Le projet de gazoduc EastMed signé entre la Grèce, Israël et Chypre le 2 janvier
Ce projet devrait faire des 3 pays un maillon de la chaîne d'approvisionnement énergétique de l'Europe et bloquer les tentatives turques d'étendre son contrôle sur la Méditerranée
La Grèce a annoncé dimanche que l’accord sur le gazoduc EastMed serait signé avec Chypre et Israël le 2 janvier, sur fond de tension entre Athènes et Ankara à propos de l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale.
L’accord sera signé à Athènes avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et le président chypriote, Nicos Anastasiades, précise le bureau du Premier ministre grec dans un communiqué.
Ce gazoduc de 2 000 km sera capable d’acheminer entre 9 et 11 milliards de m3 de gaz par an depuis les réserves offshores du bassin levantin, au large de Chypre et d’Israël, vers la Grèce, ainsi que vers l’Italie et d’autres pays du sud-est de l’Europe grâce aux gazoducs Poseïdon et IGB.
Ce projet devrait faire des trois pays un maillon important de la chaîne d’approvisionnement énergétique de l’Europe et bloquer les tentatives de la Turquie pour étendre son contrôle sur la Méditerranée orientale.
« Il est très important que les pays de cette zone montrent leurs muscles face aux provocations de la Turquie », a commenté dimanche le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas.
L’annonce de la signature de cet accord survient sur fond de tension après la signature d’un accord maritime entre la Turquie et le gouvernement libyen d’union (GNA), reconnu par l’ONU.
Cet accord maritime conclu fin novembre a été vivement condamné par plusieurs pays, dont la Grèce et Chypre, car il permet à Ankara de revendiquer des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures.
La Grèce a appelé le 10 décembre les Nations unies à condamner cet accord qu’elle a qualifié de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région.
Un accord militaire controversé a par ailleurs été conclu entre Ankara et le GNA, ouvrant la voie à une implication militaire turque accrue en Libye.
La voiture d’un diplomate turc a été incendiée en Grèce tôt lundi matin, a annoncé la police grecque. Personne n’a été blessé dans cet incident survenu dans la ville de Thessalonique (nord), a précisé la police. Le véhicule de l’employé consulaire turc ne portait pas de plaques diplomatiques, selon la même source.
Les tensions sont fortes entre la Grèce et la Turquie à propos de forages d’hydrocarbures dans l’est de la Méditerranée, et d’un accord signé fin novembre entre la Libye et la Turquie qui permet à celle-ci d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années autour de Chypre.
Le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias a effectué dimanche une visite éclair dans l’est de la Libye, en Egypte et à Chypre, durant laquelle il a annoncé la signature pour le 2 janvier d’un accord sur le gazoduc Eastmed avec Chypre et Israël.
La Grèce et la Turquie soutiennent des camps opposés dans la guerre en Libye.
La Turquie est du côté du gouvernement libyen d’union (GNA), basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, avec qui elle a signé un accord militaire, ainsi que l’accord maritime dénoncé avec virulence par la Grèce.
Cette dernière soutient le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, qui bénéficie aussi du soutien de l’Arabie saoudite, de l’Egypte et des Emirats arabes unis, des pays avec lesquels la Turquie a des relations tendues ou limitées.