermé son bureau de Damas et a quitté la Syrie à la suite de la répression brutale d’un soulèvement populaire par le président Bashar el-Assad. Toutefois, les mesures de réconciliation entre le Hamas et Assad prises à la fin de l’année dernière laissent entrevoir un renforcement de l’influence de l’Iran sur les dirigeants de Gaza.
Vendredi, les pays arabes qui ont longtemps évité la Syrie se sont réunis pour discuter de la fin de son isolement, signe d’une évolution des alliances dans la région.