Les ministres autorisent le transfert à la Norvège de fonds revenant à l’AP
Le fait qu'Israël conserve malgré tout le contrôle sur le transfert de ces fonds ne rassure pas certains membres du gouvernement Netanyahu
Le Conseil des ministres a autorisé dimanche le principe du transfert à la Norvège des fonds gelés destinés à l’Autorité palestinienne (AP). Comme résultat de difficiles débats internes et de pressions américaines répétées, les autorités norvégiennes ne transféreront ces fonds à Ramallah que sur autorisation expresse de Jérusalem.
La décision du gouvernement fait suite à l’examen par le Conseil des ministres, jeudi dernier, de la proposition visant à transférer les recettes fiscales – collectées par Israël au nom de l’AP par l’intermédiaire d’un tiers – qui s’est terminée sans vote.
« Les États-Unis et la Norvège respectent la décision des autorités politiques et de sécurité qui ont ordonné l’arrêt du transfert des fonds de Gaza à l’Autorité palestinienne. Par conséquent, ces fonds gelés ne seront pas transférés à l’Autorité palestinienne, mais resteront entre les mains d’un pays tiers », a déclaré le cabinet du Premier ministre par voie de communiqué.
« Les fonds – ou leur contrepartie – ne feront l’objet d’aucun transfert, pas même par l’intermédiaire d’un tiers, sauf à ce que le ministre israélien des Finances en décide autrement. En cas de violation des termes de cet accord, le ministre des Finances sera autorisé à geler sans délais » tous les fonds fiscaux palestiniens, a-t-il poursuivi, ajoutant que Washington se portait garant de la bonne mise en œuvre du plan.
En novembre dernier, le Conseil des ministres avait autorisé le transfert partiel de fonds à l’AP tout en conservant près de la moitié de la somme – qui correspond à ce que l’AP verse à ses employés dans la bande de Gaza –, mais le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, avait refusé de s’exécuter, de crainte que l’argent ne finisse entre les mains du Hamas.
Pour sa part, l’AP a dit refuser de toucher ces fonds, qui s’élèvent à près de 275 millions de shekels chaque mois, tant que les salaires des employés de Gaza ne seront pas inclus. En dépit des pressions répétées des États-Unis pour qu’Israël débloque les fonds, Smotrich s’est montré inflexible.
Selon les termes de l’accord qui vient d’être trouvé, la Norvège ne sera autorisée à débloquer les fonds gelés – qui auraient été utilisés par l’Autorité palestinienne pour payer ses fonctionnaires de Gaza – que sur autorisation expresse d’Israël, Jérusalem ayant la faculté d’interrompre les flux si Oslo prenait de telles mesures.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a réagi en écrivant sur X que le Premier ministre Benjamin Netanyahu « déplaçait sans cesse la ligne rouge. Un jour, on donne du carburant, un autre on renonce à l’aide humanitaire en échange de plus d’aide humanitaire ; la semaine dernière, on a autorisé des camions de farine et aujourd’hui, cette décision qui ne garantit pas que l’argent n’ira pas aux nazis de Gaza. »
Lors de son déplacement en Israël la semaine passée, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a pressé Israël de transférer ces fonds : « Ce sont leurs revenus », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 9 janvier. L’AP « devrait pouvoir les toucher ».
M. Blinken a déclaré que l’AP avait besoin de cet argent pour payer ses employés, dont certains effectuent un travail essentiel en Cisjordanie. Il a notamment évoqué les forces de l’ordre de l’AP, qui, a-t-il dit, tentent de maintenir la paix, la sécurité et la stabilité en Cisjordanie – ce qui est « profondément dans l’intérêt d’Israël ».