Le tweet de Cassif, comparant Israël à l’Allemagne nazie, relance les appels à son renvoi
Le député Hadash-Taal a comparé les projets israéliens "d'émigration volontaire" de Gaza à la fuite des Juifs d'Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale

Des parlementaires de droite ont de nouveau demandé le renvoi du député d’extrême-gauche Ofer Cassif (Hadash-Taal) après qu’il a publié sur le réseau social X un message dans lequel il compare les projets israéliens visant à encourager la migration volontaire des Palestiniens de Gaza à la fuite des Juifs allemands à l’étranger avant la Seconde Guerre mondiale.
Dans un message publié sur X mardi matin, Cassif, le seul député juif de l’alliance radicale Hadash-Taal, à majorité arabe, a partagé une photo de Juifs faisant la queue devant un bureau d’émigration à Vienne en 1938, avec la légende suivante : « Ce mois-ci, il y a exactement 86 ans, le ‘Bureau central pour l’émigration juive’ a été créé à Berlin dans le but d’encourager l’émigration volontaire des Juifs allemands. »
Cassif s’est ouvertement opposé au plan du président américain Donald Trump pour l’après-guerre à Gaza, plan ardemment soutenu par les dirigeants israéliens, visant à reloger de manière permanente les Palestiniens vivant dans l’enclave côtière en grande partie détruite.
Cassif, qui a condamné toute « expulsion et tout exil des Arabes », a promis que « même si nous allons devoir nous coucher sous les roues des camions, même si nous allons devoir faire sauter les ponts, il n’y aura pas d’expulsion forcée de masse, car nous ne le permettrons pas ».
Suite au message de Cassif publié mardi, le député Almog Cohen (Otzma Yehudit) a déposé une plainte auprès de la commission d’Éthique de la Knesset, le qualifiant de « partisan du terrorisme » et se plaignant de « sa comparaison ignoble et honteuse du projet d’émigration volontaire pour les habitants de Gaza avec l’émigration des Juifs de l’Allemagne nazie ».
Cohen a annoncé qu’il commencerait à recueillir les signatures des députés afin d’entamer la procédure de destitution de Cassif, un an seulement après l’échec d’une précédente tentative de l’exclure de la Knesset.

Selon la Loi fondamentale : La Knesset, 90 députés peuvent voter l’éviction d’un collègue qui a exprimé son soutien « à une lutte armée » contre l’État d’Israël. Lorsqu’un minimum de 70 signatures est réuni, la question est soumise à la commission de la Knesset et, si elle est approuvée, elle est soumise au vote de l’assemblée plénière.
Une précédente tentative de destitution de Cassif en raison de son soutien public à une motion déposée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ), accusant Israël de « génocide », avait échoué en février dernier, n’ayant recueilli que 85 voix en séance plénière.
Afin de s’assurer que cela ne se reproduise plus, le chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, a annoncé mardi que son parti avait déposé un projet de loi visant à réduire à 80 le nombre de députés requis pour approuver une destitution.
« Dans le cadre du plan de migration, le premier à devoir quitter le pays est Cassif », a-t-il écrit sur X, critiquant le chef de l’opposition Yaïr Lapid pour ne pas avoir soutenu le premier vote de destitution.

Malgré l’échec de la procédure de destitution de l’année dernière, la commission d’Éthique de la Knesset avait voté à l’unanimité en novembre la suspension temporaire Cassif de la Knesset pour six mois en raison de certaines déclarations qu’il a faites sur l’armée israélienne et la guerre à Gaza.
Invoquant ce qu’il a appelé un « schéma d’action systématique » pour lequel il n’a pas montré de remords, la commission a fondé sa décision sur un certain nombre d’incidents pour lesquels Cassif a fait l’objet de critiques ces dernières années, comme un message sur X dans lequel il décrivait des terroristes armés palestiniens combattant contre Tsahal à Jénine, en Cisjordanie, comme des « combattants de la liberté ».
Le député Oded Forer (Yisrael Beytenu), qui a été l’un des principaux instigateurs de la procédure de destitution l’année dernière, a qualifié Cassif de « propagandiste anti-Israël sans limites ».
« Sa comparaison entre l’exode volontaire des habitants de Gaza, fuyant le terrorisme du Hamas qui les condamne à une vie sous un règne de terreur, de sang et de feu, et la persécution des Juifs dans l’Allemagne nazie n’est pas seulement un mensonge vicieux, c’est une odieuse diffamation », a-t-il écrit sur X.
יו"ר ועדת האתיקה ח"כ הרב משה רוט נועד היום עם חברי הכנסת של מפלגת חד"ש-תע"ל, לדון בריבוי הקובלנות שהצטברו על שולחן ועדת האתיקה בנוגע להתבטאויות חברי הכנסת של המפלגה במליאה ובוועדות הכנסת pic.twitter.com/NRVhbAVNUV
— חזקי ברוך (@HezkeiB) February 17, 2025
« Je le demande pour la millionième fois, est-ce un député ou un porte-parole officiel du Hamas ? Ce qui est sûr, c’est qu’il ne devrait pas siéger à la Knesset ! »
Selon le site Israel National News, Cassif et d’autres membres du parti Hadash-Taal ont rencontré lundi après-midi le vice-président de la commission d’Éthique de la Knesset, Moshe Roth (Yahadout HaTorah), pour discuter d’un certain nombre de plaintes déposées contre ses membres.
La discussion a eu lieu un peu moins d’un mois après que le leader du parti, Ayman Odeh, a suscité l’indignation de tous les partis politiques en déclarant qu’il était « heureux de la libération des otages et des prisonniers » dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Le dirigeant de longue date du principal bloc politique arabe du pays a fait ces déclarations sur X lorsque trois femmes civiles israéliennes enlevées lors du pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le groupe terroriste palestinien ont été libérées après plus de quinze mois de captivité dans les geôles du Hamas à Gaza. Quelques heures plus tard, conformément aux termes de l’accord, 90 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël ont été libérés par Israël et transférés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
« Nous devons maintenant libérer les deux peuples du joug de l’occupation », avait alors écrit Odeh.
« Nous sommes tous nés libres. »
De nombreux Israéliens ont été scandalisés par la comparaison entre les otages enlevés lors d’une attaque terroriste et les prisonniers accusés et reconnus coupables de terrorisme.
Après coup, ce parlementaire arabe de longue date s’est défendu en assurant qu’il était attristé d’avoir blessé les familles des otages.

« En tant que citoyen palestinien d’Israël, mon point de vue diffère probablement de celui de nombreux citoyens juifs d’Israël. S’il est clair que beaucoup d’entre vous ont tendance à voir principalement la souffrance juive, je vois et je ressens la souffrance des deux peuples », avait-il déclaré.
En réponse, le député Avichaï Boaron (Likud) a déclaré qu’il allait entamer le processus d’obtention des signatures nécessaires à la destitution d’Odeh.