Levin témoigne dans le cadre de l’affaire 2000
Netanyahu aurait été défavorable au projet de loi de 2014 destiné à gêner Israel Hayom, que le Parquet considère comme la contrepartie d’une couverture positive par un journal rival
Le ministre de la Justice Yariv Levin a témoigné, mardi, dans le cadre du procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il a nié avoir eu une réunion avec lui au sujet d’un projet d’accord illicite assorti de contreparties de diverses natures.
C’est dans le cadre de l’affaire 2000 qu’a témoigné Levin, affaire dans laquelle le Premier ministre est accusé de fraude et d’abus de confiance – l’une des trois affaires auxquelles il est confronté.
Le Premier ministre est accusé d’avoir tenté de soutirer des contreparties – notamment une couverture médiatique positive de la part du grand quotidien Yedioth Ahronoth – en échange de dispositions législatives ayant pour effet d’affaiblir le journal rival, à savoir Israel Hayom, surnommé « bibiton » (un mot composé du surnom de Netanyahu « bibi » et du mot « journal » en hébreu, « ïton »).
Levin, qui appartient au parti au pouvoir, le Likud, a déclaré à la barre du tribunal de première instance de Jérusalem que Netanyahu avait toujours été défavorable au projet de loi sur Israel Hayom.
Il a nié avoir eu connaissance de la conclusion, par le Premier ministre, d’un accord avec Arnon Mozes, l’éditeur de Yedioth Ahronoth, lui aussi jugé dans cette affaire et accusé de corruption.
Lors de son témoignage, Levin – qui présidait la commission de la Chambre des représentants de la Knesset au moment des faits – a déclaré que Netanyahu lui avait donné des « instructions claires » pour que le projet de loi ne soit pas adopté.
Le Premier ministre s’est publiquement opposé à ce projet de loi, ayant même expliqué à un moment donné avoir dissous son gouvernement pour s’y opposer.
Levin a indiqué au tribunal qu’à sa connaissance, le projet de loi n’était pas lié à la dissolution de ce gouvernement en 2014.
Le ministre de la Justice a également déclaré à la barre s’être senti menacé lors d’un interrogatoire par la police. « J’ai eu le sentiment qu’ils cherchaient à me forcer à dire des choses qui n’avaient pas eu lieu ou dont je ne me souvenais pas », a-t-il déclaré.
Selon les procureurs, c’est en décembre 2014 que Mozes a proposé à Netanyahu une couverture plus favorable en échange de l’adoption d’un projet de loi obligeant Israel Hayom, journal gratuit à grand tirage, considéré à l’époque comme très favorable à Netanyahu, à abandonner sa gratuité.
« Vous n’ayez pas demandé de pot-de-vin ni posé de condition, mais vous n’avez pas refusé l’offre de Mozes », estime le Parquet dans l’acte d’accusation de Netanyahu. « Bien au contraire, vous avez continué à échanger avec lui sur les composants du pot-de-vin qu’il vous offrait. »
L’État estime qu’à l’issue de la première réunion, au cours de laquelle Mozes et le Premier ministre ont discuté de la contrepartie, Netanyahu s’est entretenu avec Levin et le président de la coalition de l’époque, Zeev Elkin, pour parler du projet de loi.
Levin a nié que cette réunion ait eu lieu. « Aucun souvenir d’une telle réunion », a-t-il témoigné aujourd’hui, indiquent les médias israéliens.
L’actuel ministre de la Justice a convenu que ses alliés politiques et lui-même étaient conscients des échos plutôt négatifs donnés à l’action de Netanyahu dans les colonnes du Yedioth Ahronoth.
« Le Premier ministre pensait que son travail consistait notamment à favoriser la circulation des idées dans la presse », a indiqué Levin. « C’était le programme on ne peut plus clair du parti. »
Levin a confirmé que Mozes avait évoqué le cas d’Israel Hayom lors de réunions, déclarant au tribunal que « c’était vital [pour lui] », et ajoutant que l’éditeur aurait voulu que Netanyahu prenne des mesures au sujet de ce quotidien gratuit.
« Il se disait publiquement qu’Israël Hayom était aux ordres du Premier ministre », a rappelé Levin. « Personnellement, je ne suis pas certain que ce soit vrai, pas plus aujourd’hui qu’au moment des faits. »