« Les Téméraires », une pièce sur le courage de Zola et Méliès durant l’affaire Dreyfus
Alors que la France était divisée sur le sort du capitaine Dreyfus, victime de mensonges de sa hiérarchie militaire, deux hommes dénoncent les mensonges d’État
Charlotte Matzneff, comédienne et metteuse en scène française, est actuellement en tournée avec une pièce, « Les Téméraires – Zola et Méliès au cœur de l’Affaire Dreyfus ! », dont la première a eu lieu en septembre 2023. Elle sera notamment ce jeudi au Wolubilis, dans la banlieue de Bruxelles pour présenter l’histoire d’un scandale antisémite qui a secoué la France à la fin du 19e siècle.
Alfred Dreyfus (1859-1935), officier français d’ascendance juive alsacienne, fut victime d’une erreur judiciaire à l’origine d’une crise politique majeure au début de la IIIe République, « l’affaire Dreyfus », qui divisa l’opinion française en deux clans ennemis.
Condamné à la dégradation et à la déportation à vie, il avait ensuite été gracié et rétabli dans son grade, après la découverte d’un faux qui avait joué un rôle capital dans son arrestation.
Un jeune journaliste hongrois d’origine juive, Theodor Herzl, correspondant de presse à Paris, a suivi de près l’affaire. Il est révolté par l’ampleur des campagnes anti-juives qu’il constate.
Considéré comme le père du sionisme politique, Herzl dira plus tard que l’histoire d’Alfred Dreyfus a motivé son engagement en faveur de la création d’un état juif.
Sur scène, ce sont 7 comédiens qui interprètent 30 personnages et amènent du rire au milieu de la haine.
La défense par l’écrivain Emile Zola du capitaine Alfred Dreyfus est bien connue mais dans « Les téméraires », Julien Delpech et Alexandre Foulon, qui en sont les auteurs, ont choisi de mettre cette histoire en miroir avec celle du film muet que réalisera en 1899 le cinéaste Georges Méliès, dreyfusard convaincu.
Emile Zola « était au sommet de sa gloire, il savait qu’il risquait la prison », rappelle M. Delpech, qui s’est intéressé à la mort de l’auteur par asphyxie, présentée comme accidentelle, même si la thèse de l’assassinat a aussi été évoquée.
De son côté, Georges Méliès s’est engagé, depuis son studio de cinéma, à dénoncer le mensonge d’État qui a fait de Dreyfus un coupable. Deux téméraires, Zola et Méliès, qui armés de leur courage et d’un sens du devoir hors du commun, font éclater la vérité.
La pièce montre notamment la progressive colère de Zola face aux mensonges de l’armée française qui accuse le capitaine d’avoir livré des documents secrets français à l’Empire allemand.
En parallèle, des scènes non dénuées d’humour racontent comment Méliès a monté en 1899 son court-métrage (dix minutes) sur l’affaire, considéré comme le premier film politique de l’histoire du cinéma.