Le Projet Menorah soutient les Juifs qui ont peur d’afficher les lumières de Hanoukka
L’initiative contre l'antisémitisme, lancée par un père de famille à Los Angeles, invite Juifs et non-Juifs à imprimer et afficher des menorot visibles par tous pendant la fête
Le mois dernier, l’acteur Adam Kulbersh a annoncé à son fils Jack, âgé de 6 ans, que cette année, il n’y aurait pas de lumières de Hanoukka à la fenêtre pour des raisons de sécurité.
Lorsque Kulbersh a relaté cette conversation à son amie Jennifer Marshall, celle-ci lui a aussitôt répondu que, bien que n’étant pas Juive elle-même, elle placerait une menorah à sa fenêtre en signe de soutien à Jack et son père.
C’est de ce « geste de compassion » qu’est né le Projet Menorah, a expliqué Kulbersh, dont l’initiative a attiré des milliers de followers sur Instagram et Facebook, et a trouvé un écho auprès de Juifs américains qui ont peur « d’exposer au grand public le miracle de Hanoukka« .
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La tradition juive veut depuis 2 000 ans que les hanukkiyot, ces candélabres de Hanoucca à neuf branches également appelés menorah (ou menorot au pluriel), soient placées bien en évidence à la vue du public.
« J’ai commencé un truc et ça a décollé. J’essaie juste de surfer sur la vague », a expliqué Kulbersh lors d’un entretien téléphonique depuis son domicile de Los Angeles.
Le site web du Projet Menorah propose des menorot téléchargeables que les gens peuvent imprimer et afficher à leur fenêtre. On y trouve également des informations sur l’état effroyable de l’antisémitisme aux États-Unis depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont infiltré Israël, pour y assassiner brutalement 1 200 personnes et en prendre 240 en otage dans la bande de Gaza.
« Nous devons réagir et ce projet est simple, gérable et réalisable », a expliqué Kulbersh, qui a fait appel à ses frères et sœurs, à ses cousins et à ses amis pour assurer la communication de base du projet, selon lui.
« Depuis huit semaines, la plupart des Juifs sont atterrés par l’ampleur de l’antisémitisme auquel nous assistons », a expliqué Kulbersh, mentionnant les actes de vandalisme dans des écoles maternelles juives et les nombreuses agressions physiques dont ont été victimes les Juifs dans plusieurs villes.
« Je n’aurais jamais pensé vivre dans un monde où un enfant a peur d’exposer un objet de fête », a ajouté Kulbersh, cet autodidacte qui s’est initié à la création de sites web et de logiciels de conception graphique pour lancer son projet.
Kulbersh, 50 ans, se qualifie lui-même « d’acteur de seconde classe » et a joué des rôles dans des dizaines de séries télévisées, dont « Grey’s Anatomy », « NCIS » et « Young Sheldon ».
« En général, je suis le troisième juif à partir de la gauche », plaisante Kulbersh, dont la première visite en Israël remonte à une trentaine d’années à l’occasion d’un grand voyage en famille. Il a un frère haredi qui y vit avec ses huit enfants, confie Kulbersh, dont la devise du projet est « seul l’amour vit ici ».
Toute la famille de Kulbersh aurait dû se retrouver en Israël pour Thanksgiving, dit-il, et sa mère aurait célébré son 75e anniversaire en compagnie de tous ses enfants et petits-enfants.
Après l’assaut du 7 octobre, le voyage a été annulé, et personne ne sait quand une nouvelle date sera fixée, a dit Kulbersh.
Ils se sentent illuminés
Kulbersh n’a aucune expérience en matière d’activisme juif ou israélien, mais, pour lui, les massacres du 7 octobre et la vague d’antisémitisme qui en a découlé ont marqué un tournant.
« C’est la première fois qu’un grand nombre de personnes s’élèvent publiquement contre la haine », a souligné Kulbersh.
Pour les parents juifs préoccupés par la manière dont leurs enfants abordent l’antisémitisme, le Projet Menorah est une réponse merveilleuse, a déclaré une mère interrogée par le Times of Israel.
« En tant que parent juif, il est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, de transmettre à mes enfants la fierté d’être ce qu’ils sont », a déclaré Ariel Scheer Stein, fondatrice de Jewish Family Magic à New York.
Stein réunit par le biais de sa société tout ce dont les familles juives ont besoin pour respecter les traditions et les fêtes. Des listes de musique à jour aux recommandations de livres pour enfants, Stein, qui a déjà dirigé des voyages Birthright Israel pour des étudiants, souhaite « apporter la magie » du judaïsme aux jeunes familles.
« Lorsque mes enfants voient une menorah exposée en public ou dans la maison de quelqu’un, ça les électrise et ils se sentent fiers d’appartenir à la communauté juive », a déclaré Stein.
Comme Kulbersh, Stein n’a pas peur d’afficher son judaïsme en public, que ce soit par ses mots ou ses images. Elle pose régulièrement à côté de drapeaux israéliens et, ces dernières semaines, elle a donné des conseils à ses 12 000 followers sur Instagram sur les bonnes affaires à faire pendant Hanoukka.
Pour sa part, Kulbersh précise qu’il demande aux participants du Projet Menorah de photographier et de partager l’image d’une menorah à leur fenêtre, une démarche importante à ses yeux. Selon l’acteur, cela permettra de diffuser le message auprès d’un plus grand nombre de personnes, y compris les Juifs qui ont peur d’exposer leur propre menorah.
« Si autant de personnes sont prêtes à afficher une menorah dans votre quartier pour soutenir le peuple juif, alors peut-être que vous, en tant que Juif, ne devriez pas avoir peur de sortir votre propre menorah« , a expliqué Kulbersh, ajoutant que lui et son fils feraient « la totale » pour Hanoukka, plutôt que de garder les ornements de l’année dernière au placard.
Le site web du Projet Menorah présente des histoires inspirantes de personnes qui ont contribué à sauver des Juifs, que ce soit de la persécution nazie ou soviétique. Kulbersh a souligné l’importance de la solidarité avec les Juifs qui veulent « afficher » leur religion, que ce soit dans une vitrine ou en se couvrant la tête.
« Face aux antisémites violents qui tentent d’effrayer et d’opprimer les communautés juives du monde entier, nous avons besoin d’amis comme vous pour faire briller la lumière de la libération avec et pour nous », a souligné Kulbersh. « À chaque époque, nous avons bénéficié d’alliés qui se sont tenus à nos côtés. »
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