Les indépendants, furieux, découvrent le montant réel de leurs indemnités
Malgré l'approbation de versements à hauteur de 7 500 shekels, un grand nombre touchera moins de 2 000 shekels ; un responsable du Trésor accusé d'être "déconnecté" des souffrances
La colère est montée d’un cran, lundi, alors que des milliers de chefs d’entreprise israéliens ont découvert que les allocations versées aux auto-entrepreneurs durement frappés par le coronavirus pourraient être d’un montant bien inférieur à ce qui avait été initialement promis par le gouvernement.
Les ministres ont approuvé, dimanche, le principe d’indemnités d’un montant pouvant atteindre les 7 500 shekels pour les auto-entrepreneurs, les employés salariés et les chefs d’entreprise. Mais un grand nombre d’entre eux ont appris dans l’intervalle qu’ils recevraient une somme inférieure à 2 000 shekels.
Les montants qui ont été déterminés pour ces allocations se sont basés sur le revenu perçu au cours de la même période, les années précédentes.
Harel Papo, mentaliste, a été averti qu’il toucherait 1 329 shekels, une somme qui sera déposée sur son compte mercredi.
« J’ai signé des contrats : Je devais gagner 500 000 shekels cette année », a-t-il déclaré dimanche soir devant les caméras de la Douzième chaîne. « A la place, j’ai dû annuler toutes mes prestations et de l’argent, il n’y en a pas. Je regarde le site de l’Autorité fiscale et ces gens se moquent de nous ».
Un autre travailleuse indépendante, Tzahi Shtark, a indiqué à la chaîne avoir reçu une notification lui annonçant qu’il toucherait 1 492 shekels, ajoutant que les décisionnaires étaient « complètement déconnectés » de la réalité.
Même sentiment chez Meir Spiegler, Directeur de l’Institut d’assurances national, qui supervise les indemnités chômage et les allocations sociales et qui a fustigé un haut-responsable du ministère des Finances, estimant que ce dernier était « déconnecté » de la situation et insensible aux souffrances économiques des citoyens au quotidien.
Shaul Meridor, à la tête du département chargé du budget au sein du ministère des Finances, avait critiqué le principe des allocations, évoquant une « contre-incitation » à travailler.
S’exprimant au micro de la radio militaire, Spiegler a fait part de son indignation face à ces propos.
« Comment peut-il dire une telle chose ? Il n’a jamais été sans emploi dans
sa vie ? », s’est-il insurgé.
« Sait-il seulement ce que cela représente de se retrouver dans une situation où on est dans l’incapacité de répondre à ses engagements financiers ? Sait-il seulement ce que c’est de toucher un salaire divisé par deux ? », a continué Spiegler, qui a accusé le Trésor d’avoir torpillé de nombreux éléments de l’enveloppe de secours économique.
« D’abord, il devrait sortir de chez lui, observer les choses et en tirer les leçons, et ensuite, il prendra des décisions qui concernent l’autre côté de la barrière – à savoir la population d’Israël et le public », a-t-il poursuivi. « Croyez-moi, les gens veulent travailler ».
Ces paiements sont entrés dans le cadre d’une enveloppe d’aides financières qui a été dévoilée la semaine dernière par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et par le ministre des Finances Israël Katz, dans un contexte de plaintes de nombreux Israéliens qui ont déploré ne pas avoir reçu l’assistance qui avait pourtant été promise par le gouvernement.
Un communiqué conjoint de Netanyahu et de Katz a promis que l’argent serait versé sur les comptes en banque des personnes éligibles dans les prochains jours. Il a également précisé que Katz distribuerait un protocole autorisant le reste de l’enveloppe, qui comprend notamment des paiements bimensuels versés aux entreprises et une extension des conditions d’éligibilité aux indemnités chômage.
« Demain, nous présenterons ce qui reste du plan au gouvernement », a indiqué Netanyahu au début de la réunion du cabinet hebdomadaire, dimanche matin, promettant que l’enveloppe d’aides serait débloquée rapidement par la Knesset.
« Nous pouvons vaincre la crise du coronavirus, ou au moins ramener Israël à une routine à la fois économique et sanitaire qui nous permettra de vivre assez bien au cours de l’année prochaine. C’est l’objectif poursuivi et c’est un premier pas », a-t-il ajouté.
Les propos de Netanyahu ont été tenus après le rassemblement de milliers d’Israéliens à Tel Aviv qui ont dénoncé les politiques économiques gouvernementales mises en oeuvre pendant la pandémie. Le parti Kakhol lavan, partenaire de coalition du Premier ministre, a exprimé son soutien aux manifestants, appelant à la mise en place d’un plan courant au-delà des seuls prochains mois.
Alors qu’Israël est actuellement aux prises avec une recrudescence alarmante du nombre de nouveaux cas de coronavirus, une tendance qui s’affirme depuis quelques semaines, Netanyahu doit faire face à de nombreuses critiques sur la gestion gouvernementale des conséquences économiques de la pandémie. Les sondages révèlent une désapprobation croissante de sa prise en charge de la crise.
Selon un sondage réalisé par la Treizième chaîne et qui a été rendu public dimanche soir, 61 % des Israéliens désapprouvent la gestion globale de la crise de la COVID-19 par Netanyahu et 75 % se disent insatisfaits de la manière dont le gouvernement s’est occupé des conséquences économiques de l’épidémie. 16 % des Israéliens seulement se disent satisfaits de la réponse apportée par le gouvernement.
Dans un contexte de mécontentement croissant, le ministre de la Santé, Yuli Edelstein, a annoncé la semaine dernière qu’il allait désigner « un gestionnaire spécial dans la campagne contre le coronavirus ».
Mais l’ancien général Roni Numa, qui était le principal candidat à ce poste, a déclaré dimanche à Edelstein que cette mission ne l’intéressait pas, a noté la Douzième chaîne.
Selon le site Ynet, l’ex-chef d’Etat-major Gadi Eisenkot serait prêt à assumer cette fonction si on le lui demandait.
« Je suis un soldat. Si on m’appelle, j’irais immédiatement prendre en charge cette épreuve nationale », aurait-il confié à des proches, des propos repris par le site Ynet.
Il y a une colère forte qui s’exprime dans des secteurs variés de l’économie qui estiment que le gouvernement n’a pas suffisamment fait pour les aider à traverser la crise. Certains se sont indignés également d’un détournement présumé des aides financières et des complexités et autres lourdeurs bureaucratiques dans l’obtention de cette assistance.
Le chômage en Israël est à environ 21 % – ou 850 000 personnes – et il augmente, alors que de nouvelles restrictions imposées dans un contexte de nombre record d’infections quotidiennes à la COVID-19 frappe encore davantage l’économie. Le chômage, au paroxysme de la pandémie, a dépassé les 25 %, avec plus d’un million d’Israéliens sans travail.
Le nombre de cas de virus dépasse actuellement les 1 000 par jour. Le bilan des décès enregistrés des suites de la pandémie s’élevait à 362 dans la soirée de dimanche.
- Israël Inside
- Coronavirus
- Crise sanitaire
- Santé
- Entrepreneuriat
- Emploi en Israël
- Économie israélienne
- Benjamin Netanyahu
- Ministère des Finances
- Gouvernement israélien
- Israel Katz
- Kakhol lavan
- Benny Gantz
- Médias israéliens
- Premier ministre israélien
- Autorité fiscale israélienne
- Ministère de la Santé
- Yuli Edelstein
- Gadi Eisenkot