Les compagnies aériennes étrangères demandent des incitations pour reprendre leurs services en Israël
Vingt transporteurs ont envoyé une lettre à la ministre des Transports pour expliquer que le le système d'indemnisation des passagers était inadapté à une situation d'urgence prolongée, comme la guerre en cours
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Plusieurs compagnies aériennes étrangères pressent le ministère israélien des Transports de déclarer une situation sécuritaire particulière et de limiter temporairement les droits à l’indemnisation des passagers, ce afin de faciliter la reprise des liaisons aériennes à destination et en provenance d’Israël.
Pour l’heure, la majorité des compagnies aériennes étrangères ont annulé leurs services au sein de l’État juif depuis dimanche dernier, jour où un missile balistique tiré par les Houthis depuis le Yémen s’est écrasé dans l’enceinte de l’aéroport Ben Gurion de Tel Aviv.
Dans le courrier qui a été envoyé lundi, les transporteurs étrangers demandent à la ministre des Transports, Miri Regev, de prendre une décision temporaire visant à limiter les droits à indemnisation de leurs clients en cas d’annulation de vol liée à la situation sécuritaire.
« Compte tenu de l’état d’urgence actuel et des conséquences désastreuses des incidents de sécurité sur l’industrie de l’aviation et du tourisme… il semble que les conditions soient réunies pour émettre une ordonnance dont l’objectif sera d’instaurer des mécanismes applicables aux situations d’urgence, ce qui permettra une certaine souplesse dans l’application de la réglementation [de l’indemnisation des passagers] et ce qui incitera les compagnies aériennes étrangères à… reprendre leur desserte d’Israël », explique ainsi Shirly Kazir, du cabinet d’avocats Fischer & Co., dans la lettre dont a pu prendre connaissance le Times of Israel.
En sa qualité de porte-parole d’une vingtaine de compagnies aériennes étrangères opérant en Europe et aux États-Unis, Kazir a demandé que Regev apporte des amendements temporaires à la loi de 2012 sur les services aériens, afin de limiter les coûts et les risques financiers supportés par les compagnies aériennes en cas de perturbations ou d’annulations de vols en raison de la situation sécuritaire.
Le ministère des Transports n’a, pour l’heure, pas répondu aux demandes de commentaires du Times of Israel.
Après la chute d’un missile tiré depuis le Yémen sur des locaux de l’aéroport Ben Gurion, principal aéroport d’Israël, le groupe Lufthansa – qui regroupe les compagnies aériennes Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines, Brussels Airlines et Eurowings – a fait savoir qu’il ne reprendrait pas sa desserte de Tel Aviv avant le 19 mai prochain. Air France a pour sa part interrompu sa desserte de Tel Aviv jusqu’au 20 mai.

Air India, qui a une liaison directe entre Israël et l’Inde, a suspendu ses vols jusqu’au 25 mai prochain et les transporteurs américains United et Delta Airlines, jusqu’au 18 et 20 mai, respectivement. Iberia ne reprendra pour sa part pas ses vols avant le 1er juin et British Airways pas avant le 15 juin. Parmi les compagnies aériennes à bas coûts, Wizz Air a annulé ses vols jusqu’au 15 mai et Ryanair jusqu’au 21 mai.
En vertu du droit de l’aviation civile, en cas d’annulation d’un vol moins de 14 jours avant le départ, les compagnies aériennes étrangères sont tenues de proposer un vol de remplacement à leurs passagers. Mais compte-tenu de la rareté des vols, ces vols alternatifs coûtent beaucoup plus cher – déraisonnablement plus cher – que le prix payé par les passagers, peut-on lire dans cette lettre. Ce qui « encourage les compagnies aériennes contraintes d’annuler leurs vols pour des raisons de sécurité à suspendre leur desserte sur de longues périodes, au lieu de ne les arrêter que sporadiquement », écrit Kazir.
Dans cette lettre, les compagnies aériennes étrangères demandent que le délai de notification préalable aux passagers en cas de modification ou d’annulation de vol soit réduit de 14 à trois jours.
Parmi les autres changements demandés par les compagnies aériennes, la limitation de l’obligation de fournir un hébergement à l’hôtel pouvant aller jusqu’à deux nuits aux passagers en cas d’annulation de vol, et une exemption du paiement d’une compensation financière au-delà du remboursement des billets pour les vols prévus à partir du 5 mai jusqu’à la fin de la situation d’urgence.
Les transporteurs étrangers estiment que la loi sur les services aériens s’applique aux perturbations survenues en temps normal et non aux périodes d’urgence prolongées, allusion à la guerre que se livrent Israël et le Hamas – un conflit qui avait éclaté suite au pogrom commis par le groupe terroriste, le 7 octobre 2023.

Ces 19 derniers mois, la plupart des compagnies aériennes étrangères ont, à plusieurs reprises, annulé puis repris leur desserte d’Israël.
Nombre de compagnies aériennes étrangères se plaignent de la multiplication des recours – collectifs ou non – de passagers qui réclament une indemnisation, comme le stipule le droit de l’aviation.
Au-delà des modifications temporaires apportées à la réglementation, le collectif de compagnies aériennes étrangères a demandé au gouvernement israélien de leur fournir une assistance liée à l’assurance de leurs opérations en Israël, sur le modèle de l’aide accordée aux compagnies aériennes israéliennes.