Israël en guerre - Jour 350

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Les soldats de Tsahal impliqués dans la mort d’Omar Asad ne seront pas poursuivis

Les deux soldats impliqués dans l'abandon de l'Américo-palestinien de 78 ans feront l'objet de mesures disciplinaires, mais pas de poursuites pénales

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Omar Asad. (Autorisation)
Omar Asad. (Autorisation)

L’avocat général des armées a déclaré mardi que des poursuites pénales ne seraient pas engagées contre un officier et un soldat à la suite du décès en 2022 d’un Américain d’origine palestinienne âgé, qui a subi une crise cardiaque après avoir été temporairement ligoté et bâillonné par des soldats, puis abandonné sur un chantier de construction au milieu de l’hiver.

Les soldats avaient arrêté Omar Asad, 78 ans, après qu’il a refusé de s’identifier à un point de contrôle aléatoire installé dans son village de Jiljilya, dans le centre de la Cisjordanie. Ils l’ont bâillonné et lui ont attaché les mains avec des colliers de serrage sur un chantier de construction, dans la nuit presque glaciale de janvier, alors qu’ils continuaient à contrôler d’autres personnes. Lorsqu’ils sont venus le libérer, il ne réagissait pas. Les soldats ont enlevé les liens mais ont laissé Asad sur le sol, inconscient, sur les lieux.

Une enquête de l’armée israélienne sur cet incident survenu le 12 janvier 2022 a qualifié la mort d’Asad de « manquement à l’éthique » de la part des soldats impliqués. Deux officiers subalternes ont été démis de leurs fonctions à la suite de l’incident et le chef de l’unité, le bataillon Netzah Yehuda, a été formellement blâmé.

En novembre 2022, Tsahal a déclaré qu’elle avait convoqué le commandant de la force du poste de contrôle, un lieutenant, et le commandant des soldats qui gardaient les détenus, un sergent, pour une audience au sujet de la mort d’Asad.

Des actes d’accusation ont été envisagés à l’encontre des deux hommes après que des « irrégularités » ont été constatées dans leur conduite. Cependant, Tsahal a déclaré qu’il n’était « pas possible d’établir une corrélation entre ces irrégularités et le décès ». Une source militaire a affirmé que la famille d’Asad n’avait pas coopéré avec l’enquête de Tsahal, refusant notamment de remettre des documents médicaux qui auraient pu prouver une telle corrélation.

Le bureau de l’avocat général des armées a informé les deux hommes, par l’intermédiaire de leurs avocats, qu’ils feraient l’objet de mesures disciplinaires, mais qu’ils ne seraient pas poursuivis au pénal pour cet incident.

« La décision a été prise après un examen des allégations soulevées lors des audiences et un examen approfondi des documents d’enquête, dont il ressort qu’aucune corrélation n’a été trouvée entre les manquements dans la conduite des personnes impliquées et la mort d’Asad », a déclaré Tsahal dans un communiqué.

Les forces israéliennes ont cité l’avis d’un médecin militaire de haut rang, qui a estimé qu’il n’était pas possible d’établir que la mort d’Asad avait été causée par les agissements des forces armées, ou que les troupes auraient dû être au courant de l’état de santé d’Asad pendant sa détention et avant sa libération.

Les États-Unis ont exercé une forte pression sur Israël pour qu’il enquête sur ce décès et traduise les responsables en justice, car Asad possédait également la nationalité américaine.

En octobre 2022, le ministère de la Défense a confirmé qu’il indemniserait la famille d’Asad, acceptant de verser 500 000 shekels en échange de l’abandon d’une action en justice.

Selon l’enquête initiale de Tsahal, Asad a été arrêté par des soldats du bataillon Netzah Yehuda qui ont mis en place un point de contrôle improvisé dans le village de Jiljilya, au centre de la Cisjordanie, où ils ont arrêté des voitures et vérifié les documents d’identité des personnes qui se trouvaient à l’intérieur.

L’enquête a révélé qu’Asad – qui a refusé de s’identifier lorsqu’on le lui a demandé et qui a crié sur les soldats – a été plaqué par les troupes, qui lui ont ensuite attaché les mains avec des colliers de serrage.

Ils l’ont ensuite déplacé vers un chantier de construction voisin, où il a été laissé sur le sol dans la nuit presque glaciale de janvier. Afin de l’empêcher de crier et de parler à d’autres personnes du point de contrôle improvisé, les soldats l’ont également bâillonné en attachant une bande de tissu sur sa bouche pendant un court laps de temps, selon les conclusions de l’enquête.

Des proches palestiniens portent le corps d’Omar Asad, lors de ses funérailles ; Asad a été retrouvé mort après avoir été arrêté et menotté lors d’un raid israélien, dans le village de Jiljilya en Cisjordanie, le 13 janvier 2022. (JAAFAR ASHTIYEH / AFP)

Trois autres Palestiniens ont été conduits dans le même bâtiment. Lorsque les soldats de Netzah Yehuda ont décidé de fermer le poste de contrôle, environ une demi-heure plus tard, ils ont détaché les Palestiniens et les ont laissés partir, selon l’enquête.

À ce moment-là, Asad ne réagissait plus. Les soldats l’ont laissé sur le sol du chantier. Ils ont par la suite déclaré aux enquêteurs militaires qu’ils pensaient qu’il dormait.

Asad, un citoyen américain qui vivait aux États-Unis depuis de nombreuses années, a été retrouvé mort quelques heures plus tard, avec un collier de serrage autour de l’une de ses mains et un bandeau sur les yeux.

L’autopsie pratiquée par l’Autorité palestinienne a révélé qu’il était mort d’une crise cardiaque due au stress, provoquée par le fait d’avoir été plaqué au sol, ligoté et bâillonné. Asad avait déjà subi une opération à cœur ouvert et son état de santé était mauvais, selon sa famille.

Photo d’illustration : les soldats du bataillon Netzah Yehuda sur une base militaire, dans le nord de la vallée du Jourdain. (Crédit : Yaakov Naumi/Flash90)

Les soldats du bataillon Netzah Yehuda, qui, jusqu’en décembre 2022, n’opéraient qu’en Cisjordanie, ont été au centre de plusieurs controverses liées à l’extrémisme de droite et à la violence contre les Palestiniens.

Des membres du bataillon ont été condamnés par le passé pour avoir torturé et maltraité des prisonniers palestiniens.

Les incidents controversés et violents, en particulier la mort d’Asad, ont renforcé les appels à la dissolution du bataillon.

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