Israël en guerre - Jour 538

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Les chefs des implantations publient une carte de l’Etat palestinien selon Trump

Pour contrecarrer le plan US, les maires de Cisjordanie mobilisent les députés de droite avec une carte des 15 implantations enclavées du plan, entourées par l'État palestinien

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

(De gauche à droite) Yigal Dilmoni, directeur du Conseil de Yesha, et David Elhayani, son président, montrent à la députée Yamina Ayelet Shaked une carte de la Cisjordanie d'après le plan Trump, le 25 mai 2020. (Autorisation)
(De gauche à droite) Yigal Dilmoni, directeur du Conseil de Yesha, et David Elhayani, son président, montrent à la députée Yamina Ayelet Shaked une carte de la Cisjordanie d'après le plan Trump, le 25 mai 2020. (Autorisation)

Les dirigeants des implantations ont rencontré les députés de droite la semaine dernière et leur ont présenté ce qu’ils prétendent être une carte de l’État palestinien envisagé par le plan Trump, qui encerclerait 15 localités israéliennes d’une manière qu’ils jugent inacceptable.

Le conseil des maires de Cisjordanie de Yesha a adopté une résolution au début du mois déclarant qu’il n’accepterait pas le feu vert donné par le plan Trump à l’annexion israélienne de certaines parties de la Cisjordanie si cela signifiait accepter l’autre partie essentielle de la proposition – la création d’un État palestinien.

Dans les semaines qui ont suivi, des responsables de Yesha, dont le président David Elhayani, le directeur Yigal Dilmoni et plusieurs maires de Cisjordanie, ont rencontré des députés du Likud, de HaBayit HaYehudi et de Yamina afin de les convaincre de s’opposer au plan Trump, pour lequel le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exprimé son soutien.

Lors de leurs rencontres avec les députés de droite à la Knesset, les responsables de Yesha sont venus équipés d’une carte agrandie montrant en rouge ce qu’ils prétendent être l’État palestinien envisagé par le plan Trump. La carte met en évidence les 15 implantations qui deviendraient des enclaves isolées encerclées par l’État palestinien et montre également que de nombreuses routes clés qui entrent et sortent de Cisjordanie, comme les routes 5 et 60, ne seraient plus accessibles aux conducteurs israéliens.

Elhayani a cependant admis au Times of Israel que la carte est basée sur la version conceptuelle qui a été présentée par le président américain Donald Trump lors du dévoilement du plan en janvier. L’administration a mis en garde les deux parties contre le fait de considérer cette carte comme définitive, notant qu’un comité cartographique conjoint américano-israélien a été chargé de définir les contours exacts des zones qu’Israël serait autorisé à annexer et de celles réservées à un futur État palestinien.

Néanmoins, a dit M. Elhayani, les membres du comité de cartographie ont refusé de rencontrer les dirigeants des implantations pour prendre en compte leurs préoccupations et ainsi, a-t-il affirmé, la carte que les Etats-Unis ont dit n’être que conceptuelle finira par être la version finale mise en œuvre.

Le comité de cartographie est composé du président de la Knesset Yariv Levin (Likud), du conseiller à la sécurité nationale Meir Ben Shabbat, du directeur du cabinet du Premier ministre Ronen Peretz et de l’ambassadeur aux États-Unis Ron Dermer du côté israélien ; et de l’ambassadeur en Israël David Friedman, de son conseiller Aryeh Lightstone et du directeur des affaires israéliennes et palestiniennes du Conseil national de sécurité Scott Leith du côté américain.

Le président du conseil régional de Har Hebron, Yochai Damri, qui a accompagné Elhayani lors de plusieurs réunions de la Knesset, a déclaré que lorsque les responsables de Yesha ont approché les membres israéliens du comité de cartographie au début de ce mois, on leur a dit que la cartographie en était encore à ses débuts, mais qu' »il n’y avait aucune chance » que la partie américaine prenne en compte leurs demandes de modification.

Carte conceptuelle de la Vision pour la paix, publiée par l’administration Trump le 28 janvier 2020.

Damri a déclaré que la carte conceptuelle prévoit la souveraineté israélienne sur 32 % de la Cisjordanie. Yesha espérait convaincre le comité d’étendre ce chiffre à 38,5 % afin d’empêcher la formation d’enclaves israéliennes isolées, encerclées par le futur Etat palestinien.

Damri a déclaré que les dirigeants des implantations seraient peut-être prêts à accepter le chiffre de 32 % si les frontières étaient redessinées pour relier les enclaves au reste d’Israël. Il a ajouté qu’il était prêt à renoncer à la souveraineté sur un certain nombre de zones que le plan accorde à Israël, comme les côtes de la mer Morte en Cisjordanie.

« Ce n’est pas forcément un jeu à somme nulle. Il est possible d’en faire un jeu gagnant-gagnant », a affirmé Damri. « Mais le côté israélien du comité de cartographie nous a exclus. »

Le Times of Israel a contacté plusieurs membres du comité de cartographie pour obtenir des commentaires, mais n’a pas reçu de réponses. Cet organe de sept membres ne s’est pas prononcé sur ses efforts depuis sa création, au-delà de vagues déclarations à huis clos affirmant que des progrès sont réalisés.

Le président du conseil régional de Har Hebron Yochai Damri. (Autorisation)

Damri, un habitant d’Otniel, qui serait l’une des 15 implantations qui deviendraient des enclaves, a particulièrement critiqué le fait que le plan « néglige » ces villes, qui représentent environ 5 % des 450 000 habitants juifs de Cisjordanie.

« Ce sont des localités qui ont subi d’horribles attaques terroristes, et maintenant vous leur dites qu’elles ne peuvent pas se développer et vous prenez une décision qui conduira à un nouveau désengagement », a-t-il déclaré, en faisant référence aux effets qui seront ressentis par les localités enclavées, qui ne pourront pas s’étendre pendant une période de quatre ans au cours de laquelle des négociations en vue d’une résolution finale avec les Palestiniens auront lieu.

Il a déclaré qu’il serait prêt à soutenir un gel des constructions dans les zones entourant les implantations israéliennes qui sont destinées à un État palestinien si ce dernier en fait autant. Si ce n’est pas le cas, alors la partie israélienne ne pourrait pas accepter une telle exigence, a-t-il dit.

Damri a également rejeté l’argument selon lequel ces 15 communautés et d’autres seraient encore autorisées à se développer, affirmant que ce n’est pas une solution réaliste pour les implantations dans son conseil régional. « Les plans de construction ne permettent pas une telle construction. Nous devrions les modifier complètement – un processus qui prend trois ou quatre ans ».

« Le conseil régional de Har Hebron siège sur 1 000 km2. Le seul ascenseur de toute cette zone se trouve dans mon bureau », a-t-il déclaré.

L’ambassadeur américain en Israël, David Friedman (4e en partant de la droite), visite l’implantation d’Efrat avec des dirigeants d’implantations, le 20 février 2020. (Autorisation)

Damri est membre de ce qui semble être une majorité des 24 maires des implantations qui s’opposent au plan Trump et qui ont voté en faveur de la résolution du Conseil de Yesha le rejetant au début de ce mois. A côté de ce groupe, un autre camp s’est formé ces derniers mois, composé en grande partie de maires de villes plus proches de la Ligne verte, qui insistent sur le fait que le plan Trump représente une opportunité unique pour le mouvement des implantations.

Ce dernier groupe, qui comprend le maire d’Efrat, Oded Revivi, le maire d’Ariel, Eli Shaviro, et au moins six autres présidents de conseil, a fait valoir que si l’acceptation du plan envisageant un État palestinien est une pilule difficile à avaler, le risque est atténué car il est peu probable que l’Autorité palestinienne accepte la longue liste de conditions requises pour même entamer des négociations en vue de la création d’un État.

Le camp le plus modéré insiste sur le fait qu’Israël ne peut pas se permettre de laisser passer le feu vert américain pour l’annexion, et que même si cela signifie que certaines villes devront devenir des enclaves isolées, leur situation ne sera pas très différente de celle d’aujourd’hui.

Le camp adverse, qui comprend Damri, Elhayani et le président du Conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, est opposé en principe à la création d’un État palestinien, aussi petit et non contigu qu’il puisse être.

Pressé de dire pourquoi il s’est opposé au plan prévoyant un État palestinien alors que, selon l’accord, il ne contrôlerait pas ses frontières et n’aurait pas d’armée, Damri a affirmé que c’était le même raisonnement que celui utilisé lors du désengagement de Gaza, qui a finalement conduit à la prise de contrôle de la bande par le Hamas.

« Je n’ai aucun problème à leur donner un plus grand contrôle municipal afin d’améliorer leur vie quotidienne, mais une fois que vous leur accordez un État, vous ne pouvez plus revenir en arrière », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), l’ambassadeur américain en Israël David Friedman, (au centre), et le ministre du Tourisme Yariv Levin lors d’une réunion pour discuter de l’extension de la souveraineté israélienne à des zones de la Cisjordanie, tenue dans l’implantation d’Ariel, le 24 février 2020. (David Azagury/ Ambassade des Etats-Unis à Jérusalem)

Damri a reconnu que l’offre présentée par Trump est peut-être la meilleure que les États-Unis seront jamais prêts à présenter et qu’elle pourrait disparaître complètement de la table après l’élection présidentielle de novembre. Toutefois, il s’est dit prêt à renoncer au soutien américain à l’annexion si l’administration refusait de prendre en compte les modifications de la carte conceptuelle demandées par le Conseil de Yesha.

« A ce jour, selon les accords d’Oslo, 60 % [de la Cisjordanie] est sous contrôle israélien. Je préfère ce statut actuel à ce qui est présenté dans ce plan », a insisté Damri. « Nous avons atteint un demi-million de résidents sous ce statut actuel et ce, dans le cadre d’un accord international ».

Bien qu’il ait déclaré que l’application de la souveraineté israélienne à son conseil régional et à d’autres en Cisjordanie était un objectif louable, il était prêt à laisser passer l’occasion plutôt que de « mettre en danger les résidents des enclaves créées par le plan ».

Il a noté que l’annexion du plateau du Golan en 1982 n’a pas empêché les dirigeants israéliens successifs, dont Netanyahu, de négocier son éventuel retour en Syrie.

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