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Les étudiants en droit de Columbia refusent la création d’une organisation de lutte contre l’antisémitisme

Le conseil des étudiants a de nouveau opposé une fin de non recevoir à cette proposition, évoquant le recours à la définition de l'antisémitisme de l'IHRA, qualifiée de "pernicieuse et insidieuse"

L'Université Columbia, à Morningside Heights, dans l'Etat de New York, en novembre 2016 (Crédit : King of Hearts via Wikimedia Commons)
L'Université Columbia, à Morningside Heights, dans l'Etat de New York, en novembre 2016 (Crédit : King of Hearts via Wikimedia Commons)

NEW YORK – À la veille de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, le conseil étudiant de la faculté de droit de l’Université Columbia a refusé la demande, présentée par des étudiants juifs et non-juifs, de créer un club étudiant de lutte contre l’antisémitisme.

Ce conseil, composé de 49 membres, a refusé la création de Law Students Against Antisemitism (LSAA) en raison, notamment, de son intention d’appliquer la définition de l’antisémitisme donnée par lAlliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Le gouvernement des États-Unis a lui-même adopté cette définition à plusieurs fins, notamment pour déterminer si une université se conformait effectivement aux dispositions du titre VI.

Les étudiants opposés à la création de ce club ont qualifié la définition de l’IHRA de « définition pernicieuse et insidieuse de l’antisémitisme ».

Selon l’IHRA, est antisémite le fait de « nier au peuple juif son droit à l’autodétermination, par exemple en prétendant que l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste ; faire preuve de ‘deux poids, deux mesures’ en exigeant d’Israël un comportement qui n’est attendu ou exigé d’aucune autre nation démocratique, et en assimilant la politique israélienne contemporaine à la politique nazie. »

Le conseil étudiant en droit de Columbia n’a pas souhaité faire de commentaires.

Alors que les manifestations antisémites et anti-Israël continuent de secouer ce campus de l’Upper West Side, cette décision est aussi prévisible que bouleversante, ont déclaré plusieurs étudiants de Columbia.

« J’ai le cœur brisé, non parce que cela m’a surprise, mais parce que j’avais raison », a déclaré Marie-Alice Legrand, étudiante en troisième année de droit. À la suite du vote, Legrand a écrit sur LinkedIn que c’était la deuxième fois que le conseil étudiant de la faculté de droit votait contre la création de ce club depuis qu’une organisation du même nom, Law Students Against Antisemitism, a été supprimée de la même manière en 2022.

Legrand, qui est non-juive et noire, a déclaré avoir perdu des amis du fait de ses prises de position.

« Je suis désormais persona non grata, pour ainsi dire, au sein de la communauté afro-américaine. J’ai d’autres amis maintenant, mais je refuse de vivre dans un monde où les Juifs ont peur, a déclaré Legrand. « Je suis touchée par l’antisémitisme, nous le sommes tous – parce que la haine se propage. »

Selon Martin Pritikin, doyen de la Purdue Global Law School et diplômé de la Harvard Law School, ce refus de créer le club pourrait être discriminatoire. (Il existe déjà une Association juive des étudiants en droit, ainsi qu’une organisation de droit israélien à Columbia (Koleinu).

Le conseil de Columbia Law a plusieurs responsabilités, notamment celle de présider les réunions et tenir à jour les dossiers du conseil, ou le suivi comptable des fonds alloués aux étudiants, explique Pritikin.

Marie-Alice Legrand, étudiante de troisième année à la faculté de droit de l’Université Columbia, prend la parole lors de la collecte de fonds Columbia Chabad Magen David Adom, le 20 novembre 2023. (Avec l’aimable autorisation de Marie-Alice Legrand)

Dans la mesure où une partie de ces fonds proviennent des frais de scolarité, dont doivent s’acquitter tous les étudiants de l’Université Columbia, on pourrait arguer que l’université est tenue de veiller à ce que les étudiants en droit ne violent pas les droits des étudiants, analyse Pritikin.

« Si quelqu’un doit être particulièrement attentif à la régularité de la procédure régulière, ce sont bien les étudiants en droit », ajoute Pritikin, qui estime que le conseil « a exercé son pouvoir d’une manière qui nuit aux étudiants juifs ».

Selon Akiva Shapiro, associé chez Gibson, Dunn & Crutcher et diplômé de la Columbia Law School, le problème de la faculté de droit est « plus important et profond que ce seul vote ».

« Face au regain de l’antisémitisme et aux appels réguliers au génocide juif qui ont envahi le campus de Columbia depuis le 7 octobre dernier, parfois de la part-même d’étudiants de Columbia, il y a un besoin indéniable d’étudiants en droit contre l’antisémitisme en ce moment », assure-t-il.

« Ce vote ne fait que souligner que les figures référentes – l’administration de l’Université de Columbia, celle de la faculté de droit de Columbia en particulier – doivent reprendre le contrôle de l’établissement des mains des leaders étudiants gagnés par les tropes antisémites, les calomnies et la propagande », affirme Shapiro.

Par conséquent, dit-il, les administrateurs devraient redonner à l’administration le pouvoir d’autoriser la création de clubs et organisations étudiantes, « et d’approuver immédiatement la formation des étudiants en droit contre l’antisémitisme ».

Legrand, qui assure qu’elle continuera à se battre pour la création de ce club, explique que le discours, dans la faculté de droit, a radicalement changé après le massacre du Hamas du 7 octobre dernier, dans le sud d’Israël, dans lequel 1 200 personnes ont été brutalement assassinées, en grande majorité des civils, et 253 autres kidnappées dans la bande de Gaza, où nombre d’entre eux sont encore détenus, mais pas tous en vie.

Une manifestation « All out for Gaza » à l’Université Columbia, à New York, le 15 novembre 2023. (Crédit : Bryan R. Smith/AFP)

« Il y a eu un manque de compassion et un niveau de cruauté que je n’avais jamais connus. En fait, les gens ont fêté le 7 octobre », a déclaré Legrand.

Elle faisait non seulement référence aux publications sur les réseaux sociaux et manifestations sur le campus, mais aussi aux 20 groupes étudiants de l’Université Columbia qui ont signé une déclaration justifiant le massacre.

Parmi ces groupes figuraient plusieurs organisations officielles de la faculté de droit, comme l’Association des étudiants en droit du Moyen-Orient de la faculté de droit de Columbia, celle pour l’émancipation des femmes de couleur de la faculté de droit de Columbia, les Étudiants en droit de Columbia pour la Palestine, l’Association nationale des juristes de la faculté de droit de Columbia, le collectif pour la justice réparatrice de la faculté de droit de Columbia et enfin l’Association de droit et sciences politiques de Columbia.

Dans cette déclaration, ils avaient déclaré que « les peuples occupés ont le droit de résister à l’occupation de leur terre » et « la responsabilité » de toutes ces victimes « incombe indéniablement au gouvernement extrémiste israélien et aux gouvernements occidentaux, à commencer par le gouvernement américain ».

Aucune des organisations signataires de cette déclaration n’a souhaité faire de commentaires.

La page Internet de la faculté de droit présente l’école comme une « communauté inclusive et engageante » qui invite les étudiants à « s’ouvrir aux points de vue et expériences différents dans un environnement favorable et accueillant », ce qui dénote une certaine hypocrisie, estime Legrand.

« On est au-delà du ‘deux poids, deux mesures’ . Je n’ai jamais vu autant d’hypocrisie : ça me rend folle », conclut Legrand.

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