Israël en guerre - Jour 538

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Les groupes juifs et israéliens touchés par la suspension de l’USAID et du programme des réfugiés

Les répercussions se font sentir dans le monde entier alors que des programmes bénéficiant à des personnes de l'Afrique à Gaza voient leur financement gelé par Donald Trump

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des organisateurs et des agriculteurs conçoivent ensemble un champ solaire dans l'ouest de l'Ouganda dans le cadre d'un projet Gigawatt Global, district de Kyenjojo, Ouganda, 13 avril 2024. (Crédit : Jeje Canutum)
Des organisateurs et des agriculteurs conçoivent ensemble un champ solaire dans l'ouest de l'Ouganda dans le cadre d'un projet Gigawatt Global, district de Kyenjojo, Ouganda, 13 avril 2024. (Crédit : Jeje Canutum)

En janvier, Jerrold Keilson était directeur d’un programme vieux de 10 ans qui a formé plus de 30 000 jeunes Africains dans 49 pays aux affaires, à l’administration publique et à d’autres domaines essentiels.

Ce programme était financé par l’USAID, l’agence des États-Unis pour le développement international, qui soutient l’aide humanitaire, la santé mondiale, le développement socio-économique, la démocratie et l’éducation. En 2023, elle avait distribué près de 43,8 milliards de dollars.

Cependant, le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret gelant le financement de l’USAID, dès son premier jour en fonction, affirmant que ses activités « ne correspondaient pas aux intérêts américains ». Peu après, USAID a licencié la majorité de ses 10 000 employés.

Lundi, le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé que 5 200 des 6 200 programmes de l’USAID avaient été supprimés. Les programmes restants seront transférés au département d’État.

Dans un contexte juridique complexe, un juge fédéral a autorisé l’administration à licencier ou à suspendre les employés de l’USAID, tandis qu’un autre a ordonné au gouvernement de payer près de 2 milliards de dollars de frais impayés pour des travaux humanitaires. La Cour suprême a confirmé cette dernière décision la semaine dernière, sans fixer de calendrier précis.

Membre d’Olam, une organisation faîtière regroupant des ONG et des organisations juives impliquées dans l’aide au développement à l’étranger, Keilson fait partie des nombreuses victimes du démantèlement de l’USAID.

« Lorsque le gel a été annoncé [le 20 janvier], nous avions 40 employés répartis dans une demi-douzaine de pays, principalement au Kenya, mais sans plus aucun fonds », a-t-il confié au Times of Israel depuis son domicile dans le Maryland. « Nous avons dû commencer à les licencier. Toutes les activités de formation et de révision des programmes ont cessé immédiatement. Je me suis retrouvé sans emploi. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun travail. Je passe mes journées à regarder de vieilles photos de famille. »

Travaillant depuis 40 ans dans le développement international et l’enseignement de ce domaine, Keilson affirme qu’il peut encore faire face à la situation, mais que son cœur se brise pour ses jeunes collègues en plein essor professionnel ainsi que pour ceux qui dépendent de l’aide humanitaire pour survivre.

Jerrold Kielson avec sa petite-fille sur une photo non datée. (Crédit : autorisation)

« L’USAID n’était peut-être pas parfaite, mais arrêter un programme sans envisager ce qui viendra ensuite est d’une cruauté extrême », a-t-il déclaré.

En Israël, un porte-parole de la plus grande ONG humanitaire du pays, IsraAID, a confirmé qu’un projet au Vanuatu avait été suspendu à cause du gel du financement.

« Nous ne savons pas encore quelles seront les conséquences à long terme des changements de l’USAID sur l’ensemble du secteur humanitaire et du développement, ni ce que cela signifiera pour nous – et, plus important encore, pour les communautés en crise que nous aidons. »

Menacé par les coupes budgétaires de l’USAID : Un programme de Fair Planet près de Kigali, au Rwanda, où les agriculteurs reçoivent des semences de haute qualité et apprennent à les utiliser, 2 février 2025. (Crédit : Fair Planet)

Alon Haberfeld, directeur des opérations et de la technologie de Fair Planet, un projet israélien de semences agricoles reconnu à l’international, a déclaré que l’USAID avait suspendu une subvention de 400 000 dollars, principal soutien d’un programme au Rwanda. Sans renouvellement, cette suspension pourrait entraîner la fin du projet.

De son côté, Yosef (Yossi) Abramowitz, président-directeur général de Gigawatt Global, une entreprise fournissant de l’énergie solaire aux pays du Sud, a indiqué que son entreprise avait déjà investi 1,5 million de dollars et attendait 2 millions de dollars supplémentaires de l’USAID pour finaliser le financement du développement d’un projet d’énergie solaire dans l’ouest de l’Ouganda.

Depuis deux ans, Gigawatt Global collabore avec deux ONG ougandaises, l’ONG israélienne Cultivaid et l’USAID sur ce projet, qui, selon Abramowitz, doit permettre de sortir les agricultrices de la pauvreté en réduisant leur dépendance aux intermédiaires et en leur donnant la capacité de stocker, transformer et commercialiser elles-mêmes leurs produits.

L’initiative devait recevoir 2 millions de dollars via Power Africa, une initiative de l’USAID, pour financer les études techniques. L’hypothèse initiale était que l’US International Development Finance Corporation, également suspendue, couvrirait 70 % du financement nécessaire pour permettre à Gigawatt Global et ses partenaires de boucler le reste.

L’équipe cherche désormais d’autres sources de financement.

En Israël, les conséquences des coupes budgétaires de l’USAID suscitent également des préoccupations. Début mars, un responsable israélien a exprimé son inquiétude quant au fait que ces coupes de l’USAID pourraient affecter les programmes à Gaza, en Cisjordanie et au-delà, qui jouent un rôle clé pour la sécurité et l’économie du pays. Le COGAT, l’organisme militaire israélien chargé de coordonner l’aide humanitaire à Gaza, craint que l’arrêt du financement ne déclenche une crise humanitaire si la guerre contre le Hamas reprend, d’autant plus que la Knesset a restreint les opérations de l’UNRWA, l’agence des Nations unies dédiée aux réfugiés palestiniens.

Une politique migratoire encore plus restrictive

Le 20 janvier, Trump a non seulement suspendu l’aide étrangère pour 90 jours, mais il a aussi gelé le programme d’admission des réfugiés, empêchant toute prise en charge ou réinstallation. Le 4 mars, il a affirmé devant le Congrès que les réfugiés et demandeurs d’asile étaient « des meurtriers, des trafiquants d’êtres humains, des membres de gangs et d’autres criminels. »

Le mois dernier, la Chambre des représentants a adopté une résolution budgétaire allouant davantage de fonds à la déportation massive, à la détention des immigrants, à la militarisation des frontières et à la séparation des familles.

Mark Hetfield, président de HIAS, s’exprime lors d’un rassemblement devant le tribunal de district des États-Unis après qu’un juge fédéral a bloqué les efforts du président Donald Trump pour arrêter le système d’admission des réfugiés de la nation, le 25 février 2025, à Seattle. (Crédit : Ryan Sun/AP)

HIAS, une organisation fondée à l’origine pour venir en aide aux Juifs fuyant l’Europe de l’Est, a rejoint d’autres associations contestant les restrictions imposées aux réfugiés et demandeurs d’asile.

Présente dans plus de 20 pays, HIAS a aidé à réinstaller 8 300 réfugiés aux États-Unis l’an dernier.

Cependant, les récentes coupes budgétaires ont forcé l’organisation à fermer des programmes desservant 450 000 personnes et à licencier des centaines d’employés. Une porte-parole de HIAS a déclaré au Times of Israel que l’organisation a dû suspendre des programmes essentiels, notamment l’aide aux enfants déplacés et vulnérables, le soutien en santé mentale et psychosocial, les initiatives d’inclusion économique, qui aidaient les réfugiés à reconstruire leur vie, les mesures de protection contre la traite des êtres humains et la violence faite aux femmes et aux filles.

Des enfants s’adonnent à des activités créatives dans un espace sécurisé pour la petite enfance à New York, le 15 janvier 2025. (Crédit : Early Starters International)

Parmi les organisations touchées figure également Early Starters International, cofondée par les éducateurs israéliens Ran Cohen Harounoff et Sarah Wilner. L’organisation offre des environnements d’apprentissage stables aux jeunes enfants en Ukraine, en Israël – après l’attaque du Hamas et l’évacuation des communautés frontalières du sud et du nord le 7 octobre 2023 – ainsi qu’à New York.

Basée à New York, Sarah Wilner supervise quatre espaces éducatifs sécurisés, principalement destinés aux familles de réfugiés et de demandeurs d’asile. Une grande partie du personnel éducatif est elle-même issue de l’immigration forcée.

Selon Wilner, les récentes restrictions visant les réfugiés ont renforcé un climat de peur, rendant les 250 familles – principalement des mères – qui bénéficient de ces espaces encore plus vulnérables. Pour les aider à se protéger, l’organisation leur enseigne leurs droits et les accompagne face aux incertitudes administratives.

« Les enfants sont des enfants, où qu’ils soient », souligne Wilner. « Ce ne sont pas des criminels, juste des êtres humains. »

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