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Les « passeports dorés », planche de salut pour des Libanais fortunés

Depuis fin avril, il est impossible pour les Libanais de renouveler leur passeport ou d'en obtenir un, les autorités ayant annoncé avoir cessé d'en imprimer faute de moyens

Jose Charo, responsable du bureau de Beyrouth de la société suisse Passport Legacy, spécialisée dans l'industrie des programmes de résidence et de citoyenneté par investissement, montre l'application de sa société dans une interview à l'AFP dans son bureau de la capitale libanaise, le 12 avril 2022. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)
Jose Charo, responsable du bureau de Beyrouth de la société suisse Passport Legacy, spécialisée dans l'industrie des programmes de résidence et de citoyenneté par investissement, montre l'application de sa société dans une interview à l'AFP dans son bureau de la capitale libanaise, le 12 avril 2022. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)

Pour en finir avec les tracas de visa qui risquent de lui coûter son emploi à Dubaï et le forcer à rentrer dans son Liban natal en pleine crise économique, Jad a déboursé près de 130 000 euros pour deux « passeports dorés » des Caraïbes, l’un pour lui et l’autre pour son épouse.

Un mois après avoir procédé au paiement, il y a un an, cet homme d’affaires de 43 ans a reçu un colis contenant deux passeports des îles de Saint-Christophe et Niévès (ou Saint-Kitts et Nevis), un archipel des Caraïbes situé au nord-ouest de la Guadeloupe.

Parmi 199 pays classés selon la liberté de mouvement offerte par leur passeport, l’index Henley place le passeport de Saint-Christophe et Niévès au 25e rang, alors que celui du Liban figure parmi les plus mal lotis.

Depuis fin avril, il est d’ailleurs impossible pour les Libanais de renouveler leur passeport ou d’en obtenir un, les autorités ayant annoncé avoir cessé d’en imprimer faute de moyens.

Depuis 2019, le Liban traverse une crise économique sans précédent, l’une des pires dans l’histoire du monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. La monnaie nationale a perdu plus de 90 % de sa valeur et environ 80 % de la population libanaise est plongée dans la pauvreté.

Des bus bloquent une route lors d’une grève générale des transports publics et des syndicats pour protester contre la détérioration des conditions économiques et financières du Liban, dans la capitale Beyrouth, le 13 janvier 2022. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla)

« Il y a trois ans, je n’aurais jamais imaginé acheter une nouvelle citoyenneté », explique Jad, affirmant avoir longtemps souffert des procédures de délivrance de visas pour ses voyages d’affaires.

« Mais, maintenant, à cause de la crise au Liban et parce que nous en avons les moyens, nous avons décidé d’aller de l’avant », a-t-il dit.

Le passeport de Saint-Christophe et Niévès permet à son détenteur de se rendre dans plus de 150 pays sans visa.

Pratique controversée

Le programme des « passeports dorés » délivrés à de riches investisseurs étrangers en échange de paiements est une pratique controversée en plein essor dans plusieurs pays, qui a surtout profité à des Russes et Chinois fortunés, mais aussi à de riches Irakiens, Yéménites et Syriens.

Depuis le début de la crise dans leur pays, des Libanais aisés vivant dans des pays du Golfe ou en Afrique, s’y intéressent de plus en plus.

Lorsque Jad s’est rendu pour la première fois à Paris avec son nouveau passeport, des agents de sécurité lui ont dit: « Vous venez d’un beau pays », se rappelle-t-il. « Mais je n’y suis jamais allé », ironise-t-il.

A la différence d’autres programmes de « passeports dorés » en place ailleurs dans le monde, celui de Saint-Christophe et Niévès permet aux investisseurs de devenir citoyens sans devoir y mettre les pieds.

Jose Charo, responsable du bureau de Beyrouth de la société suisse Passport Legacy, spécialisée dans l’industrie des programmes de résidence et de citoyenneté par investissement, montre l’application de sa société dans une interview à l’AFP dans son bureau de la capitale libanaise, le 12 avril 2022. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)

Selon Jad, plusieurs Libanais dans le Golfe cherchent eux aussi à acquérir un passeport des îles, alors que d’autres investissent dans l’immobilier au Portugal et en Grèce pour bénéficier des programmes de « résidence par investissement » (ou « visas dorés »).

« Ce n’est pas seulement une tendance, c’est une solution », dit-il.

En octobre 2021, plusieurs monarchies du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Liban après les propos d’un ministre libanais critiquant l’intervention militaire au Yémen d’une coalition militaire dirigée par Ryad. Des restrictions sur les visas délivrés aux Libanais avaient été imposées.

« Cela m’a fait réfléchir : je ne veux pas risquer mon emploi dans le Golfe », affirme Marielli Bou Harb, homme d’affaires libanais basé à Dubaï.

L’homme de 35 ans a donc acheté des passeports de Saint-Christophe et Niévès pour sa famille de quatre personnes l’an dernier, encouragé par un important rabais offert par les îles, dont l’économie a été ébranlée par la pandémie.

En temps normal, un passeport de Saint-Christophe et Niévès coûte environ 142 000 euros.

Demande croissante

L’intérêt croissant pour les « passeports dorés » représente une aubaine pour les cabinets de conseil au Liban, même si peu de Libanais peuvent se permettre un tel luxe.

Des publicités faisant la promotion de leurs services sont partout: sur les réseaux sociaux, dans les rues, et même à l’aéroport de Beyrouth.

« Nous avons connu une croissance de plus de 40 % entre 2020 et 2021 », a déclaré Ziad Karkaji, fondateur de Global Pass, une ancienne agence immobilière qui s’est reconvertie en cabinet de conseil.

Selon Jose Charo, directeur du bureau de Beyrouth de la compagnie suisse Passport Legacy, les Libanais représentent désormais 25 % de leur clientèle.

Jose Charo, responsable du bureau de Beyrouth de la société suisse Passport Legacy, spécialisée dans l’industrie des programmes de résidence et de citoyenneté par investissement, dans une interview à l’AFP dans son bureau de la capitale libanaise, le 12 avril 2022. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)

Leur nombre a quintuplé depuis la crise économique, mais aussi après l’explosion au port de Beyrouth en août 2020, a déclaré M. Charo.

« L’industrie ne va pas cesser de croître », a-t-il ajouté. Les Libanais « achètent leur liberté. »

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