Le vaccin anti-tuberculose pourrait prévenir l’Alzheimer – étude israélienne
Des chercheurs de l'université hébraïque affirment que le BCG, déjà utilisé dans le traitement du cancer de la vessie, peut combattre l'inflammation caractéristique d'Alzheimer
Une équipe de chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem affirme avoir découvert qu’un vaccin initialement conçu pour combattre la tuberculose et couramment utilisé pour traiter le cancer de la vessie pourrait également être efficace pour prévenir la maladie d’Alzheimer, une maladie neurodégénérative chronique qui entraîne des pertes de mémoire, des problèmes de langage et la perte des fonctions mentales et exécutives.
Selon l’Alzheimer’s Association, 5,8 millions d’Américains vivent avec la maladie d’Alzheimer. D’ici 2050, ce nombre devrait passer à près de 14 millions. Pour le moment, il n’y a pas de remède ni même de traitement pour la maladie.
Mais désormais, des chercheurs affirment qu’il « y a peut-être une lueur d’espoir », selon un communiqué publié lundi par l’université.
L’équipe de recherche a été dirigée par Hervé Bercovier, Charles Greenblatt et Benjamin Klein au Département de microbiologie et de génétique moléculaire de l’Université hébraïque.
Les scientifiques ont découvert que le Bacille de Calmette et Guérin (BCG), initialement mis au point pour lutter contre la tuberculose et couramment utilisé pour traiter le cancer de la vessie, pourrait aussi être efficace pour prévenir la maladie d’Alzheimer. Ils ont publié leurs conclusions dans PLOS ONE.
« Il existe des données qui remontent aux années 1960, qui montrent que les pays qui traitent les patients atteints du cancer de la vessie avec le vaccin BCG avaient une prévalence plus faible de la maladie d’Alzheimer, mais [ces données] n’avaient pas été correctement analysées », a déclaré Bercovier, l’auteur principal du document dans le communiqué.
Bercovier et son équipe ont donc suivi 1 371 patients atteints d’un cancer de la vessie et traités au centre médical Hadassah de l’Université hébraïque pendant au moins un an après le diagnostic du cancer. L’âge moyen des patients était de 68 ans. Lors des visites de suivi, 65 patients atteints de cancer avaient développé la maladie d’Alzheimer. Ceux qui n’avaient pas reçu de BCG dans le cadre de leur traitement présentaient un risque nettement plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer que les patients traités au BCG : 8,9 % (44 patients) par rapport à 2,4 % (21), selon l’étude.
De plus, les personnes saines qui n’avaient jamais été traitées par le BCG présentaient un risque quatre fois plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer que celles qui avaient reçu le vaccin du BCG, selon l’étude.
La maladie d’Alzheimer est marquée par trois caractéristiques pathologiques : une accumulation de plaques amyloïdes β (Aβ), des enchevêtrements neurofibrillaires (protéine tau hyperphosphorylée) et une neuroinflammation innée soutenue, selon l’étude. L’inflammation est un mécanisme de défense du corps qui se produit lorsque le système immunitaire reconnaît des cellules endommagées et entame un processus de guérison. Cependant, lorsque l’inflammation persiste plus longtemps que nécessaire, en raison d’une réaction excessive du système immunitaire ou pour d’autres raisons, cela peut causer des dommages, comme c’est le cas pour la maladie d’Alzheimer.
La manière exacte dont le BCG affecte le cancer n’a pas été déchiffrée, mais on sait qu’il a un impact sur le système immunitaire, ont déclaré les chercheurs dans leur étude.
Ainsi, le vaccin BCG, qui « module le système immunitaire, peut servir de traitement préventif efficace contre cette maladie invalidante », a déclaré Bercovier lors d’un interview téléphonique. « On dirait que le BCG est capable de réduire cette inflammation. »