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Les incitations anti-Netanyahu pires que celles contre Rabin, estime Amir Ohana

Le ministre de la Sécurité intérieure a critiqué les manifestants, les qualifiant d'agents d'un chaos visant à semer la panique ; il choisira bientôt un nouveau chef de la police

Le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana pendant une conférence de presse au ministère de la Sécurité intérieure, le 15 juillet 2020 (Capture d'écran/YouTube)
Le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana pendant une conférence de presse au ministère de la Sécurité intérieure, le 15 juillet 2020 (Capture d'écran/YouTube)

Le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana a fustigé, mercredi, les mouvements de protestation massifs qui ont eu lieu mardi contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qualifiant les participants d’anarchistes et affirmant que les incitations à la violence à l’encontre du Premier ministre et de sa famille équivalaient à celles qui avaient été émises à l’égard de feu le Premier ministre Yitzhak Rabin dans la période qui avait précédé son assassinat.

« Ce à quoi nous avons assisté hier, c’est à un spectacle d’anarchie mené par des agents du chaos qui s’efforcent de semer la panique et de pousser les Israéliens au désespoir », a commenté Ohana au cours d’une conférence de presse organisée au sein de son ministère.

Plusieurs milliers de personnes s’étaient réunies mardi soir à Jérusalem, appelant Netanyahu à démissionner suite à sa mise en examen pour corruption. Certains manifestants ont tenté d’ôter les barrières de sécurité qui avaient été installées et ont affronté la police. A la fin du mouvement de protestation, des centaines de personnes se sont rendues en centre-ville et ont bloqué le tramway, ce qui a entraîné de nombreuses arrestations.

Deux individus ont été immédiatement libérés, deux autres sont sortis de détention à la condition de ne plus s’approcher de la résidence du Premier ministre pendant deux semaines et trois personnes ont été assignées à domicile jusqu’à dimanche. La majorité des manifestants arrêtés ont été libérés dans la nuit, après le mouvement de protestation.

La police utilise des canons à eau contre les manifestants pendant un mouvement de protestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux abords de sa résidence officielle de Jérusalem, le 14 juillet 2020 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Certains manifestants ont également été filmés en train de harceler des journalistes venus couvrir le rassemblement. Un homme a ainsi qualifié le journaliste Avishai Ben Haim, qui travaille pour la Treizième chaîne, de « chien de Marocain », ce qui a entraîné une condamnation de la part de Netanyahu lui-même.

La manifestation, à Jérusalem, est entrée dans le cadre du mouvement dit du « drapeau noir » contre la corruption et qui réclame le départ de ses fonctions de Netanyahu.

De nombreuses manifestations de ce type ont eu lieu ces dernières semaines et ces derniers mois, mais celle de mardi soir a été d’une importance sans précédent, avec un nombre inhabituellement élevé de jeunes.

Tamir Hefetz, l’un des organisateurs, a souligné au cours d’un entretien accordé mercredi à la Douzième chaîne que les dirigeants du mouvement s’opposaient avec fermeté aux violences et à la confrontation.

Des manifestants arrêtés au cours d’une manifestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux abords de sa résidence officielle lors d’une audience de placement en détention à la cour des magistrats de Jérusalem, le 15 juillet 2020 (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Protestant contre ce qu’il a décrit comme « l’obsession des médias, qui est de déterminer s’il y a eu de la violence… si un anarchiste a en effet lancé une chaise » suite à la manifestation, il a déclaré que le vrai problème était que « il y a une génération entière de jeunes gens qui grandissent dans ce qui ressemble de plus en plus à un Etat dictatorial, sans avenir, dans un pays où le Premier ministre passe ses journées à s’inquiéter uniquement d’échapper à la justice… et qui adopte des lois anti-démocratiques, qui frappe le système judiciaire israélien. »

« Et ces jeunes hurlent. Je hurle avec eux… Cette manifestation, c’est une manifestation pour préserver la démocratie », a-t-il ajouté.

Hefetz a également noté que les personnes à l’origine des violences étaient majoritairement des « provocateurs » qui avaient infiltré le mouvement de protestation.

Dans ses propos, mercredi, Ohana a également interpellé le député de Yesh Atid Idan Roll, qui a écrit mardi sur Twitter que le gouvernement n’avait pas « la légitimité » nécessaire pour imposer un nouveau confinement visant à entraver l’épidémie de coronavirus et que s’il devait en mettre un en place, les Israéliens ne devaient pas accepter de s’y soumettre.

« Quand un parlementaire qualifie le gouvernement qui a été élu par la majorité ‘d’illégitime’, il appelle à la révolte », a-t-il estimé.

L’avocate Lea Tsemel, à droite, arrive à la cour des magistrats de Jérusalem pour défendre les manifestations arrêtés pendant une manifestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Roll a présenté ses excuses, expliquant que « mon intention a toujours été et est encore de dire que la perte de la confiance publique portée au gouvernement est un réel danger pour la démocratie comme pour sa gestion de la crise du coronavirus. Et, bien entendu, j’appelle le public à obéir aux instructions ».

Ohana a affirmé que les incitations à la violence à l’encontre de Netanyahu « débordaient » et que « les incitations à la violence qui ont précédé l’assassinat de Rabin paraissent bien pâles en comparaison ».

« Il y a des incitations à la violence contre le Premier ministre. Il a été comparé à Louis XVI, qui a été exécuté sur l’échafaud », a continué Ohana.

Répondant au ministre de la Sécurité intérieure, le Centre Yitzhak Rabin a indiqué, dans un communiqué, qu’il « est encourageant de voir que 25 ans après, un éminent ministre reconnaît enfin qu’il y a eu, en effet, des incitations à la violence qui ont entraîné l’assassinat de feu le Premier ministre Rabin ».

« Le centre Rabin condamne toutes les formes de violence et il est convaincu qu’aujourd’hui, le Premier ministre est mieux protégé que ce n’était le cas de Rabin », continue le communiqué.

Yigal Amir lors de la reconstitution de l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin à Tel Aviv. (Bureau de presse du gouvernement)

Ohana, dont le ministère supervise le travail de la police, a également déclaré qu’il révélerait l’identité du prochain numéro un des forces de l’ordre dans les 30 prochains jours.

« Il y a certaines choses à régler dans la police, qui, parfois, utilise la patience là où la force devrait intervenir et la force là où elle devrait user de patience », a-t-il expliqué.

« Nous venons tout juste de commencer le processus de sélection d’un nouveau chef de la police et ce sera long… De tels changements ne vont pas s’effectuer en deux mois », a-t-il continué. « Celui qui m’aidera en me faisant part des bonnes rectifications à entreprendre dans la police deviendra le nouveau commissaire permanent ».

« J’annoncerai mon choix dans les trente jours à partir d’aujourd’hui », a-t-il poursuivi.

Cet engagement de trente jours pris par Ohana semble légèrement optimiste dans la mesure où le processus de nomination a traîné, ces dernières années, et qu’il nécessitera cette fois-ci non seulement l’approbation de Netanyahu, mais aussi celle du ministre de la Défense Benny Gantz.

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