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Les USA s’insurgent contre l’expulsion de Palestiniens du sud des collines d’Hébron

83 députés américains ont écrit à Blinken pour lui demander de s'opposer au projet d'expulsion de 1 300 Palestiniens de Masafer Yatta pour y construire une zone militaire

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des soldats israéliens empêchent des militants pacifistes palestiniens, israéliens et étrangers de déplacer un rocher qui bloque une route passant près de l’implantation de Mezbi yair, à Masafer Yatta, en Cisjordanie, le 13 mai 2022. (Crédit : AP/Nasser Nasser)
Des soldats israéliens empêchent des militants pacifistes palestiniens, israéliens et étrangers de déplacer un rocher qui bloque une route passant près de l’implantation de Mezbi yair, à Masafer Yatta, en Cisjordanie, le 13 mai 2022. (Crédit : AP/Nasser Nasser)

WASHINGTON – L’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield et 83 législateurs démocrates des deux chambres du Congrès ont exprimé jeudi leur inquiétude face aux projets israéliens visant à expulser environ 1 300 Palestiniens des collines du sud d’Hébron, en Cisjordanie, afin de faire place à une zone d’entraînement militaire.

Thomas-Greenfield a soulevé la question dans ses remarques lors de la session mensuelle du Conseil de sécurité sur le conflit israélo-palestinien, tandis que 20 sénateurs et 63 représentants ont écrit une lettre au secrétaire d’État américain Antony Blinken pour lui demander d’intervenir alors que le président américain Joe Biden se prépare à visiter Israël et la Cisjordanie le mois prochain.

Ces décisions ont été prises trois semaines après que la Haute Cour de justice israélienne a autorisé Israël à procéder aux expulsions dans une zone connue sous le nom de Masafer Yatta, où se trouvent au moins huit hameaux bédouins.

Le juge David Mintz a jugé que les pétitionnaires palestiniens n’avaient pas réussi à prouver qu’ils avaient vécu dans les villages en tant que résidents permanents avant que l’armée ne déclare la région zone d’entraînement au début des années 1980.

Les Palestiniens ont soutenu que leur présence dans les villages remontait à plusieurs décennies. L’armée israélienne a en revanche fait valoir qu’ils étaient entrés occasionnellement dans la zone – ce qui signifie qu’ils n’avaient aucun droit sur les terres.

« Il est important de s’abstenir d’actions unilatérales qui exacerbent les tensions et mettent en péril une solution négociée pour deux États. Cela inclut la situation à Masafer Yatta et d’autres expulsions, que nous continuons à suivre de près et face auxquelles nous sommes préoccupés », a déclaré Thomas-Greenfield au Conseil de sécurité, devenant ainsi la première représentante de Biden à prendre position sur les expulsions prévues dans les collines du sud d’Hébron.

Un soldat israélien poursuit un manifestant alors que des militants pacifistes palestiniens, israéliens et étrangers tentent d’ouvrir une route qui passe près de l’avant-poste israélien de Mitzpe Yair à Masafer Yatta, en Cisjordanie, le 13 mai 2022. (Crédit : AP Photo/Nasser Nasser)

L’envoyé spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a également évoqué Masafer Yatta lors de la session du Conseil de sécurité, déclarant : « Je suis profondément préoccupé par les implications potentielles de la décision de la Haute Cour et par le bilan humanitaire pour les communautés en question si les ordres d’expulsion sont exécutés. »

Dans leur lettre à Blinken, dirigée par le sénateur Jeff Merkley et la représentante Melanie Stansbury, les législateurs démocrates ont écrit que « de telles expulsions sapent nos valeurs démocratiques communes, mettent en péril la sécurité d’Israël et méprisent les droits humains et civils des Palestiniens ».

« Nous vous demandons respectueusement de vous entretenir immédiatement avec le gouvernement israélien pour empêcher ces expulsions et d’autres exercices d’entraînement militaire dans la région », ont ajouté les législateurs, affirmant qu’Israël devrait approuver des plans directeurs pour les villages de Masafer Yatta afin que les résidents puissent conserver leurs maisons. « Alors que le président Biden se rendra en Israël à la fin du mois de juin, il est essentiel que l’administration réagisse rapidement pour que ce voyage capital puisse déboucher sur des mesures concrètes en faveur de la paix. »

La lettre a été signée par des dizaines de démocrates progressistes, mais elle a également reçu le soutien de législateurs qui critiquent rarement les actions israéliennes en Cisjordanie, notamment les sénateurs Amy Klobuchar, Dick Durbin et le député Jake Auchincloss.

L’Union européenne a également condamné la décision, déclarant que « l’expansion des implantations, les démolitions et les expulsions sont illégales au regard du droit international ».

Depuis plus de deux décennies, l’armée israélienne, les Palestiniens et les groupes de défense des droits s’opposent sur la légalité de l’expulsion des Palestiniens vivant dans la zone de tir, connue sous le nom de zone 918.

Une fillette porte un drapeau palestinien devant un panneau d’orientation portant la photo de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh, tandis que des militants pacifistes palestiniens, israéliens et étrangers protestent contre les expulsions à Masafer Yatta, en Cisjordanie, le 13 mai 2022. (Crédit : AP Photo/Nasser Nasser)

Les Palestiniens de la zone 918 mènent une vie précaire. La quasi-totalité des constructions étant illégales, les autorités israéliennes détruisent régulièrement des maisons, des câbles électriques et des canalisations destinées à acheminer l’eau vers les villages situés au sommet des collines.

L’armée israélienne a proposé un compromis selon lequel les résidents de Masafer Yatta seraient autorisés à retourner cultiver leur terre et à garder leur bétail pendant les week-ends et les fêtes juives, lorsque l’armée n’effectue pas d’exercices, mais cette proposition a été rejetée par les Palestiniens.

Le juge Mintz a également rejeté l’argument des Palestiniens selon lequel l’expulsion massive violerait une interdiction de transfert de population largement répandue dans le droit international. Le juge Mintz a déclaré que l’interdiction visait à prévenir des atrocités telles qu’un génocide et n’avait donc « rien, absolument rien, à voir avec la question qui nous préoccupe ». Mintz est un résident de l’implantation de Dolev, dans le centre de la Cisjordanie.

L’armée israélienne soutient que la zone de tir est essentielle pour l’entraînement militaire en raison de ses « caractéristiques géographiques distinctives ». En février 2021, des chars israéliens ont traversé plusieurs villages dans le cadre d’un exercice militaire.

Mais des documents d’archives datant des premières années du contrôle israélien en Cisjordanie suggèrent que la motivation pour déclarer des zones de tir locales pourrait avoir été politique plutôt que technique. Lors d’une réunion du Comité gouvernemental sur les implantations en 1981, le futur Premier ministre Ariel Sharon a déclaré à l’époque que les zones de tir dans le sud des collines d’Hébron étaient nécessaires pour garantir que la région reste aux mains des Israéliens.

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