Les diplomates israéliens en Amérique du Nord dénoncent le manque de budget
Les envoyés aux USA et au Canada avertissent que ce manque de fonds survient alors que les liens avec de nombreux députés et avec les communautés juives menacent de s'effondrer
Les diplomates israéliens basés en Amérique du Nord ont averti le ministère des Affaires étrangères que le manque de budgets alloués à leurs tâches compliquait terriblement leur travail.
Dans un courrier transmis mardi à Eli Cohen, ministre des Affaires étrangères, et à Ronen Levy, directeur-général du ministère, ils déclarent avoir été avertis au mois de janvier qu’ils ne recevraient pas de fonds pour des activités et des événements variés ou pour des déplacements de travail dans les prochains mois.
« L’absence de budget… entrave gravement les capacités de nos missions à agir et à promouvoir des objectifs qui sont pourtant absolument déterminants dans notre travail », écrivent-ils dans leur lettre, selon le site d’information Ynet. « Nous avons été dans l’obligation d’annuler des événements prévus et nous ne pourrons pas réaliser des activités ou des projets dans une grande variété de domaines – politique, à l’université, des projets économiques, culturels, etc… »
Citant l’absence de fonds pour se déplacer, les diplomates ont indiqué que « nous ne pouvons pas nous entretenir en face à face avec les membres du Congrès, les députés, les gouverneurs, les directeurs d’université, les leaders de la communauté juive et ces nombreuses autres personnalités avec lesquelles nous avons tissé des liens et qui sont cruciales dans l’accomplissement de la mission qui est la nôtre ».
Ils ont expliqué qu’ils étaient également dans l’incapacité d’aller à des conférences ou à d’autres événements où ils avaient été invités.
« Ces événements se dérouleront sans que nous puissions tirer les bénéfices de notre participation en matière de diplomatie, en matière de communauté et de communication – notamment dans la lutte contre la délégitimation d’Israël, dans la lutte contre BDS et dans le combat contre l’antisémitisme en recrudescence sur les campus », ont-ils ajouté.
Ils affirment également n’avoir reçu aucun financement pour les fêtes de la Journée de l’Indépendance qui aura lieu au mois d’avril, au 75e anniversaire de la fondation d’Israël.
« Si nous comprenons qu’il y a des contraintes budgétaires nécessaires, les nuisances que nous essuyons en conséquence sont déraisonnables à nos yeux et elles portent atteinte aux intérêts d’Israël », ajoutent-ils. « Les défis affrontés par Israël sur la scène internationale exigent une réponse permanente et professionnelle, avec une vision à long-terme. Le mal qui touche les missions israéliennes à l’étranger a des conséquences aujourd’hui et il en aura à l’avenir. »
« Nous voulons travailler mais nous ne pouvons pas quitter nos missions… à un moment où les relations avec un grand nombre de députés et avec les communautés juives sont au bord de l’effondrement », poursuivent les diplomates dans le courrier, faisant apparemment référence aux inquiétudes soulevées par l’ordre du jour du nouveau gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieux.
L’ambassadeur israélien aux États-Unis Michael Herzog a fait part de son soutien à la missive même s’il ne figure pas parmi les signataires, a fait savoir la presse israélienne.
Parmi les signataires, l’ambassadeur israélien au Canada Ronen Hoffman et les chefs des consulats de Miami, New York, Chicago, Houston, Los Angeles, Atlanta, Boston, Montreal et Toronto.
En réponse au courrier, le ministère des Affaires étrangères a reconnu un manque de budget qui entrave le travail des missions à l’international.
« Le ministre des Affaires étrangères et le directeur-général travaillent sans relâche pour permettre d’allouer des fonds aux opérations menées par les missions et nous sommes heureux de l’attention que nous prête le Trésor », a indiqué un communiqué du ministère.
Il a ajouté que le ministère avait obtenu « un budget particulier » pour les événements de la Journée de l’Indépendance et il a ajouté que les missions diplomatiques « reprendront l’intégralité de leurs activités » une fois que le prochain budget de l’État sera adopté.
Les employés du ministère des Affaires étrangères ont exprimé les mêmes plaintes, ces dernières années, déplorant un manque de financement et des salaires insuffisants. Le bureau du Contrôleur de l’État avait pour sa part émis en 2020 un rapport qui estimait que l’appareil israélien en matière de politique étrangère était à la fois sous-financé et mal coordonné.